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Au fil des jours, par Younes Maamar

Ingénieur, ex DG ONE, ex Banque mondiale.

 

 

Voici une histoire personnelle jamais relatée.
J’étais à NYC quelques semaines après ma nomination par Sa Majesté le Roi à la tête de l’ONE.
J’accompagnais un ami juif marocain à une petite fête, m’avait-il dit. Me voilà arrivant dans une grande réception en l’honneur d’un vieux rabbin qui jouissait de beaucoup de déférence de la part d’une assistance venue pour recevoir sa bénédiction.

Arrivé au niveau de cet homme du Livre, mon ami me présenta. Le vacarme et la surdité de l’âge aidant, le hakham pensait que j’étais un proche de notre Roi, dont je ne suis que le sujet.

Il me dit alors : « Dis au Roi d’avancer et de n’avoir crainte« . Et il poursuivit : « …car le Maroc est un pays de saints« .

Il y a beaucoup de subjectif et d’intime dans cette conviction qui était mienne, inculquée par mon père et que ce vieux sage d’un autre horizon m’a, ce soir-là, rappelée.

C’est pourquoi je pense avec force qu’être en conflit avec tant de pays ne signifie pas nécessairement que nous sommes dans le faux. Certes les manières peuvent être parfois imparfaites mais cela découle, je le sais en mon fort, d’une raison plus profonde.

Telle une jeune plante qui sort d’un sol qui lui résiste, le Maroc émerge. Il crée naturellement un déséquilibre car il aspire à sortir de la case où il a été mis et dans laquelle il s’est assoupi depuis Isly.

Aujourd’hui, il aspire à un rang économique et géopolitique qui lui revient mais qui dérange le modus en place. Lequel, en réaction, lui résiste. Mon pays prend le large quand le voisin de l’Est s’embourbe et ne voit comme diversion pour les siens que la confrontation et la chimère de l’ennemi de l’extérieur : le Maroc. Demain, il sera en banqueroute et nous vivrons au Maroc ce que la Colombie a vécu avec son voisin vénézuélien. Je le dis avec beaucoup de tristesse car je sais, moi, que mon salut ne passe pas par la misère de mon frère. Bien au contraire.

Mon pays prend le large quand les voisins du nord s’étonnent que ne soit gobées leurs postures clairement inamicales et parfois irrespectueuses et se surprennent de notre « dssara ». « Comment osent-ils ? » doivent-ils se dire !

Mon pays prend le large quand nos amis de la péninsule s’acharnent à quémander une allégeance inconditionnelle et capricieuse quand les codes transcendent le palliatif pécuniaire.

Je le clame fort: mon pays, le Maroc, est une vieille nation dans un pays jeune. Et ce jeune pays se meut pour sortir de son costume devenu étroit. C’est notre combat actuel. Il est légitime, mais sera long.

Alors oui, n’aillez crainte. Et avancez. Sire !

ABFAS!!

NOTE: Beaucoup de lecteurs me questionnent sur la référence à Isly. La bataille d’Isly fut perdue contre la France lorsque malgré le tumulte que vivait le Maroc à cette époque, le sultan Mly Abderrahmane mobilisa ses troupes pour répondre à la demande d’aide de l’Emir Abdelkader d’Algérie, lequel ira ensuite demander exil aux Français. Le Maroc a perdu cette guerre menée pour défendre son voisin de l’Est pourtant sous allégeance depuis des siècles à la Sublime Porte qui lui tourna le dos.

C’est suite à cette défaite que les Espagnols ont profité de la faiblesse du Maroc pour envahir Tétouan et poser des conditions onéreuses lors du traité de Wad Ras.

L’Histoire, ce témoin impartial….

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