Kippour – kappara
Ces deux mots en hébreu ont une relation très étroite avec les fêtes de Tichréi et Yom-Kippour.
Kippour veut dire "expiation" et les mots de la même racine sont, entre autres, le mot Kofer qui veut dire "rachat" / "Contrepartie" / "Rançon", ou alors le mot "Kappara" veut lui aussi dire "expiation".
Le mot Kippour vient du verbe hébreu (à l'infinitif) : Lékhappèr qui veut dire "se repentir".
Kippour que nous appelons couramment le Grand Pardon est donc cette journée pendant laquelle nous demandons pardon et nous nous repentons des fautes que nous avons faites.
Pour se repentir nous jeûnons et nous prions.
Le jeûne, Ta'anith en hébreu, vient du verbe hébreu (à l'infinitif) : Léït'anoth qui veut dire se supplicier, autrement dit : mettre son corps à l’épreuve pour se faire pardonner de ses pêchers.
Cependant, avant le jeûne et la prière, il y a un acte très symbolique qui est celui de faire une offrande pour se faire pardonner. Et cette offrande, c'est le sacrifice d'une poule pour chaque fille ou femme de la famille et d'un coq pour chaque garçon ou chaque homme de la famille, et chaque volaille qui est sacrifiée est une Kappara.
Ainsi, par le sacrifice de ces volailles, les personnes rachètent en quelque sorte leur vie pour l’année à venir, quand cette volaille, qui était la propriété de l'un des membres de la famille, est sacrifiée pour permettre à son propriétaire de continuer à vivre.
C'est ainsi que nous trouvons dans le langage quotidien judéo-arabe de la mère juive tunisienne : "nemchi kobara" qui veut dire "Que je reçoive moi les maux que tu as ou que tu vas avoir", ou en d'autres termes : la mère est prête à subir elle-même les maux qui pourraient toucher son enfant … et … l'essentiel c'est que l'enfant soit sain et sauf et ne subisse aucun mal.
La version hébraïque est "Kappara 'Alékha" ou "Kappara sur toi" qui se réduit très souvent en un mot "Kappara".
Le mot Kappara en hébreu est donc devenu "kobara" en judéo-arabe parce que comme vous le savez, le P n'existant pas en arabe il est remplacé par le B.
Mais il faut rappeler qu'avant d’égorger la volaille, le Choh'ett ou le père de famille récite quelques lignes d'une prière qui dit "Que cette volaille soit ta Kappara et qu'elle te remplace lors du jugement par sa mort".
Ces phrases sont dites en faisant tourner la volaille au-dessus de la tête de son propriétaire qui sera sauvée par la mise à mort de la volaille.
C'est ce qui explique que les mères de familles juives tunisiennes ont deux expressions pour rappeler ce sacrifice, et très souvent, au lieu de dire "Nemchi kobara", elles remplacent cette expression par une autre qui se réfère à l'acte qui précède et disent : "irani-n-dour" qui se traduit littéralement par : "Espérons que je tourne" … comme cette volaille que l'on fait tourner au-dessus de la tête d'une personne pour la sauver d'un mauvais sort.
n.b. : régulièrement ces poulets sont donnés en aumône aux pauvres, mais on peut garder le poulet et le consommer, et en contrepartie on donnera de l'aumône en espèce aux pauvres.
Chana Tova et H'atima Tova
Dr. Victor Hayoun