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Le Droit à la différence. L’universalisme français et les juifs

Une recension de Samuel Lacroix

En France, pour être pleinement citoyens, les individus doivent cantonner leurs particularismes à la sphère privée. Voilà une idée commune du modèle républicain, partagée tant par les pourfendeurs de l’universalisme français que par ses plus ardents promoteurs. Mais cet universalisme est-il foncièrement un assimilationnisme radical ? C’est la question que pose Maurice Samuels, professeur en études françaises à Yale, en démontrant que la lecture de ce modèle est inexacte.

L’universalisme à la française n’a pas toujours été offensivement assimilationniste et n’est pas voué à l’être. Plus exactement, il a pu l’être à certaines périodes et pas à d’autres. Une tension avec un idéal pluraliste a toujours existé dans son déploiement historique. La singularité de ce livre est d’insister sur le fait que ce dialogue renouvelé entre deux tendances de l’universalisme « s’est en grande partie constitué en tant que discours sur les juifs ».

C’est après l’affaire Dreyfus que l’assimilationnisme gagna en puissance. Mais de la Révolution française à la conquête de l’Algérie, des écrits de Zola à ceux de Sartre, le dialogue avec les juifs et la manière de les intégrer à la République n’ont jamais cessé de s’enrichir et de se complexifier.

Loin des jugements à l’emporte-pièce, l’auteur donne à lire nombre de contributions à ce dialogue, en cherchant à voir comment ces aménagements furent reçus dans la société française. Un appel à une prise de recul bienvenue au moment où ces débats reprennent de plus belle au sujet des musulmans, appelés à devenir la « nouvelle minorité paradigmatique » de France.

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