Le Maroc aspire à ce que l’Histoire de sa communauté juive stimule le tourisme israélien avec la reprise des vols Tel Aviv – Casablanca (Reuters)
Le Maroc espère que l’amélioration de ses relations avec Israël et son histoire juive vieille de plusieurs siècles l’aideront à compenser une partie des pertes du secteur touristique dues à la pandémie de Covid-19 en attirant une vague de visiteurs israéliens lorsque les liaisons aériennes reprennent le mois prochain, a rapporté l’agence de presse britannique Reuters.
Les deux pays ont convenu en décembre de reprendre leurs relations diplomatiques et de relancer les vols directs – dans le cadre d’un accord négocié par les États-Unis qui comprend également la reconnaissance par Washington de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, rappelle, par ailleurs, la même source.
« J’avais assez peur d’y aller auparavant, parce que c’est un pays arabe, même si on m’a dit que les visites là-bas se passaient bien. Maintenant qu’il y a la paix, je pense que je peux y aller sans crainte », a indiqué Rivka Sheetrit, 69 ans, enseignante israélienne à la retraite, qui veut voir où ont vécu ses parents et où ont été enterrés ses ancêtres.
« Quand les vols reprendront, je prévois d’y aller », assure-t-elle.
Le Maroc comptait l’une des communautés juives des plus importantes et des plus prospères d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient pendant des siècles jusqu’à la fondation d’Israël en 1948. Comme les Juifs ont fui ou ont été expulsés de nombreux pays arabes, environ un quart de million ont quitté le Maroc pour Israël entre 1948 et 1964.
Aujourd’hui, il ne reste plus que 3000 juifs au Maroc, tandis que des centaines de milliers d’Israéliens revendiquent une ascendance marocaine.
Plus que d’autres pays de la région où la question est souvent tabou, le Maroc a cherché ces dernières années à reconnaître le rôle juif dans son histoire. En 2010, il a lancé un programme de restauration des synagogues, des cimetières juifs et des sites patrimoniaux, et a rétabli les noms d’origine de certains quartiers juifs.
Bien que le nombre de visiteurs israéliens soit probablement faible par rapport au flux total de touristes d’avant le Covid-19 vers le Maroc, cela pourrait aider un secteur frappé par la pandémie.
La ministre du Tourisme, Nadia Fettah Alaoui, a fait savoir qu’elle attendait 200.000 visiteurs israéliens la première année suivant la reprise des vols directs. Avant la crise sanitaire 13 millions de touristes étrangers visitent annuellement le Maroc. Les revenus du tourisme ont baissé de 53,8% en s’établissant à 36,3 milliards de dirhams (3,8 milliards de dollars) en 2020.
Dans la belle ville portuaire marocaine d’Essaouira, autrefois abritant une grande communauté juive et lieu de plusieurs sanctuaires importants, les entreprises touristiques se préparent à une reprise.
Ayoub Souri, qui a une boutique d’artisanat du bois près d’un musée juif, s’attend à ce que les affaires prospèrent: « Nous avons hâte de recevoir plus de touristes juifs après l’accord de normalisation », a-t-il dit.
OPTIMISTE
Bien qu’un petit nombre de touristes israéliens viennent déjà au Maroc, beaucoup ont été découragés par le manque de vols directs et de relations diplomatiques. Le chef du bureau de liaison israélien à Rabat, qui a rouvert après l’accord, a déclaré qu’il s’attendait à ce que les vols reprennent le mois prochain.
« C’est le facteur principal pour qu’augmentera le nombre de touristes israéliens de manière significative », a souligné le chef de liaison, David Govrin.
L’office marocain de promotion du tourisme a commandé une étude sur l’attraction des touristes d’Israël.
Henri Abizker, leader de la communauté juive et homme d’affaires à Rabat qui possède une agence de voyage spécialisée dans les voyages pour les Israéliens, a indiqué qu’il était encore plus optimiste en s’attendant jusqu’à 400.000 visiteurs.
Le Maroc est attrayant en raison de son histoire juive particulière et en tant que lieu de pèlerinage en attirant un tourisme qui pourrait profiter aux opérateurs spécialisés.
« Les jeunes générations ont tendance à être plus libérales, mais les juifs orthodoxes insistent sur les exigences casher », a-t-il ajouté.
En Israël, Haim Peretz, un Israélien d’origine juive marocaine qui travaille aujourd’hui comme guide touristique, a indiqué que les touristes potentiels attendent surtout des vols directs.
« Nous nous attendons, en principe, à ce que la demande sur la destination Maroc augmente », a-t-il affirmé.
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