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Le lys et l’érable, par David Bensoussan

 

À propos du débat linguistique au Québec

La langue de la raison habille celle du cœur
Qui a ses raisons voilées de langueur
Ainsi parlait le vénérable sachem.
Au personnes réunies autour du totem
Curieuses de savoir pourquoi la langue
D’autant de débats faisait la gangue.

Nous étions onze nations dans notre contrée
Que deux autres monarchies vinrent adopter.
Nous ne comptions pas nos diversifiés idiomes
À l’arrivée des Européens des lointains royaumes.
Keep Watching

Il y avait les Atikamekw et les Abénakis
Les Algonquins, les Naskapis et les Cris
Les Hurons, les Inuits et les Mohawks
Les Malécites, les Attikamecs et les MicMacs

Qui pour dire bonjour point ne s’offusquaient
D’entendre dire Waajiiye, Sekoh, Ullakit ou Kwai
Mais les nouveaux venus sacrèrent tout un cléricat
Pour gérer la langue dont ils firent grand cas

Le Canada adopta l’érable comme emblème
Et le Québec du lys fit son Jérusalem;
Le salut se dit bonjour Hi ou Hi bonjour
Car on s’y dispute et la bouture et le tour

C’est ainsi que vivent les citoyens
Qui ont désigné des gardiens
Afin de protéger sur le qui-vive
Du franc langage la beauté expressive

Ainsi préluda le grand sachem

Dans notre magnifique contrée
Peuplée d’érables en quantité
De l’avenir de leur parler
S’inquiétaient les lettrés.

La toute nouvelle arborescence
Alentour fructifiait sa présence.
Ainsi se dessinait la tendance
Acceptée dans l’insouciance.

Or, au sein de la futaie prospérait
Avec un manifeste succès
Le lys chéri des abeilles
Venues des pays du soleil

Le lys craignait pour sa blancheur
En présence de l’érable tombeur
Dont les racines profondes
Lovaient ses beautés girondes

Tout comme on le ferait pour le futé Goupil,
Pour protéger son fief le lys chercha-t-il
À y ployer son bocage érablier
Et ses propres graines déployer

Le bosquet d’érables au sein du parc de lys
Se voyait acculé par une telle éclisse
Soutenu par ses compères dans la vaste contrée
Qui pour autant du lys le bien-être assuraient.

Or, les étendues liliales allaient s’amenuisant
Et la personnalité du Québec allait en s’étiolant
Elles qui des rois de France ornaient les oripeaux
Et du temple de Salomon coiffaient les chapiteaux !

De graminées les nouveaux venus nuançaient
les parterres de lys qu’ils enguirlandaient.
Faute de leur faire de la place
La floraison faisait du surplace.

Au nom du français clamaient ses paladins
Chacun dit-on doit cultiver son jardin
Quitte à préserver par des clôtures
L’expression, l’écriture et la culture.

Du lys royal d’autres refusaient de se suffire
Et souhaitaient voir onduler au zéphyr
L’éventail du lys martagon et du lys des Incas
Puis de celui de la Madone accueillir la baraka

D’autres dans la contrée désiraient et le lys et l’érable
Trouvant cette harmonie combien plus attrayable
Foisonnant, agrémentant et enjolivant à souhait
Les teintes de la palette et le drapé du chevalet

Ne sommes-nous pas conifères et feuillus
Dans la belle nature si bien entendus,
Chênes, bouleaux, peupliers et épinettes
Ormes, mélèzes, hêtres, pins et sapinettes ?

La rose joliment croît au milieu des épinaies
Et si le lys et l’érable nos jardins contenaient
Et nous prodiguaient senteur et saveur
Nous en bénéficierions tous la faveur

Plutôt qu’à vouloir le parler astreindre
Bien vaut mieux le prochain adjoindre
Pour se rallier l’un l’autre et s’apprécier
Et par le dialogue enfin se prononcer

Pour s’épanouir dans l’avenir
Et à notre partenaire s’ouvrir
Pour voir enfin les sourires fleurir
Et les émotions dans le bonheur mûrir.

De la nostalgie la musique est un grand art
Pareil à l’unisson inspiré par Léonard
Rejoignons celle de l’amour avec maestria
Et chantons tous en chœur Allelouya…

Ainsi s’exprima le grand sachem.

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