Débat Zemmour - Mélenchon : immigration, islam... Des échanges tendus, les temps forts
Sans grande surprise, le débat entre le candidat à la présidentielle Jean-Luc Mélenchon et le polémiste Eric Zemmour a été le théâtre d'échanges tendus sur plusieurs sujets. Le résumé
Dès les premières secondes du débat, Jean-Luc Mélenchon a indiqué vouloir éviter une "guerre de coqs", mais dès les premières minutes, c'est le candidat de la France insoumise qui a attaqué Eric Zemmour le qualifiant de "danger pour la France" avec une vision "rabougrie" avant de rappeler sa condamnation pour racisme. Ne se laissant pas faire, le polémiste a immédiatement rétorqué. Vous avez une conception de la démocratie qui n'est pas la mienne. Depuis deux siècles dans votre camp on ne débat pas, on guillotine."
Sur l'insécurité, Eric Zemmour a pointé du doigt le djihad. "Pour moi, la délinquance que nous vivons n'est pas une délinquance, c'est un djihad. C'est une guerre de civilisation qui nous est menée, une guerre de pillages, une guerre de viols, une guerre de meurtres". De son côté, Jean-Luc Mélenchon a profité de cette occasion pour mettre avant plusieurs points de son programme pour la présidentielle 2022. "On a réussi à couper la police de la population. Je veux une police respectueuse des gens" a-t-il lancé. Pendant près d'une heure, les deux candidats se sont écharpés sur cette discussion de l'immigration et de l'insécurité, de nombreuses passes d'armes se sont déroulées avant que le candidat de la France insoumise parle de "Zemmouristan" pour qualifier les propos de son adversaire du soir. "Un pays où les femmes sont rabaissées, où il y a la peine de mort, où les homosexuels sont punis… (...) le Zemmouristan, ça existe " et " ça s'appelle l'Arabie saoudite. Notons qu'à la fin de cette première partie, les deux hommes se sont mis d'accord sur un point, l'Otan. "Je pense que nous devrions sortir de cette alliance militaire pour que la France récupère totalement son indépendance" a lancé Jean-Luc Mélenchon ce que Zemmour a répondu "Je suis tout à fait d'accord avec le début de ce qu'à dit Monsieur Mélenchon. L'Otan aurait dû se dissoudre quand l'URSS a disparu, nous sommes tout à fait d'accord sur ce point.
Sur les autres sujets où Eric Zemmour n'a jamais trop détaillé ses ambitions ni ses convictions, le polémiste a fait valoir ses arguments. Sur la fracture sociale, l'ancien journaliste s'en est pris à l'Etat-providence français, qu'il a qualifié d'" obèse " : " Le modèle social a renoncé à ces deux principes : lier les contributions au travail et nous sommes passés d'un système de répartition à un système d'assistanat. " Il souhaite notamment " réduire les impôts et les charges sociales. Enfin, sur l'environnement, les deux protagonistes n'ont toujours pas trouvé un terrain d'entente. Jean-Luc Mélenchon veut abandonner " le nucléaire dans les prochaines années. Le député des Bouches-du-Rhône souhaite "déployer l'hydroélectrique, redéployer les hydroliennes, l'énergie géothermique et améliorer la sobriété dans la consommation énergétique. Ça va mettre au travail des dizaines de milliers de gens" alors qu'Eric Zemmour ne veut pas abandonner cette énergie nucléaire. "Abandonner le nucléaire, c'est abandonner notre souveraineté nationale" a-t-il lancé évoquant également tout le mal qu'il pense des éoliennes.
Le débat entre les deux hommes intervient alors que les derniers sondages les donnent au coude à coude. La dernière étude Harris Interactive pour Challenges les créditent tous les deux de 11% des intentions de vote. Odoxa donne même ce jeudi 23 septembre Eric Zemmour devant son rival (10% contre 8%). Il est toutefois notable qu'Eric Zemmour bénéficie d'une dynamique certaine dans l'opinion, puisqu'il était donné aux alentours de 5% dans les premiers sondages. Jean-Luc Mélenchon, quant à lui, demeure depuis des mois sur un plateau oscillant entre 8 à 12%. Rappelons que la campagne n'a pas encore vraiment commencé.
Le patron de la France insoumise a tenu à se justifier, le 21 septembre, sur LCI. "Je vis ce débat comme un combat", a-t-il avancé, rappelant qu'il connaît le polémiste depuis des décennies. Les deux hommes ont même par le passé entretenu des relations très cordiales - voire amicales - jusqu'au début des années 2010. Selon Libération, Jean-Luc Mélenchon était même en 2008 à la soirée d'anniversaire d'Eric Zemmour. Pour le patron des Insoumis toutefois, leurs rapports ont radicalement changé il y a des années. "Je l'ai connu brillant commentateur (…) et puis je l'ai vu s'effondrer (…) il a une idée de l'histoire de France qui est sectaire", a ainsi insisté Jean-Luc Mélenchon sur LCI, considérant qu'Eric Zemmour et ses soutiens sont "des gens qui propagent une doctrine qui conduit à la violence".