La Bouazizimania gagne du terrain
Ecrit par: Alae BENNANI
Les jeunes diplômés chômeurs à Rabat pratiquaient cette forme de protestation depuis quelques années déjà afin de réclamer du travail dans la fonction publique.
Le chiffre nous parvient de nos confrères du quotidien Attajdid, citant un rapport détaillé sur la question. Quelque 91 cas d’auto-immolation ont été recensés au Maroc. Si seulement 15 d’entre eux ont été mortels, le chiffre n’en demeure pas moins alarmant. Mais ce que nous avons tendance à oublier, c’est que bien avant la Bouazizimania, devenue une véritable tendance dans de nombreux pays, des jeunes diplômés chômeurs à Rabat pratiquaient cette forme de protestation depuis quelques années déjà afin de réclamer du travail dans la fonction publique. Ceci dit, il n’y a pas que les diplômés chômeurs qui ont tendance à revendiquer leur droit de cette manière. Le suicide par immolation ne date pas d’hier. Il représentait même chez les gaulois le stade suprême du désespoir. Au Maroc, le désespoir pousse aussi des citoyens à agir de la sorte.
Le chômage n’est qu’une cause parmi plusieurs
Casablanca est la ville qui aura connu le plus de cas d’immolations en 2011 avec un nombre de 11 personnes, suivie de Béni Mellal (8), Rabat et Berkane (7), Asfi et Laâyoune (6), Mohammedia et Oujda (4), Kénitra et Agadir (3) mais aussi Tanger et Marrakech (1). Parmi les raisons qui poussent les gens à s’immoler, la première concerne curieusement des problèmes familiaux (13 cas). Viennent ensuite des raisons liées à un mal-être professionnel, bien plus que le chômage lui-même. Quelque 10 personnes se sont immolées pour protester contre les autorités publiques, 8 pour des litiges avec leurs employeurs,7 à cause du chômage, d’un licenciement ou de troubles psychiques.
Auto-destruction
Les personnes qui se sont immolées pour des problèmes en relation avec la Justice sont, eux, au nombre de 4. Certains n’hésitent pas à tenter de se donner la mort à cause de problèmes de paperasses (2), d’autres pour incapacité à rembourser des crédits (2) ou pour manifester contre la destruction d’un bâtiment, tandis que d’autres encore essayent de mettre un terme à leur vie à cause du manque de moyens… pour aller chez le médecin. Les raisons varient donc. Mais le chemin de l’auto-destruction est le même.◆