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Maroc: à la découverte des sept saints de Marrakech

 

 

Ce qui frappe d'emblée le visiteur au Maroc, c'est la beauté du pays. Devant les paysages grandioses de l'Atlas ou des vallées présahariennes, face aux villages berbères fortifiés ou dans les villes impériales, on n'en finit pas d'admirer le patrimoine naturel et culturel du royaume. Extraits de Maroc, d’Ignace Dalle (Editions La Découverte).

Le Maroc, c'est une mosaïque de populations d'origines diverses qui forment aujourd'hui une société en pleine transition. Après avoir tourné certaines pages sombres de son histoire, il doit désormais résoudre des problèmes économiques, politiques et écologiques d'une grande complexité.

Un ouvrage pour partir à la rencontre d'un pays encore profondément rural, mais qu'on aurait tort de croire immuable, où la religion est omniprésente, mais infiniment plus diverse qu'on ne l'imagine souvent, où le jeune monarque Mohammed VI peine à rompre avec le système verrouillé par Hassan II, mais où la démocratie s'apprend pas à pas.

Extraits de Maroc, d’Ignace Dalle (Editions La Découverte)

Haut lieu de spiritualité et de croyances populaires, Marrakech compte de nombreux saints, mais les plus connus sont au nombre de sept, un chiffre qui a une vertu toute spéciale en islam et une valeur prophylactique pour nombre d’habitants de la grande cité du Sud.

On distingue généralement dans le monde musulman les saints « sérieux », sujets des hagiographies, et les saints « populaires » qui n’ont qu’une réalité historique assez floue.

Les sept saints de Marrakech, appelés généralement les Sbaatou Rijal (les « sept hommes »), sont considérés comme faisant partie de la première catégorie. Hommes pieux, grands mystiques ou théologiens célèbres, certains d’entre eux ont laissé des œuvres réputées. Peu de temps après leur mort, ils ont néanmoins fait l’objet d’un culte véhiculant, parfois, des croyances et des pratiques étrangères à l’islam.

Beaucoup de Marrakchis croient ainsi que leurs sept saints sont omnipotents, accordant aussi bien des faveurs que lan- çant des malédictions. Le culte dont ils jouissent n’est pas très ancien. Il fut institué officiellement au XVIIe siècle et coïncide avec l’apparition du maraboutisme au Maroc qui va dominer les campagnes et pénétrer jusque dans les villes.

L’étude du culte des Sbaatou Rijal de Marrakech incite à étudier le rôle du chiffre 7 qu’on retrouve dans plusieurs usages et pratiques de cette ville. Omniprésent, on le relève dans la religion, la magie, la gastronomie traditionnelle et la culture populaire.

Déjà, le théologien Abderrahman al-Hamadani affirmait que Dieu avait créé sept cieux, sept étoiles, sept terres et qu’il avait doté l’enfer de sept étages et de sept portes. Il ajoutait que Dieu avait orné l’univers de sept mots – la-ilaha-illa-allahMohamed-Rasoul Allah (« Il n’y a de Dieu que Dieu, Mohammed est le prophète de Dieu ») – et le monde de sept provinces.

Pour d’autres penseurs musulmans, le chiffre 7 a une valeur prophylactique et protectrice. Ils sont convaincus que la vie de l’habitant de Marrakech est jalonnée par la présence de ce chiffre dans les différentes étapes de son existence, à savoir la naissance, la circoncision, le mariage et le pèlerinage.

En effet, précisent-ils, lorsqu’une femme accouche, elle doit se retirer avec son nouveau-né dans la pièce où a eu lieu l’accouchement pendant une période de sept jours, et cet enfant n’est baptisé qu’au septième jour.

Lors de la circoncision, l’enfant circoncis et sa mère font une retraite de sept jours dans une chambre de la maison car la circoncision est assimilée à une « seconde naissance ».

De même, après le mariage, les deux époux s’isolent pendant sept jours dans la chambre nuptiale. Cette pratique viserait, selon l’essayiste Mohammed Boughali, à « empêcher l’épouse de perturber l’harmonie domestique secrète par le pouvoir dont elle est porteuse » en attendant que « l’espace auquel elle vient d’être intégrée s’habitue à sa présence ».

Enfin, après son retour du pèlerinage à La Mecque, le pèlerin se cloître sept jours dans sa chambre.

Beaucoup moins connues que les saints hommes, un certain nombre de saintes femmes sont également vénérées. Célébrée par la confrérie gnaoua à Fès, Lalla Mimouna est sans doute la plus connue. Mais Lalla R’kia est sollicitée par nombre de femmes qui ne parviennent pas à avoir d’enfants. Lalla Mahla est quant à elle célèbre pour sa beauté et son érudition. Parfois, ces femmes sont devenues saintes tout simplement parce que leurs marabouts de pères n’avaient pas de descendance mâle…

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Ignace Dalle, ancien journaliste de l'AFP, arabisant, a passé de nombreuses années en poste dans le monde arabe, notamment au Liban, en Égypte et au Maroc. Il est notamment l'auteur de Le règne de Hassan II, 1961-1999 : une espérance brisée (Maisonneuve et Larose/Tarik éditions, Paris/Casablanca, 2001) et de Les Trois Rois : la monarchie marocaine de l'indépendance à nos jours (Fayard, Paris, 2004).

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