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Boycott de Barbie dans certains pays Musulmans : est-elle femme objet ou femme liberee ?

 

L’on apprend ce lundi, par des journalistes sur place à Téhéran, que les autorités iraniennes ont l’intention de faire respecter le boycott de Barbie. « Symbole de l’occident et de la libération de la femme », nombre de lecteurs sont outrés et voient en cela l’intégrisme manifeste qui ressort de ce printemps arabe. Aujourd’hui Barbie donne la voix à deux discours. Certains affirment qu’elle représente le féminisme, et d’autres qu’elle nie toutes les valeurs de la femme.

 

Barbie, femme objet

Petit retour en arrière… Barbie a vu le jour en 1959 aux Etats-Unis. Ruth Handler, sa créatrice, souhaitait reproduire la plastique d’une mannequin d’une vingtaine d’année. Elle avait le but d’incarner la modernité et le rêve américain au lendemain de la seconde guerre mondiale. Femme moderne, grande consommatrice au regard malicieux : le stéréotype de la femme occidentale, ou ce que l’on veut qu’elle devienne à cette époque. Au fil des années, Barbie devient indépendante. Les accessoires pour l’habiller se multiplient de par ses différents métiers et loisirs… Puis Ken fait son apparition et partage son quotidien. Bref jusque là effectivement, mis à part son physique ostentatoire, rien d’extraordinaire. Mais voyons plus loin…

La femme active et affranchie, commence à imposer un standard de vie chez les petites filles qui rêve en jouant avec elle. Sortir entre copines, voyager avec son amoureux, faire de l’équitation, du shopping… Une femme « libre » qui impose, au delà de son style de vie, des critères de beauté : une longue chevelure blonde, la peau parfaitement bronzée, aux mensurations quasi-impossibles. Certaines « féministes » affirment malgré tout cela qu’elle aurait participé à une certaine émancipation de la femme dans le monde.

Barbie contribue depuis plus de cinquante ans, à ce culte du physique. Être toujours plus mince, bronzée, maquillée et souriante, habillée à la dernière mode… Un phénomène ayant engendré l’anorexie chez beaucoup d’adolescente et de jeunes adultes, entre autre. De nombreux pédopsychiatres, d’universitaires ou encore de féministes l’accusent d’aliéner les petites filles de 3 à 8 ans ! Barbie, 29 centimètres, reine du monde : elle semble tout posséder, y compris le pouvoir. « Car Barbie et son univers représentent un idéal si loin du réel que les enfants sont prêts à tout » assurent de nombreux pédopsychiatres. Barbie Liberation Organization va plus loin en criant haut et fort que « cette poupée tue ». Barbie ne serait pas seulement « un objet ludique » comme rétorque Mattel, « Ce jouet inciterait les petites filles à la maigreur dès l’âge de 5 ans » lance un groupe de chercheurs britanniques en 2006.

 

Barbie, femme soumise

Les vraies féministes combattent son image de femme objet. Pulpeuse, aguicheuse, elle peut renvoyer l’idée que pour réussir, il faut se servir de son physique… « Elle véhicule la notion de femme objet qui doit parier sur son corps pour réussir dans la vie », scande Hélène Casanova « un symbole de soumission aux diktats masculins ».

Barbie est également soumise à la société de consommation. Une vraie consommatrice ostentatrice. Le souci, c’est que du coup les enfants deviennent, dès leur plus jeune âge, des clients à fidéliser. Il entre dans le monde de la surconsommation, du gaspillage en réclamant encore et encore la dernière tenue de Barbie, ou son écurie… Une « tendance au consumérisme, qui déteint sur les jeunes esprits, devenus ni plus ni moins qu’une clientèle à fidéliser », constate Marie-Françoise Hanquet auteure de Barbie, poupée Totem.

 

Interdite d’entrée en Arabie saoudite, Iran et Russie

L’Arabie Saoudite a interdit la vente de cette poupée dans tout le Royaume, par l’intermédiaire de son comité pour la propagation de la vertu et la prévention du vice, l’accusant d’être « un symbole de l’occident perverti » (et non de l’occident tout court). En 1996, c’est au tour de l’Iran d’interdir sa vente, afin de « protéger la culture islamique et les valeurs de la révolution ». Malgré tout jusqu’à ces dernires semaines, la Barbie était vendue dans tout le pays, et en 2002, ses cousines Dara et Sara font leur apparition en mode sunnah. Barbie est également interdite en Russie, son ministère de l’éducation l’accusant « d’éveiller les pulsions sexuelles des jeunes enfants ».

Aujourd’hui, les journaux saisissent l’opportunité de l’action des autorités iraniennes voulant faire respecter cette interdiction de commercialiser Barbie, pour justifier des propos devenus récurrents, selon lesquels les pays musulmans n’aiment ni l’occident ni les occidentaux. « Barbie représente la femme occidentale, et les musulmans n’en veulent pas dans leur foyer, car ils ne nous aiment pas ». Un raccourci dangereux et simpliste.

Objectivement, tout ce que Barbie véhicule, sont des valeurs qui ne sont pas celles des musulmans : la pudeur, l’humilité, la piété et tant d’autres. Certains commerçants de Téhéran veulent rassurer les journalistes occidentaux en leur confiant qu’ils continueront de vendre Barbie malgré tout, même si seules Dara et Sara seront désormais en vitrine.

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