Mais qui sont donc ces Evangéliques ?
L’évangélisme est la seule sous-confession chrétienne en expansion dans le monde. Au détriment des traditionnelles, comme les catholiques. Que faut-il en penser ?
Tout d’abord qu’il est très difficile de parler des évangéliques tant ils sont divers dans le fond et la forme. Il n’y va pas d’une appellation contrôlée, tout un chacun peut s’en prévaloir ce qui entraîne des dérives théologiques de toutes sortes.
On trouve, aux États-Unis, mais en Europe aussi, de grandes communautés rassemblées dans des « méga church » , et puis, de plus petites autour d’un pasteur plus ou moins charismatique.
L’évangélisme se présente comme un anti-intellectualisme. Mais si Jésus s’en prenait aux docteurs de la Loi et aux Pharisiens, il était lui-même un « rabbi » ou supposé tel ; sa critique visait la mise en exergue de la lettre et la dépréciation de l'esprit du message biblique.
Chez les évangéliques, la lettre écrite de la Bible est la Loi, toute exégèse est suspecte a-priori, toute interprétation entachée d’hérésie.
Les Évangéliques font du christianisme ce qu'il n'est pas : une religion du Livre à l'instar des juifs et des musulmans, alors que le christianisme est avant tout la religion de la Parole (Logos en grec, Verbum en latin), cette Parole (ou ce Verbe) qui s'est faite chair !
Les Évangéliques, aux États-Unis, et dans une mesure moindre en Europe, affichent des attitudes figées qui conduisent à une morale purement sexuelle et à ce qu'ils appellent une « théologie de la gloire », c'est-à-dire une justification de la richesse matérielle et du capitalisme considérés comme « don de Dieu » à ceux qui suivent Ses préceptes. Une grande majorité d'entre eux approuve sans réserves les politiques qui ont mené à la guerre en Afghanistan et en Irak. Tous considèrent la manière de vivre américaine (american way of life) comme un modèle à propager et à défendre. Ils pensent tous que l'islam est un danger contre lequel il faut recourir, s'il le faut, à une dhijad inversée.
En France cependant, la majorité des églises évangéliques ne se retrouvent pas dans cette mouvance extrémiste. La plupart de leurs pasteurs condamne les guerres menée par les « Frères » américain. Ils rejettent comme infondée et fantasmagorique la croyance des églises américaines pour qui le retour de tous les juifs en Israël aurait comme conséquence la conversion de ces derniers au christianisme, le retour du Christ en Parousie et la fin des temps...
Sur le plan théologique, ils reviennent tous, parfois sans le savoir, au dogme de la prédestination que les églises protestantes ont rejeté depuis longtemps. D’où leur élitisme exacerbé. Il y a eux, les sauvés, et les autres, ceux qui sont aux portes de l’enfer. Cette croyance névrotique les amène à un prosélytisme musclé du type : « convertissez-vous, les temps sont proches où vous ne pourrez plus le faire ! »
Névropathes dans la croyance, paranoïaques dans le comportement, les évangéliques, comme toutes les minorités qui se croient élues, voient dans le contradicteur un ennemi qu’il convient de réduire au silence.
Bien entendu, on ne peut se prévaloir de l’évangélisme et n’être qu’un évangélique « croyant mais pas pratiquant ». Le militantisme musclé des évangéliques n’a de commune mesure qu’avec celui des sectes. On est évangélique à temps complet. On se doit à son église, laquelle se doit au Christ.
Que conclure de tout ça ?
L’évangélisme est un mouvement puissant et seul l’avenir nous dira s’il s’agit d’un feu de paille ou d’une lame de fond. Qu’il menace, en Amérique latine, le catholicisme est préoccupant pour ses zélateurs et n’est pas fait pour apporter une réponse juste aux problèmes qui se posent à ce continent.
La vraie question est cependant la suivante : est-il bon que l’expression religieuse soit monopolisée par des groupes qui récusent toute pensée critique de la foi, qui adulent l’expression écrite stricto sensu et réduisent la morale à une discipline sexuelle ?
La complexité des problèmes qui agitent le monde et ceux qui y habitent est telle que la réponse est : non !