Un peu plus d’un mois après le concert de Hindi Zahra en Israël dont la première partie fut assurée par une chanteuse israélienne Riff Cohen, la polémique colle à la peau de la chanteuse marocaine. En ce moment au Maroc pour deux concerts, les défenseurs de la cause palestinienne continuent d’appeler au boycott des concerts de l’artiste.
« Back to Bled », c’est avec ce court message que Hindi Zahra informait fin novembre dernier ses fans de son escale au Maroc sur sa page Facebook. Dans la foulée de sa tournée internationale, la chanteuse s’est arrêtée sur sa terre natale pour offrir au public marocain deux concerts : l’un était hier soir au Mégarama de Casablanca et ce soir un autre est prévu au théâtre National Mohamed V à Rabat.
« Non à la normalisation ! »
C’est avec surprise que les fans casablancais de la chanteuse, venus assister nombreux au concert de la chanteuse hier soir, ont été accueillis à l’entrée du Mégarama par une dizaine de militants marocains pour la cause palestinienne squattant l’esplanade du cinéma pour appeler au boycott du concert.
« Je suis arrivée ¾ d’heures avant le début du concert pour trouver une place de parking et j’entendais des voix. Je pensais que c’était celles des fans d’Hindi Zahra, je me suis dit c’est génial ça va être la folie ! Mais en fait, ce n’était pas les fans, c’étaient de jeunes manifestants qui criaient « non à la normalisation » en alternant en arabe et en français et qui appelaient au boycott du concert d’Hindi Zahra. », raconte Soraya, une jeune Marocaine venue assister au concert.
Les manifestants tenaient une longue banderole sur lequel était inscrit en arabe et en français « non à la normalisation » avec une croix de David et une croix gammée.
« Le personnel du Mégarama était mobilisé en nous invitant à entrer et à ne pas rester dehors sur l’esplanade. Mais cette manifestation n’était pas du tout inquiétante ni menaçante. Pendant le concert, tout s’est bien passé. Rien à signaler. Hindi Zahra invitait les gens à se lever pour danser. Elle a mis l’ambiance, la salle était comble. La seule banderole que j’ai vue était celle d’une femme installée derrière moi qui disait « Mon rêve est de chanter avec toi ». A la fin du concert, tous les manifestants étaient partis. », ajoute Soraya.
« Au départ je me suis dit qu’à la sortie du concert, on allait nous jeter des tomates ou nous prendre à partie mais en fait non, il n’y avait plus personne, tous les manifestants s’étaient volatisés », relate Ethel, une autre fan.
Des gens renoncent à assister au concert
Le petit sit-in s’est donc passé dans le plus grand calme, sans perturbation particulière. Néanmoins les deux jeunes femmes venues assister au concert ne comprennent toujours pas comment des militants peuvent s’en prendre à une chanteuse. « C’était dérangeant. Ca va à l’encontre de l’ouverture d’esprit de l’artiste », s’exclame Ethel. « Je trouvais ça extrême de s’attaquer à une artiste, ce sont les politiciens qu’il faut viser pour résoudre le conflit », ajoute Soraya.
Parmi les dizaines de manifestants présents sur place au Mégarama, il y en avait appartenant au Mouvement du 20 février et de BDS, le Boycott Désinvestissement Sanctions qui milite contre l’occupation israélienne en Palestine. L’une de ces actions est de tenter de convaincre les artistes de ne pas donner de concert en Israël. La prochaine artiste sur la liste de BDS est Jane Birkin qui prévoit prochainement un concert à Tel Aviv.
« J’insiste sur le fait que l’appel au boycott ne rentre pas dans le cadre du mouvement du 20 février qui est un mouvement qui milite pour la démocratie au Maroc et qui n’a pas appelé au boycott. Cependant nos militants sont libres de faire ce qu’ils veulent », explique Abdulah Baakil, militant du M20. « C’est l’association BDS qui avait pris contact avec Hindi Zahra avant son concert en Israël pour lui demander d’annuler son concert et comme le concert a eu lieu, c’est de bonne guerre que de répondre à un refus de boycott par un autre boycott », confie Abdulah. L’objectif n’était donc pas de perturber ni d’interdire le concert mais surtout de sensibiliser le public marocain sur les positions de l’artiste sur le conflit palestinien, tient-il à expliquer.
« Au départ de la manifestation, on était 50 manifestants. Il devait y avoir le comédien marocain Bziz mais on était tellement occupé qu’on a oublié de le prévenir !», explique Houssine, un des manifestants sur place. « Tout s’est passé dans le calme et on est resté sur l’esplanade une heure seulement. Il y avait des policiers en uniforme et en civil mais ils nous ont laissé tranquille. Par contre, je ne m’attendais pas à voir cela mais il y a une dizaine de personnes qui devaient assister au concert et qui nous ont donné leur billet. On leur a parlé et on les a convaincus. Ils ont été sensibles à ce qui se passe en ce moment en Palestine avec l’intention des israéliens de détruire Bab Al-Maghariba et le blocus à Gaza ».
Silence d’Hindi Zahra
Depuis le fameux concert en Israël, l’artiste Hindi Zahra est restée muette et n’a pas une seule fois réagi face à cet appel à boycott. Mais encore faut-il le lui demander lorsque l'occasion se présente ! Le journal marocain Le Matin a eu l’opportunité d’interviewer la chanteuse marocaine il y deux jours mais le journaliste ne lui a posé aucune question sur son concert à Tel Aviv ou sur ce qu’elle pensait des multiples appels au boycott dont elle est victime. Le journaliste a préféré lui poser des questions sur ce qu’elle pensait du fait qu’on la compare à Billy Hollyday ou des thèmes de prédilection dans ces chansons…