Première visite guidée d'un des tunnels entre Gaza et Israël
Un soldat israélien explique aux journalistes, le 25 juillet 2014 la structure du tunnel utilisé par des militants palestiniens entre la bande de Gaza et Israël.
Il part de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, et débouche trois kilomètres plus loin, de l'autre côté de la frontière, près du kibboutz Nir-Am: pour Israël, ce tunnel illustre la menace que les combattants palestiniens font peser sur ses civils.
Le point de sortie de celui-ci, dont l'armée israélienne a organisé une visite guidée vendredi pour la presse, a été découvert deux mois avant le début le 8 juillet de l'opération "Bordure protectrice". Son entrée, dans une serre, a été localisée il y a quelques jours.
Depuis le début du conflit, l'armée affirme en avoir découvert une trentaine, segment d'un impressionnant réseau souterrain où le Hamas dissimule des armes, des ateliers et des centres opérationnels, "le Gaza sous Gaza".
C'est par ces boyaux creusés depuis l'étroite enclave palestinienne que les combattants du Hamas lancent des attaques au coeur d'Israël. Et par l'un de ces souterrains que le tankiste franco-israélien Gilad Shalit avait été transporté à Gaza en 2006 avant d'être libéré cinq ans plus tard en échange de 1.000 prisonniers palestiniens.
Le 21 juillet, un des premiers soldats tués dans l'assaut terrestre lancé à Gaza l'a été dans des combats avec un commando du Hamas qui émergeait d'un de ces tunnels.
- Un ouvrage sophistiqué -
Et celui que fait visiter le lieutenant-colonel Max, ingénieur en chef de la Division de Gaza qui ne veut pas donner son nom, montre que le réseau souterrain n'a rien d'artisanal.
Bétonné sur les parois, au sol comme au plafond, haut d'1,75 mètre, large de 70 cm, l'ouvrage est "suffisant pour permettre à un homme armé jusqu'aux dents de se déplacer en restant debout", explique cet officier.
"Le Hamas aurait pu faire passer des dizaines ou même des centaines de terroristes du côté israélien avant que nous nous en rendions compte", assure-t-il.
Il calcule que la construction a nécessité pas moins de 26.000 éléments différents et évalue son coût à trois ou quatre millions de shekels (environ un million de dollars).
Près du plafond d'un mur, un râtelier a été creusé pour y placer du matériel électrique. Au sol, des fils électriques et un double système de rails qui évoquent ceux des mines: "Cela sert à évacuer la terre déblayée, mais aussi à transporter les équipements et les armes vers le territoire israélien", précise le lieutenant-colonel Max.
Plus loin, une étroite niche a été creusée pour stocker des armes. L'armée prévoit de détruire totalement le tunnel dans le prochains jours à coups d'explosifs.
"C'est un travail dangereux, certains des tunnels sont piégés et il y a des risque d’effondrement", selon l'officier.
L'armée a besoin "d'au moins une semaine" supplémentaire "pour neutraliser tous les tunnels, du moins ceux dont nous connaissons l'existence", ajoute-t-il.
"Nous ne nous contentons pas de détruire ces tunnels en faisant sauter leurs deux extrémités. Nous voulons les anéantir sur toute leur longueur, de telle sorte qu'ils ne puissent plus jamais servir", poursuit-il. Des explosifs israéliens sont introduits le long de l'ouvrage par des tuyaux étroits forés dans le sol pour le détruire.
Une mission dangereuse, avec des mines qui peuvent encore être dissimulées ou la possible présence de snipers.
L'officier israélien ne s'étend pas sur la manière dont les tunnels sont découverts, évoquant, sibyllin, le travail d'"un détective qui mènerait une enquête sur un crime en recueillant des indices" et "un "travail de renseignements et de moyens technologiques".
Si elle a accepté de respecter une trêve humanitaire de douze heures samedi, l'armée a prévenu: elle poursuivra ses "activités opérationnelles pour localiser et neutraliser" ces souterrains, sa mission prioritaire.