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Photographies de Gabriel Veyre 1901-1936 :  Dans l'intimité du Maroc au début de l'autre siècle

 

L'Institut français du Maroc propose une exposition exceptionnelle qui se tiendra au Musée de la Fondation Abderrahman Slaoui à Casablanca, inauguré à cette occasion. Il s'agit de photographies et de films réalisés dans notre pays entre 1901 et 1936 par Gabriel Veyre; des images qui constituent aujourd’hui un document exceptionnel sur la mémoire visuelle du Maroc du début du XXème siècle.


L’Institut français du Maroc, pour la première fois dans le Royaume, va présenter l'inappréciable collection Gabriel Veyre dans une exposition produite pour la saison culturelle France Maroc, en partenariat avec la galerie Lumière des Roses, le Musée Nicéphore Niépce et les Editions Malika qui ont réédité le livre des photographies de Gabriel Veyre (1901-1936) paru en 2005, et aujourd’hui épuisé.

Cette exposition unique, miroir du regard d'un homme passionné du Maroc et qui va y passer 35 ans de sa vie, sera inaugurée à Casablanca dans le nouveau musée de la Fondation Abderrahman Slaoui et circulera dans les mois qui viennent à Tanger, El Jadida, Rabat, Meknès, Oujda, Marrakech et Safi.

L'exposition: un témoignage exceptionnel

L’exposition de Casablanca ne propose pas que des photos, puisqu'elle commence par la projection en boucle d’un film muet de 60 minutes réalisé par Gabriel Veyre en 1934-35, un des premiers films couleurs réalisés au Maroc en 16mm. Ce film où Gabriel Veyre a inséré des intertitres qui légendent les images, présente un panorama de différentes villes, lieux et scènes de la vie quotidienne marocaine.

Dans la salle des autochromes, (le premier procédé industriel de photographie en couleurs mis au point par les Frères Lumière en 1905), se trouvent une soixantaine de grandes diapositives, exposés en transparence dans des boites lumineuses accrochées aux cimaises. Ces autochromes réalisés entre 1934-1935 nous emmènent dans un véritable tour du Maroc qui mêle paysages, villes et portraits, tous légendés.

Enfin, une autre salle du musée est dédiée à la vie de Gabriel Veyre, à la vie à la cour chérifienne en 1901, et aux scènes de la vie quotidienne dans les médinas de Fès et de Marrakech. Ces photographies réalisées avec un stéréoscope (également exposé), permettent grâce à des lunettes adaptées, de voir la projection en relief.

Une troisième partie permet de découvrir cinq petits films, les premiers tournés au Maroc en 1901, à Marrakech, avec le cinématographe des frères Lumière.

À travers cet ensemble, l'exposition nous fait découvrir le Maroc du début du 20e siècle, un Maroc poétique et légendaire, vibrant de luminosité.

 

Dans l'intimité du sultan

Mais que fait ce pharmacien passionné de photographie et d'électricité au Maroc, aux lueurs du 20e siècle?

En 1896, Gabriel Veyre a 25 ans, et il sillonne le monde pour le compte des frères Lumière, inventeurs du cinématographe et de la photographie des couleurs, pour propager leur nouvelle invention à travers le monde.

En 1901, on lui propose d’enseigner la photographie au jeune sultan du Maroc, Moulay Abd el Aziz, une mission qu'il accepte sans hésiter. Curieux insatiable, le sultan veut tout connaître de la photographie, et plus généralement des inventions technologiques de l’époque en Occident. Promu “ingénieur de sa majesté chérifienne”, Gabriel Veyre a une relation de grande amitié avec le sultan et s’installe définitivement au Maroc après la mort en couches de sa femme. Ces années dans l’intimité du sultan à Fès et Marrakech ont permis à Gabriel Veyre de produire des images qui constituent aujourd’hui un témoignage photographique exceptionnel sur le Maroc du début du XXème siècle, ainsi qu'un livre justement intitulé Dans l’intimité du sultan.

Gabriel Veyre, un destin singulier

Pendant les trente années qui vont suivre, Gabriel Veyre va développer au Maroc de nombreuses entreprises toutes utiles sinon originales, et toutes motivées par le progrès: minoterie, fabrique de glace, briquetterie, élevage d'autruches, électricité, concession automobile, etc.

Cet insatiable précurseur crée une station TSF (téléphonie sans fil) et devient le président de Radio-Maroc, il fait venir les premières voitures et fonde le garage Auto Hall que tous les Casablancais connaissent encore aujourd'hui, ainsi que l'Automobile Club du Maroc. Quant à sa ferme de Dar Bouazza, elle se transforme en laboratoire où sont tour à tour incubés des œufs d'autruche ou encore croisés des zébus avec des vaches locales jugées trop chétives...

Puis à 63 ans, en 1934, Gabriel Veyre décide de se remettre à la photo et de voyager à travers tout le Maroc qu'il va sillonner dans sa Ford pour immortaliser des centaines de paysages et filmer des scènes de la vie quotidienne. Les portraits issus de ces rencontres sont à l’image de leur auteur, loin de tout exotisme.

Gabriel Veyre meurt l’année suivante à Casablanca où il est enterré. Il laisse en héritage ces images qui, au-delà de leur valeur historique, témoignent d’un regard profondément humain.

Animé d’une foi inébranlable dans l’avenir, Gabriel Veyre s’est passionné toute sa vie pour les nouvelles technologies, d’où le titre de “Docteur Veyre” qui ne l’a plus quitté depuis son arrivée au Maroc en 1901, et dont une rue de Casablanca porte encore le nom.

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