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La grillade sur le grill. Par Jonathan Aickenbaum

Nous traversons, en Israël, une période de l’année empreinte de réjouissances, de commémorations et de solennité. Depuis Pessa’h, le 15 du mois de Nissan, jusqu’au Jour de l’Indépendance, Yom HaAtsmaout, en passant par les deux célébrations de Yom HaShoah et de Yom HaZikaron, sur fond de couleurs printanières chatoyantes, nos sens sont en éveil permanent et tout le spectre des émotions est mobilisé pour, en fin de compte, célébrer la vie.

C’est alors qu’une odeur bien connue vient nous titiller les papilles gustatives, attirant la plupart d’entre nous comme des papillons vers la lumière. Les grillades sont au menu, depuis la semaine de Pessa’h jusqu’à Yom HaAtsmaout où elles passent désormais pour un sport national bien que non homologué. Ceux qui le pratiquent – amateurs mais pas néophytes – sont reconnaissables à un geste rapide et régulier de la main, destiné à maintenir la chaleur du barbecue.

Il existe peu de sujets aussi brûlants que ce morceau de viande qui grille sur le barbecue et c’est bien avec des pincettes qu’il va falloir s’en saisir. Pourtant, la consommation abusive de viande est à l’origine d’une longue liste de maux environnementaux et sanitaires : résistance aux antibiotiques et maladies cardiovasculaires d’une part, consommation d’eau, accaparement des sols agricoles et émissions de quelque 15 % des gaz à effet de serre de l’autre.

Vous ne vous y êtes pas trompés, en Israël, le barbecue n’est pas un sport national pour rien : l’État Hébreu est en tête de la consommation de volaille par habitant et numéro quatre pour sa consommation de bœuf. Disons-le très clairement tout de suite : dans les conditions actuelles d’élevage, une approche de développement durable exige des Israéliens une baisse de cette consommation d’environ 80 %.

En quoi la viande israélienne est-elle un problème pour la planète ? Nous allons l’expliquer avec le bœuf, qui était une vache très paisible avant de devenir, cuite, la bête noire des écologistes.

En Israël, plus de 60 % de la viande de bœuf provient d’Amérique du Sud, où notre petit pays représente une belle part du marché des exportations de viande : plus de 5 % des exportations d’Argentine, 1,5 % du Brésil (en 2018), et des pourcentages également importants pour le Paraguay et l’Uruguay.

Les vaches qui finissent dans nos assiettes sont élevées d’une façon désastreuse pour la planète. Des fermiers, encouragés au Brésil par un président Bolsonaro très peu regardant sur la protection des forêts, mettent le feu à l’Amazonie ou au Pantanal, détruisant l’épaisse forêt tropicale pour une savane ô combien pauvre, mais riche en fourrages pour ces vaches qui sont dispersées à raison de dix par kilomètre carré. Au total, ce sont quelque 10 000 km2 qui chaque année disparaissent rien qu’en Amazonie au profit de l’élevage bovin. Ainsi, l’un des grands poumons de la planète laisse rapidement place à une savane, et la déforestation à tout-va va provoquer des changements climatiques importants à l’échelle de ce sous-continent.

Un rapport du Groupe international sur l’évolution du climat (GIEC), estime que notre alimentation est responsable de 23 à 37 % des émissions de gaz à effet de serre qui dérèglent le climat. Alors, à l’heure du dérèglement climatique, ce qui, en Israël, doit devenir le sport national, ce n’est pas le barbecue, c’est le végétal.

Concrètement, pour faire une belle place au végétal et diminuer sa consommation de viande, il est indispensable de suivre quelques règles clés.

La première, c’est de décider que son alimentation doit être agréable, variée, saine et éthique. On ne change pas pour souffrir.

La deuxième, c’est d’expérimenter et de découvrir de nouvelles saveurs, notamment dans les menus végans.

La troisième c’est de ne pas poser de principe. La culture du végétal n’implique pas le véganisme.

Jonathan Aickenbaum est le directeur de Greenpeace Israël.

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