Acte antisémite grave en Belgique : la police refuse d’enregistrer la plainte
La police de la ville d’Aartselaar, près d’Anvers, a ignoré et même minimisé la plainte d’une femme victime d’une agression à caractère antisémite, a indiqué l’avocat Mischael Modrikamen au magazine juif Joods Actueel.
L’avocat exige une enquête du comité P de contrôle des activités de la police et demande à la ministre compétente de réagir.
Les faits se sont déroulés il y a un mois lorsque Ruth Sverdloff, une ancienne championne israélienne de tennis, a emménagé avec sa compagne belge Cindy Meul dans un appartement d’Aartselaar.
Le lendemain de leur installation, Ruth a posé une mezouza (petit tube contenant un parchement de prière juive) sur la porte de l'appartement. Depuis lors, les deux femmes n’ont cessé d’être harcelées par des voisins racistes qui frappaient sur les murs et lançaient des slogans anti-juifs tels que ''Juifs puant", "nous ne voulons pas des Juifs dans ce bâtiment’’ ou ''les Juifs doivent foutre le camp".
La police a été prévenue mais cela n’a rien changé. ''J'ai du envoyer ma propre fille chez ses grands-parents parce que l'enfant avait trop peur de rester dans l’appartement'', explique Ruth.
La situation a dégénéré le 24 mai lorsque deux des voisins ont envahi l’appartement des deux femmes, frappant violemment Cindy Meul, qui à ce moment était seule chez elle. Saignant abondemment, la femme a eu le nez cassé et a subi plusieurs ecchymoses. Transportée à l’hôpital, elle y est restée deux semaines.
La situation était réellement ''hallucinante'', raconte Me Modrikamen, quand il est apparu que le policier souhaitait classer l’affaire comme ‘‘sans importance’’. Selon lui, Cindy Meul a même vu le policier d’Artselaar discuter et rire avec les agresseurs lorsque l’ambulance est arrivée. Plusieurs témoins auraient confirmé cette version.
Quand Ruth Sverdloff s’est décidée à porter plainte, la police lui a répondu : 'Ici on est en Flandre, alors vous devez parler le néerlandais," parce qu’elle s’est exprimé en anglais.
C’est seulement lorsque l’affaire a été rapportée par la presse, notamment israélienne, que Ruth a été entendue et qu’un procès-verbal a été établi, un mois après les faits.
Me Modrikamen a dit s'attendre à une réaction des autorités politiques. L’an dernier, les ministres de l'Intérieur et de la Justice avaient décidé qu'une plus grande attention serait accordée à l'antisémitisme dans la formation de la police et qu'un magistrat de référence en ce qui concerne l’antisémitisme serait nommé, justement pour éviter de tels cas. "Tout ceci semble être resté lettre morte», a-t-il dit.