Histoire du Caftan
Le caftan (alqaftane) en langue arabe : costume ancestral datant de la civilisation gréco romaine, a connu à travers le temps plusieurs remaniements. Certes, le principe du vêtement traditionnel ample est resté toujours le même, relatant le côté aisance et majesté.
A l'origine, seuls les sultans et leurs épouses avaient le privilège de se procurer un vêtement aussi onéreux, vu que les artisans couturiers passaient des mois à le façonner, à le broder, à le perler à la main, dans des tissages nobles et avec du fil d'or et d'argent.
Que dire d'un héritage qui a su perdurer dans le temps et malgré toutes les invasions.
D’origine persane, le caftan (prononcer caftane) est une tunique longue et large, sans col, à manches longues, composée de plusieurs lés, qui lui donnent plus ou moins d’ampleur. Il est porté aussi bien par les hommes que par les femmes. Entièrement ouvert sur le devant, il est garni d’une ganse de soie tressée (sfifa), fermé d’une rangée de boutons (âakad) et de ses brides (âayoun). Ce caftan est appelé aïn ou ouqda (« œil et boutons »). Ses broderies sont de soie d’or ou d’argent, de pierreries ou de passementerie. Elles ornent le plastron, les épaules et le bas des manches.
Le caftan est apparu au Maghreb au 3ème siècle après JC avec l'implantation des arabes, a été cordialement adopté dans les enceintes des palais, se faisait remodeler suivant les monarchies qui se succédaient, tantôt près du corps, cousu dans des tissages légers et soyeux, épousant parfaitement les formes du corps, tantôt ample, court, travaillé dans des tissages plus épais.
Si le vêtement traditionnel a longtemps caché le corps et toutes les rondeurs féminines, il a su évoluer agréablement et bousculer les préjugés. Il est bien révolu le temps où le kaftan se devait d’être ample, de masquer le corps. Le caftan, ce costume quasiment immuable pendant une éternité s’est assoupli, allégé, modernisé. Des stylistes ont osé franchir le pas.
Le kaftan est façonné au gré de l’humeur, du talent et du don des créateurs. Le caftan cherche à valoriser la féminité. Les décolletés, les superpositions, les transparences ou encore les matières fluides ont commencé doucement à faire partie intégrante d’un vêtement sublime et qui fait toujours partie du quotidien des Marocaines.
Le kaftan s’entrouvre, laisse visible les jambes. Le dos se découvre. Synonyme de liberté et confortable, il permet à la femme de se déplacer avec aisance. «Traditionnellement, explique Tamy Tazi, grande styliste dans Civilisation marocaine, le kaftan, par son ampleur, est un signe d’oisiveté. La nature même des tissus (broché, drap épais, velours…) et la superposition des pièces accroissent le volume. On revêtait aussi des ceintures aussi larges et rigides que des corsets, des hamz de lampas enrichis de fils d’or.
Par le kaftan, La femme est ainsi porté plus qu’elle ne porte : son corps se perd dans cette masse qui, à la fois distingue et indifférencie l’individu. Elle se protége, semble-t-il du froid ou des regards…
De fait, on désire par le kaftan une silhouette épaisse et qui en impose, des poses hiératiques, des mouvements étudiés…Ce «T» bien commode en somme est avant tout, un écrin qui masque les formes corporelles : il participe de toute la symbolique qui est caché de l’apparent, qui traverse l’Islam, depuis son érotique et sa mystique jusqu’à l’aménagement de l’espace du dedans. Qu’on veuille émailloter cet objet de désir et ce principe de singularité, ou qu’on l’adore en l’entourant de toutes sortes de grâces et de plaisirs : parfums, couleurs, douceurs. Il ne s’agit jamais en exhibant le corps de le banaliser ou de l’ignorer».
Aussi, grâce à l’ingéniosité de quelques créatrices, la caftan s’est simplifié. le caftan devient moins ample au risque de le confondre, quelquefois avec une robe. Les tissus, mousseline, satin duchesse, soie, taffetas, organza épousent le corps et lui donnent de la grâce. Le fameux «T», jugé indépassable il y a quelques années, est de plus en plus trahi. Les corps se sont affinés, allongés, mis en mouvement, les silhouettes se sont élancées. Sensualité, grâce, féminité et somptuosité semblent de venir les maîtres mots qui guident les créateurs dans leur démarche d’innover le caftan.
Ce costume ancestral s'est largement développé, épanouit au 21ème siècle. On le voit dans tous les foyers maghrebins, dans des tissages plus ou moins coûteux, stylisé avec des découpes ralliant tradition et modernisme, mettant la femme sur un piédestal relevant sa toilette et lui conférant l'allure de la princesse de rêve.
Les plus beaux caftans sont cousus par des maîtres artisans de Fès, dont je salue particulièrement les grandes vertus qui sont la patience et le courage de tout façonner, tout broder et tout perler à la main. Ce n'est guère de l'artisanat, c'est de l'art et dans l'artisanat, il y a le mot ART.