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Antisémitisme - Des ados témoignent

Par Alexandra Da Rocha

Depuis l’attaque du Hamas contre Israël, le 7 octobre, et la riposte de l’État juif dans la bande de Gaza, les propos et actes antisémites ont explosé en France, comme nous te l’expliquons dans le MDA 530. Pour comprendre ce que cela signifie au quotidien, voici d’autres témoignages d’ados.

Noa, 17 ans : « Au lycée, on ne me dit plus bonjour »

« Au lycée, je n’ai pas peur, même si certaines personnes ne me disent plus bonjour. En revanche, quand je suis dans les transports en commun, je fais attention à l’utilisation de mon portable. Par exemple, je me cache quand je vais sur Instagram, car il peut y avoir des drapeaux d’Israël. Mes parents sont très inquiets, ils me disent d’être vigilante, de ne pas ouvrir si quelqu’un sonne pour livrer un colis par exemple. Notre nom de famille est juif, et ma grand-mère a retiré l’étiquette de sa boîte aux lettres. »

Yoav, 16 ans : « Le risque, c’est de tomber sur quelqu’un de violent »

« Avec mon prénom, à l’école, tout le monde sait que je suis juif. Et ça ne pose pas de problèmes. Après les attaques du 7 octobre, j’ai enlevé mon étoile de David du tour de mon cou, et puis je l’ai remise parce que ça m’ennuyait. Dans mon quartier, je crois que je suis en sécurité. Mais dès que  je prends le métro, je la cache. Parfois, j’oublie de la cacher, et certaines personnes me regardent bizarrement. Je n’ai pas peur car il ne m’est encore rien arrivé, mais il y a toujours le risque de tomber sur quelqu’un d’ignorant et de violent. On me dit : « Regarde ce que fait ton pays. » Moi j’essaie d’informer, d’expliquer le conflit… »

Salomé, 15 ans : «  Je ne cache pas mon étoile de David »

« Je suis dans un établissement juif depuis cette année et on se faisait déjà racketter par les élèves du lycée public voisin. Depuis, le 7 octobre, mes parents sont encore plus stressés qu’avant. Ils disent à mon frère de ne plus porter sa kippa en sortant de l’école. Ce qu’il fait et il a aussi changé de prénom sur les applis Uber. Moi, ils m’ont dit de retirer mon étoile de David ou de la cacher. Ça me révolte. Je ne vois pas pourquoi je devrais cacher que je suis juive. Du coup, je ne cache pas mon étoile, même si je sais que je prends des risques. »

Hannah, 15 ans : «  Les commentaires sur les réseaux sont horribles »

« Dans mon école, il n’y a pas de vrai danger même si certaines personnes ont changé et montrent leur vrai visage. J’ai une amie proche qui a été insultée par un de ses meilleurs amis à cause de la guerre en Israël. C’est choquant. Mes parents me disent de faire attention, de ne pas montrer que je suis juive. C’est désagréable de savoir qu’on court un danger. Et puis les commentaires sur les réseaux sociaux, c’est horrible : les juifs en prennent plein la figure. »

Eden, 14 ans : « Avec une bonne amie, on est en froid »

«  Mon père n’est pas juif, mais ma mère, si. Depuis le 7 octobre, elle m’a interdit d’aller rue des Rosiers à Paris, car il y a plein de commerces juifs, et place de la République d’où sont parties la plupart des manifestations pro-palestiniennes. Sinon, je suis dans un collège catholique et ça se passe bien. À part que je me suis disputée avec une bonne amie qui disait qu’Israël était l’agresseur et pas l’agressé. Depuis, il y a un gros froid entre nous. »