Contre l’antisémitisme, la Licra dévoile sa nouvelle campagne
Ce 14 juillet, jour de fête nationale, un spot visant à alerter sur l’augmentation des actes antisémites en France sera diffusé juste avant la finale de l’Euro 2024. À l’origine de cette initiative, la rencontre entre l’animateur Arthur et Maurice Lévy, président d’honneur de Publicis Groupe.
Par Christine Mateus
Le 14 juillet 2024 à 07h00
« Enlevez-moi le Cohen », enjoint une mère à ses enfants qui s’apprêtent à remplir un formulaire. Leur nom sera désormais « Dubois » sur les plates-formes de livraison. Plus loin, le père fait retirer la mézouza apposée au chambranle de l’entrée. Cet objet du culte juif est censé protéger les habitants de la demeure, qu’ils se trouvent à l’intérieur ou à l’extérieur. Ce n’est plus le cas. À la boucherie casher, nous retrouvons cette famille en train de transvaser les produits achetés dans un sac neutre, laissant de côté celui de l’établissement siglé de l’étoile de David…
En une minute, la nouvelle campagne de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) plonge les spectateurs dans le quotidien d’une famille de confession juive, obligée de s’invisibiliser depuis le 7 octobre, face à la montée des actes et des propos antisémites sur le territoire.
Ce n’est pas un hasard si le film est projeté pour la première fois ce dimanche, jour de fête nationale. Diffusé juste avant la finale de l’Euro 2024 sur M6, son objectif est de « faire vivre le sens du mot fraternité et de réveiller la majorité silencieuse qui croit encore à l’universalisme », expliquait vendredi Mario Stasi, président de la Licra, lors de la présentation de la campagne à Paris.
Il insiste : « Ce film n’est pas l’affaire des juifs, c’est l’affaire de la République. » À l’origine de cette initiative, une rencontre : celle de l’animateur-producteur télé Arthur avec Maurice Lévy, président d’honneur de Publicis Groupe. « Actuellement, les juifs sont dans une grande solitude. Même si nous n’avons pas la prétention d’éradiquer l’antisémitisme avec cette campagne, il fallait faire quelque chose. Avec Arthur, nous nous sommes retrouvés avec cette envie commune », rapporte Maurice Lévy. S’en est suivie une prise de contact avec la Licra, qui a terminé de consolider ce partenariat.
Financée par des dons de personnalités, la campagne a été montée, organisée et tournée en un temps record. Mais pas sans difficultés. « Cela ne m’était jamais arrivé », s’étonne douloureusement la réalisatrice, Katia Lewkowicz (production Grand Bazar), avec les agences Marcel et Blue 449. « J’ai eu beaucoup de mal à trouver des décors, comme celui de la boucherie casher par exemple. Les gens craignaient des représailles. Beaucoup d’acteurs se sont défilés aussi. Personne ne venait au casting ! » énumère-t-elle.
Malgré tous ces obstacles, le film intitulé « Retrouvons notre fraternité » est bel et bien là. « Lorsque nous avons vu le résultat, nous avons tous fini en larmes car nous avons tous vécu au moins une de ces scènes, témoigne Arthur. Plus un seul juif en France ne commande un Deliveroo ou réserve un taxi sans changer son nom », appuie l’animateur vedette, qui vit désormais sous protection policière. La campagne, promise « pour durer des années », selon Mario Stasi, sera également largement diffusée sur les réseaux sociaux. « Si vous voulez tout savoir de l’antisémitisme, il suffira de lire les commentaires sous la vidéo, lorsque je la posterai dimanche », anticipe, déjà, Arthur.