LIBERTÉ DE CULTE: LE MAROC BON ÉLÈVE
LE DÉPARTEMENT D’ETAT US VIENT DE PUBLIER SON RAPPORT 2013 - PAYS MUSULMANS, LE ROYAUME PARMI LES MIEUX CLASSÉS
Le Maroc est le pays de la modération en matière de religion, mais à des conditions.
Dans son rapport exhaustif sur les libertés religieuses, le département d’Etat US salue les efforts du gouvernement marocain en matière de prévention des «rhétoriques religieuses inflammatoires ou extrémistes». Ce rapport, publié lundi 20 mai à Washington, relève également les garanties constitutionnelles et légales permettant le libre exercice des cultes religieux dans le Royaume. Certes, la Constitution et les autres lois protègent la liberté religieuse, mais sur le plan pratique, de multiples restrictions ont été signalées.
En effet, «les autorités surveillent de très près les activités de certains groupes islamiques (particulièrement dans les campus universitaires) et n’hésitent pas à leur imposer des restrictions lorsque leurs activités dépassent les limites religieuses et politiques acceptables». Le ministère des Habous et des Affaires islamiques (MEIA) suit de près les prêches du vendredi dans les mosquées et les écoles coraniques. Toujours dans une logique de combattre l’extrémisme, le ministère «contrôle la vente de livres et de supports à contenu extrémiste et interdit toute pratique d’activités politiques non autorisées dans les mosquées». Par ailleurs, le ministère emploie plus de 500 imams et 200 guides spirituels féminins, les Mourchidates. Ces dernières oeuvrent en matière d’éducation religieuse et de sensibilisation des femmes et des jeunes filles à une pléiade de droits et de questions de partages.
Concernant l’enseignement, le rapport note que le patrimoine culturel, artistique, scientifique et littéraire juif est enseigné dans certaines universités marocaines. Le document cite à titre d’exemple l’enseignement de l’hébreu et des études religieuses comparatives au département des études islamiques de l’Université de Rabat. Le rapport fait également ressortir l’initiative du gouvernement à encourager la tolérance et le respect du dialogue interreligieux. A ce titre, l’on cite la présence du chef du gouvernement à l’inauguration d’une synagogue à Fès suite à sa rénovation.
Côté sécurité, l’étude précise que les autorités surveillent fréquemment les offices religieux des chrétiens ainsi que les unions des dirigeants religieux mais sans intervenir dans leurs activités. Les juifs en particulier jouissent d’une grande sécurité. Sur le même registre, il n’y a pas d’interdiction sur les vêtements ou les symboliques religieux aussi bien dans la sphère publique que privée.
Démographiquement, le rapport estime à 99% le pourcentage de musulmans sunnites au Maroc. Les minorités religieuses, essentiellement chrétiennes, juives et musulmanes chiites représentent à peine 1%. La communauté chrétienne pèse pour 25.000, dont 5.000 membres en exercice. Selon les pasteurs protestants et catholiques, il n’y a pas moins de 4.000 chrétiens amazighs qui fréquentent régulièrement les églises et qui vivent principalement dans le Sud. Selon les mêmes sources, les chrétiens vivent dans plusieurs villes du pays, mais «évitent de se réunir régulièrement par crainte de la persécution sociale». Quant à la communauté juive, elle est historiquement largement dispersée dans tout le pays et est constituée essentiellement de personnes âgées.
Le rapport américain affirme que malgré la tolérance des petits groupes religieux, le gouvernement marocain continue de restreindre la distribution de matériels religieux non islamique. Autre reproche, «la loi permet aux musulmans sunnites de rite malikite de faire du prosélytisme, mais interdit aux autres de convertir les musulmans sunnites». Dans ce cadre, les Marocains convertis à d’autres religions sont victimes d’abus et de discrimination suite à leur reconversion. La loi qui autorise le gouvernement à expulser les étrangers accusés de prosélytisme est remise en question après les incidents de mars 2010 (cf. www.leconomiste.com).
Le ministère de l’Intérieur avait ordonné l’expulsion d’une dizaine d’évangélistes dirigeant un orphelinat à Aïn Leuh et qui étaient accusés de prosélytisme.
Traitement préférentiel
Le Maroc offre des avantages fiscaux, des terres, des bâtiments, des subventions à la construction de lieux de culte ainsi que des exemptions de droits de douane sur les importations d’articles nécessaires à l’exercice des activités religieuses des musulmans, des juifs et des chrétiens.
Le rapport américain souligne que le budget affecté à l’enseignement de l’islam dans les établissements scolaires, et au judaïsme dans certaines écoles, témoigne d’un «traitement préférentiel de l’islam et du judaïsme dans le pays».
Imane NAJI