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Maroc: les islamistes en vue des élections

Dans la foulée du triomphe du parti Ennahda en Tunisie, le Maroc entre à son tour en période électorale avec, selon les observateurs, une possible "poussée des islamistes" à l'image de leurs coreligionnaires maghrébins.
Mais, à l'opposé de la Tunisie, un fort risque d'abstention pèse au Maroc sur les législatives du 25 novembre, à l'instar des précédentes consultations.
Au lendemain du référendum constitutionnel de juillet, "le pouvoir a parié sur des élections anticipées pour absorber la contestation et la pression constante de la rue", a indiqué à l'AFP le politologue Mohamed Madani.
Initiée par le roi en mars, la nouvelle constitution --qui entendait amortir l'onde de choc du Printemps arabe --va dans le sens d'un renforcement des institutions en préservant la prééminence de la monarchie.
Mais à moins d'un mois du scrutin, les principaux partis politiques qui présentent des programmes semblables sur la pauvreté, le chômage et l'illettrisme notamment, peinent à mobiliser, augurant mal des espoirs de réformes annoncées par le roi dans le tumulte de la contestation de la rue, menée par le Mouvement du 20 février.
Celui-ci revendique plus de justice sociale, l'éradication de la corruption qui mine le système, voire l'instauration d'une monarchie parlementaire à l'image de l'Espagne voisine.
Or le Mouvement du 20 février, qui semble avoir perdu de son élan initial, a appelé au boycott des élections. Groupement hybride, il est composé de jeunes cyber-militants indépendants, d'islamistes du Mouvement Justice et bienfaisance, une puissante association interdite mais tolérée par les autorités, et de militants de la gauche radicale.
"La participation est le plus grand enjeu et c'est aussi la plus grande inquiétude au sein de notre parti. Il ne peut y avoir de changement et de renouvellement des élites que s'il y a une bonne participation", souligne Hassan Tariq, membre dirigeant de l'Union socialiste des forces populaires (UFSP, coalition gouvernementale).
"Les partis n'ont pas su établir un discours capable d'attirer et de séduire les électeurs", ajoute M. Tariq.
"La vieille garde veut imposer sa propre élite, ce qui empêche l'émergence d'une nouvelle génération", s'indigne pour sa part Abdelwahad Driouche, membre du Bureau politique du Mouvement populaire (MP, coalition gouvernementale). "La conséquence, selon lui, est que les jeunes boudent les partis".
Dans ce contexte, les élections risquent de connaître une "poussée" du parti islamiste Justice et développement (PJD) qui est, avec ses 47 députés, la formation la plus représentée au parlement après l'Istiqlal, le parti du Premier ministre .
"Nous sommes prêts à assumer la responsabilité gouvernementale", a récemment déclaré Abdelilah Benkirane, dirigeant du PJD qui a promis notamment une hausse de moitié du salaire minimum, et une croissance de 7%. Des chiffres qualifiés d'"irréalistes" et de "populistes" par de nombreux économistes.
Le parallèle avec la Tunisie où le parti islamiste Ennahda vient de remporter les élections est souvent cité par les observateurs au Maroc, qui considèrent le PJD comme "l'un des favoris" du prochain scrutin.
"Il faut être prudent: le PJD est certes l'un des grands favoris, mais il n'est pas le favori. Si le parallèle avec la Tunisie est intéressant, les deux contextes sont bien différents", nuance le politologue Mohamed Darif.
"Si Justice et bienfaisance avait appelé à voter pour le PJD, celui-ci aurait eu beaucoup de chance de l'emporter haut la main. Or, il appelle au boycott et généralement, ses militants sont disciplinés", ajoute-t-il.
Pour sa part, l'historien Mâati Monjib souligne que la présence islamiste au Maghreb ne date pas d'aujourd'hui: "Oui, il y a un effet Tunisie, mais il ne faut pas oublier que les islamistes sont politiquement présents au Maghreb depuis près de 15 ans. La démocratie tunisienne naissante n'a fait que concrétiser une réalité qui était déjà connue".

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