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Dan Méridor: «Deux Etats pour deux peuples»

 

 

 

Extraits d’une interview de Dan Méridor, qui fut le secrétaire général du gouvernement israélien lorsque Menahem Begin était premier ministre, et exerça successivement les fonctions de ministre de la justice, de ministre des finances, et de ministre chargé du renseignement et de l’énergie atomique, dans des gouvernements dirigés par le Likoud. Fils d’un dirigeant de l’Irgoun et du parti nationaliste Hérout, Dan Méridor a été élevé dans le respect des valeurs énoncées par Zeev Jabotinsky et portées par le mouvement de jeunesse Bétar. Cette interview est parue dans l’hebdomadaire israélien Sof Hashavoua du 3 juin 2013.

 

Il est impossible de parler sérieusement d’un Etat palestinien et d’un accord de paix, et de continuer parallèlement à encourager la création d’implantations en tout lieu. Ce n’est pas la bonne chose à faire, et par ailleurs cela nous cause de graves dommages dans le monde. S’il y a une chance de paix – et je crois qu’une telle chance se présente –, cela signifie aujourd’hui un accord sur la base des frontières de 1967 avec des modifications acceptées par les deux parties, c’est-à-dire des modifications légères tenant compte des grands blocs démographiques de notre côté. Bush a parlé de cela, Clinton a parlé de cela, Obama a écrit là-dessus.

C’est pourquoi nous devons concentrer tous nos efforts sur les grands blocs [d'implantations]. Sinon, si nous installons délibérément des Juifs un peu partout, nous sabotons notre propre crédibilité  et nous créons une situation où le retrait aura un prix insupportable.

Je ne propose pas pour autant, aujourd’hui, une évacuation forcée d’implantations ni un retrait militaire unilatéral, en l’absence d’un accord. Mais il faut comprendre qu’il y a là une anomalie persistante, que la population israélienne s’efforce d’ignorer depuis 45 ans: une situation où, des décennies durant, un territoire est occupé – ou contrôlé, appelez cela comme vous voulez – sans que les habitants de ce territoire aient le droit de vote. Une situation où un habitant juif de Hébron participe aux élections à la Knesset, et un Arabe ne le peut pas. Qu’est-ce que cela? C’est contraire aux principes les plus élémentaires des droits de l’homme, c’est ce qu’il y avait en Afrique du Sud.

L’aspiration à l’intégrité d’Eretz Israël a toujours respecté les principes démocratiques. Si on décide que la souveraineté israélienne s’exerce sur le territoire tout entier, comme Begin l’avait proposé dans le cadre de l’autonomie, on doit donner à tous le droit de vote, comme nous l’avons fait en 1948 pour les Arabes israéliens. Que disait Begin? «Nous ne serons pas la Rhodésie» – il pensait, naturellement, à l’Afrique du Sud. Une majorité juive, et une minorité jouissant du droit de vote, c’est là une solution honnête. Compliquée peut-être du point de vue international, mais qui nous permet au moins de nous regarder dans le miroir avec bonne conscience.

Cependant, puisque les poids démographiques des deux peuples sont plus ou moins semblables, cela signifie que l’on met en danger le rêve d’un Etat sioniste. D’où la deuxième solution: deux Etats pour deux peuples.

Ces deux solutions sont légitimes, l’une comme l’autre. J’ai été éduqué dans le rêve de l’intégrité d’Eretz Israël. A mes yeux, rien n’est plus juste que le mouvement sioniste. Mais je ne vois pas qu’il y ait aujourd’hui, au sein du Likoud, des gens qui acceptent le rêve d’un Eretz Israël intégral qui serait en même temps une démocratie pour tous ses habitants. C’est pourquoi je suis en faveur de la deuxième solution.

Mais certains ont inventé une troisième formule, une formule qui n’existe pas et dont il est interdit qu’elle existe un jour: une formule où nous voudrions continuer à demeurer dans les territoires et à les contrôler, bien que nous n’y soyons pas la majorité. C’est une manière de faire qui n’est ni bonne ni juste. Tout Juif a le droit de s’établir où il le souhaite, mais nous n’avons pas le droit d’exercer le pouvoir là où nous ne sommes pas majoritaires.

 

Traduit de l’hébreu par Meïr Waintrater. Pour lire l’original, cliquer ICI.

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