Les djihadistes aux portes d’Israël, par Maxime Perez
La progression des combattants d’Al Qaïda en Irak et en Syrie constitue une source d’inquiétude pour Israël. Mais la menace immédiate se trouve dans les territoires palestiniens.
En février dernier, sur Youtube, des djihadistes de l’état islamique en Irak et au Levant (EIIL) annonçaient l’ouverture d’un front contre Israël depuis Gaza, affirmant que leurs hommes se trouvaient déjà dans l’enclave palestinienne. Quatre mois plus tard, aucune frontière israélienne, nord ou sud, ne s’est véritablement enflammée. La confrontation tant redoutée avec Al Qaïda et ses avatars, en particulier sur le Plateau du Golan, n’a pas – encore – eu lieu.
Pour l’état hébreu, la menace djihadiste vient d’abord des territoires palestiniens. Mercredi soir, un drone de Tsahal a visé et tué Mahmed Awar, 33 ans, un policier du Hamas suspecté d’avoir basculé dans le salafisme. Les services de sécurité intérieurs du Shabak l’accusent d’avoir mis sur pied une cellule de combattants djihadistes avec lesquels il planifiait plusieurs attaques contre le territoire israélien.
A Gaza, la mouvance salafiste a largement su tirer profit de la présence du Hamas et de la porosité de la frontière avec l’Egypte pour asseoir son idéologie radicale. Si bien que le mouvement islamiste palestinien, émanation des Frères musulmans, a bien failli se faire déborder. En août 2009, un cheik salafiste, Abdelatif Moussa, avait ainsi bravé l’autorité du Hamas en proclamant un « émirat islamique » à Gaza. Mais son coup force mené depuis une mosquée de Rafah, au sud de l’enclave, a finalement tourné court. Ses partisans du Djound Ansar Allah (les soldats de Dieu) étaient écrasés dans le sang par les brigades Ezzedine al Qassam, branche militaire du Hamas, à l’issue de combats à l’arme lourde.
Du Sinaï à la Cisjordanie
Cet épisode n’a pas tout à fait éradiqué la mouvance djihadiste à Gaza. Mais ses adeptes ont recentré leur combat contre Israël depuis le Sinaï égyptien, duquel plusieurs attaques frontalières ont été menées par des combattants d’Al Qaïda, la plupart spectaculaire et meurtrière s’étant déroulée sur la route d’Eilat (8 morts, le 18 août 2011). Depuis que la péninsule égyptienne échappe au contrôle des autorités du Caire, des tirs de roquettes ont aussi sporadiquement visé la station balnéaire israélienne et le tir de plusieurs autres salves depuis la bande de Gaza ont été revendiqués par des factions djihadistes.
Cette menace existe aussi en Cisjordanie. Dans des villes comme Jénine et Hébron, où le Hamas dispose d’une certaine aura auprès de la population, les salafistes sont parvenus à s’implanter solidement. Leur présence est connue de l’Autorité palestinienne, première visée par ces fous d’Allah du fait de la coopération de ses forces de police avec Israël.
En octobre 2013, alertée par Ramallah, une unité spéciale de Tsahal éliminait à Mohamed Assi, un salafiste initialement affilié au Jihad islamique palestinien. Il était responsable d’un attentat à la bombe à Tel Aviv, un an plus tôt, au moment de l’opération « Plomb durci ». L’homme, retranché dans une grotte, avait résisté plusieurs heures, lourdement armé, avant d’être abattu par un missile LOW.
Ces derniers mois, plusieurs cellules du même type ont été démantelées par l’armée israélienne. Le Shabak surveille de près leactivités de ces militants djihadistes qui échappent parfois au giron des forces de sécurité palestiniennes. Mais à l’échelle de la Syrie ou de l’Irak, ce matraquage des forces de l’ombre est impossible. A défaut d’une improbable reprise en main du régime d’Assad ou du gouvernement chiite de Bagdad, une confrontation plus globale entre Israël ces radicaux islamistes parait inévitable.
par Maxime Perez
Tribune Juive