Altneuland de Theodor Herzl
Das aemulative Überbieten der alten Welt : Altneuland von Theodor Herzl
Till R. Kuhnle
« Si vous le voulez, ce ne sera pas un rêve » – c’est le slogan mis en exergue du roman Altneuland (fr. Terre ancienne – terre nouvelle ou Le Pays ancien-nouveau), paru en 1902, dans lequel Herzl développe le projet sioniste sous forme d’une fiction politique : cette société juive en Palestine, basée sur un système coopératif et mutualiste, qu’il a esquissée, en 1896, dans son essai Der Judenstaat. Par son réalisme technique et économique, Herzl reprend l’idéologie d’une bourgeoisie qui a abandonné l’idée de la perfectibilité du genre humain tout en gardant confiance en l’idée du progrès scientifique. Herzl pose son projet comme réalisable : « En raison du changement minime apporté au système économique dans l’État juif modèle, cette utopie n’était pas installée dans un avenir très éloigné : elle se déclare compte rendu de l’année 1920 » (E. Bloch). En effet, Herzl fait preuve d’une vision particulière de la destinée des juifs européens : l’idée de l’assimilation aux sociétés européennes qui ne signifiait qu’une pure imitation de leurs valeurs est remplacée par celle de l’émulation (dans le sens rhétorique du terme, lat. aemulatio) dans l’accomplissement de la civilisation par ces valeurs. Dans une certaine mesure, il pratique la « ré-écriture » idéologique d’une vision du monde telle qu’elle a été exprimée, entre autres, par Jules Verne. Il récuse toute philosophie de l’Histoire eschatologique, voire apocalyptique, qui – à l’instar des millénarismes chrétiens et judaïques ou de la révolution marxiste – annonce une rupture imminente : l’anéantissement du vieux monde pour faire naître sur ses décombres une ère (messianique) nouvelle. Et pourtant, le rôle attribué par Herzl au peuple juif est celui de l’avant-garde de l’humanité : « Le monde sera libre par notre liberté, enrichi de notre richesse, agrandi de notre grandeur. Et ce que nous tenterons là-bas pour notre propre prospérité aura des effets puissants et heureux pour le bien-être de l’humanité tout entière »( Der Judenstaat). Aujourd’hui, l’œuvre de Herzl paraît oubliée. Pour Shmuel Trigano, le sionisme de 1948 « a peu à voir avec le sionisme fondateur. C’est une idéologie désespérée. Elle est devenue l’idéologie de l’exil ». En fait, il ne s’agit que de la « ré-écriture » d’un blanc, car les écrits de Herzl, pourtant mineurs en tant que textes littéraires, sont toujours présents dans tout discours portant sur l’identité juive face au défi nommé Israël.
« Si vous le voulez, ce ne sera pas un rêve » – c’est le slogan mis en exergue du roman Altneuland (fr. Terre ancienne – terre nouvelle ou Le Pays ancien-nouveau), paru en 1902, dans lequel Herzl développe le projet sioniste sous forme d’une fiction politique : cette société juive en Palestine, basée sur un système coopératif et mutualiste, qu’il a esquissée, en 1896, dans son essai Der Judenstaat. Par son réalisme technique et économique, Herzl reprend l’idéologie d’une bourgeoisie qui a abandonné l’idée de la perfectibilité du genre humain tout en gardant confiance en l’idée du progrès scientifique. Herzl pose son projet comme réalisable : « En raison du changement minime apporté au système économique dans l’État juif modèle, cette utopie n’était pas installée dans un avenir très éloigné : elle se déclare compte rendu de l’année 1920 » (E. Bloch). En effet, Herzl fait preuve d’une vision particulière de la destinée des juifs européens : l’idée de l’assimilation aux sociétés européennes qui ne signifiait qu’une pure imitation de leurs valeurs est remplacée par celle de l’émulation (dans le sens rhétorique du terme, lat. aemulatio) dans l’accomplissement de la civilisation par ces valeurs. Dans une certaine mesure, il pratique la « ré-écriture » idéologique d’une vision du monde telle qu’elle a été exprimée, entre autres, par Jules Verne. Il récuse toute philosophie de l’Histoire eschatologique, voire apocalyptique, qui – à l’instar des millénarismes chrétiens et judaïques ou de la révolution marxiste – annonce une rupture imminente : l’anéantissement du vieux monde pour faire naître sur ses décombres une ère (messianique) nouvelle. Et pourtant, le rôle attribué par Herzl au peuple juif est celui de l’avant-garde de l’humanité : « Le monde sera libre par notre liberté, enrichi de notre richesse, agrandi de notre grandeur. Et ce que nous tenterons là-bas pour notre propre prospérité aura des effets puissants et heureux pour le bien-être de l’humanité tout entière »( Der Judenstaat). Aujourd’hui, l’œuvre de Herzl paraît oubliée. Pour Shmuel Trigano, le sionisme de 1948 « a peu à voir avec le sionisme fondateur. C’est une idéologie désespérée. Elle est devenue l’idéologie de l’exil ». En fait, il ne s’agit que de la « ré-écriture » d’un blanc, car les écrits de Herzl, pourtant mineurs en tant que textes littéraires, sont toujours présents dans tout discours portant sur l’identité juive face au défi nommé Israël.