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LE PREMIER AGE D'OR DE FES

 

Il n'existe pratiquement aucun témoignage de la vie religieuse et culturelle des communautés juives marocaines avant la conquête arabe, puisqu'elles étaient condamnées a végéter dans un isolement extrême.

 L'inclusion du Maroc dans un vaste empire englobant la majorité du peuple juif rendit vie à ces communautés et les rapprocha des principaux centres religieux Juifs, à Babylone et surtout à Kairouan, la première ville fondée par l'Islam au Maghreb qui était rapidement devenue un centre d'études talmudiques florissant.

 

L'adoption enthousiaste de l'Arabe comme langue de culture («L'Arabe est aux langues ce que le printemps est aux saisons» devait écrire le grand maître de Babylone Saadia Gaon) et le déclin de l'Araméen favorisèrent, dans les conditions d'origine de la ville Fès, une remarquable renaissance de la langue hébraïque post-biblique.

 

Des sa fondation, au début du 9ème siècle, comme première capitale du royaume par le souverain éclairé Idriss II, Fès devait attirer une population juive nombreuse et de qualité, venue de toutes les régions du Maroc, mais aussi de Tunisie, d'Algérie, d'Andalousie, d'Egypte et également de Babylonie et de Perse.

 

C'est dans cette nouvelle capitale que se renouvela progressivement le mouvement spirituel initié par les centres talmudiques de Kairouan et les grandes Yéchivot de Babylonie, et ce bien après leur declin.

 

Sous l'influence de la langue arabe sœur, Fès devint le berceau de la linguistique et de la grammaire hébraïque. Le plus grand linguiste de l'époque, rabbi Yéhouda Ben Korich, des son installation à Fès, fit reproche à la communauté de l'abandon de la lecture de la traduction de la Bible en Araméen dans les synagogues, sous prétexte que tous les fideles comprenaient la langue sacrée, et institua la nécessité de la connaissance comparée Araméen et de l'Arabe pour l'étude de l'Hébreu.

 

Le fondateur de la grammaire hébraïque Dounash Ben Labrat qui est né à Bagdad mais a vecu à Fès y a élaboré et transmis la majeure partie de son oeuvre avant de quitter le Maroc pour la ville de Cordoue en Andalousie.

 

Du livre de grammaire de rabbi Yéhouda Hayoug El Fassi, «Shorshé Hayoug», les Racines de Hayoug, les grands maîtres de Babylone ont dit «Nous n'avons rien reçu meilleur du Maghreb que ce livre, nous nageons tous dans la mer de son savoir».

 

C'est à la seconde génération que L'Age d'Or de Fès atteignit son apogée avec l'arrivée dans la ville de rabbi Itshak Bar Yaacob El Fassi, né à Kalaat Ahmed, ville située aujourd'hui en Algérie.

 

 Ce chef spirituel dirigea à Fès pendant des décennies une grande yeshiva de réputation universelle. Avec son livre «Sefer Halakhot, il réalisa la première compilation de toutes les règles dela Halakhadepuis l'écriture du Talmud, d'où le  surnom qui allait désormais être donné à ce livre de «Petit Talmud».

 

 Le «Sefer Halakhot» est depuis devenu le livre de base de toutes les yéchivot et le guide universel en matière de Halakha duquel Maïmonide lui-même s'est inspiré pour réaliser sa propre compilation.

 

Contraint par les circonstances politiques à s'exiler du Maroc, rabbi Itshak Bar Yaacob El Fassi s'installa à l'âge de 75 ans en Espagne, à Lucène où il fonda une nouvelle yeshiva. Lucène devint alors le centre d'études talmudiques par excellence de la tradition de sefarade : la Jérusalem d'Espagne.

Les persécutions qui s'abattirent sur les communautés juives marocaines sous la dynastie intolérante des Almohades mirent fin à ce premier Age d'Or. Le flambeau de tradition, transmis de Babylone à Kaïrouan et de Kaïrouan à Fès, émigra vers l'Espagne.

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