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Les extrémistes juifs sont-ils fidèles à la Torah?

David Isaac Haziza

 

 

Après les actes commis par des ultra-orthodoxes en Israël, revenons à ce que disent vraiment les textes.

L’histoire des religions, je ne l’apprendrai à personne, a partie liée avec la violence: prétendant s’attacher à un niveau de vérité qui dépasserait l’humain, le singulier, la nature, elles font souvent peu de cas, à leurs débuts du moins, des aléas du concret. Le judaïsme ne fait pas exception, loin s’en faut, et son histoire, comme ses textes, connaît son lot de violences.

Mais dissipons d'abord deux mythes. Le mythe antisémite, ou du moins «anti-judaïque», d’une religion de haine, d’un culte intrinsèquement cruel et violent, de textes où la justice, l’amour et l’altruisme n’auraient pas leur place. Le mythe, en somme, de la loi du talion, ou du judaïsme comme particularisme exclusif. Ce serait contre cette monstruosité théologique que Jésus, un Juif plus éclairé, se serait élevé en disant: «Vous avez appris qu'il a été dit: œil pour œil, et dent pour dent. Mais moi, je vous dis de ne pas résister au méchant. Si quelqu'un te frappe sur la joue droite, présente-lui aussi l'autre.»[1] Le même Jésus enseignerait aussi contre la religion de ses pères: «Tu aimeras ton prochain comme toi-même»[2] et «Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent.»[3]. 

En vérité, le principe de faire du bien à son ennemi est directement tiré de la Torah, du Pentateuque[4], autrement dit de la loi juive[5]. «Tu aimeras ton prochain comme toi-même» est une citation du Lévitique[6], qui précise quelques versets plus loin qu’on doit également aimer l’étranger en mémoire de l’esclavage en Egypte[7]. L’opposition, enfin, entre «œil pour œil et dent pour dent» et la patience face au mal, a aussi donné lieu à beaucoup de contresens: je me contenterai de signaler que la «loi du talion» n’est pas censée être appliquée littéralement mais sert plutôt de norme compensatoire (la valeur d’un œil pour un œil perdu), et que tendre l’autre joue à l’agresseur est aussi une formule de la Bible juive[8], qui n’a d’ailleurs pas davantage force de loi dans le judaïsme que dans le christianisme: nulle cour de justice ne demanderait à un plaignant d’agir ainsi.

Le second mythe est celui, apologétique ou bien-pensant, d’une religion débonnaire, qui n’aurait jamais connu la violence ou la haine. Nombre de Juifs laïques ignorent tout simplement la violence de la Bible et l’existence de sources, nombreuses, qui feraient ressembler le judaïsme d’aujourd’hui à Daech ou au moins à la République Islamique d’Iran, si elles étaient appliquées telles quelles. D’autres ne les ignorent pas mais préfèrent garder le silence à leur sujet, ce qui peut partir d’une bonne intention, mais laisse malheureusement le champ libre aux fanatiques qui connaissent ces sources et ont beau jeu de dire: «Nous sommes les meilleurs représentants de la Torah, nous ne cherchons qu’à l’appliquer au mieux.»

Les guerres saintes juives

Intéressons-nous un instant à la violence contre l’autre, le non-Israélite, celui qui ne se situe pas dans l’Alliance. Dans la Bible elle-même, nous trouvons des sources contradictoires, certaines normatives (le commandement d’exercer tel ou tel type de violence contre tel ou tel type de personnes, les Cananéens ou les Amalécites par exemple, ou celui d’épargner ou de protéger un groupe donné, les Gabaonites ou, mettons, les esclaves non-juifs ayant fui de chez leurs maîtres), d’autres narratives (par exemple, les récits d’exterminations massives dans le Livre de Josué ou celui du massacre, par les fils de Jacob, des habitants de Sichem, massacre désavoué par le patriarche, mais d’autres massacres rapportés sont, au contraire, l’accomplissement de la parole divine), et on peut franchement dire que face à tant de diversité, chacun voit un peu midi à sa porte.

La notion de guerre sinon sainte, du moins voulue par Dieu, existe dans le Pentateuque

La notion de guerre sinon sainte, du moins voulue par Dieu, existe dans le Pentateuque, et la Halakha –ensemble des prescriptions et coutumes qui forment la Loi juive– l’a codifiée, de façon théorique au moins. Les Hébreux ont le commandement de faire la guerre aux Cananéens pour s’installer à leur place sur la terre que Dieu a promise à leurs ancêtres: 

«Tu anéantiras tous les peuples que l’Eternel ton Dieu te livre, sans laisser ton œil s’attendrir sur eux; et tu ne serviras pas leurs dieux, car ce serait un piège pour toi.»[9]

Josué appliquera ce principe en exterminant les habitants de Canaan à l’exception de quelques uns. Le judaïsme serait-il né d’un génocide? C’est quand même aller un peu vite en besogne. D’abord, on ne parle pas de «Juifs» avant l’exil à Babylone, soit de nombreux siècles après la date supposée de la conquête de Canaan, et le judaïsme que nous connaissons est lui-même surtout le fruit du second exil, consécutif à la destruction du Temple par les Romains en 70 de notre ère. Ensuite, il y aurait une chose rassurante dans cette histoire, à part peut-être pour les tenants d’une lecture littérale de la Bible: nombre d’archéologues pensent que les Hébreux étaient des autochtones cananéens et n’ont jamais conquis la «terre promise» pour la bonne raison qu’ils y vivaient déjà et se sont séparés progressivement de leurs voisins, que cette extermination n’a en somme jamais eu lieu [10]. Cela veut aussi dire que ce commandement, même à l’époque où il fut édicté, n’était pas littéralement applicable et qu’il s’inscrit plutôt dans une mythologie guerrière, peut-être comparable aux récits de l’Iliade.

Une autre population que la Torah livre à l’extermination a pour nom Amalec. Peuplade qui n’est mentionnée nulle part ailleurs (ce qui en a conduit plus d’un à y voir également un nom allégorique) et qui est évoquée pour sa cruauté à l’égard des Hébreux. Alors que les Cananéens peuvent espérer une rédemption en acceptant la domination hébraïque et la loi divine, et que le Livre de Josué rend même hommage à la prostituée cananéenne Rahab devenue membre de l’Alliance, les Amalécites n’ont apparemment aucun espoir d’échapper à la vengeance d’Israël. «Souviens-toi de ce que t'a fait Amalec, lors de votre voyage, au sortir de l'Egypte; comme il t'a surpris chemin faisant, et s'est jeté sur tous tes traînards par derrière. Tu étais alors fatigué, à bout de forces, et lui ne craignait pas Dieu. Aussi, lorsque l'Éternel, ton Dieu, t'aura débarrassé de tous tes ennemis d'alentour, dans le pays qu'il te donne en héritage pour le posséder, tu effaceras la mémoire d'Amalec de dessous le ciel: ne l'oublie point.»[11]

Cananéens et Amalécites sont les uns comme les autres l’objet d’un commandement d’extermination ou à tout le moins de guerre, de milhemet mitzva –«guerre obligatoire». Les sources rabbiniques ont traité ce point avec ambivalence. Pour les Cananéens, la guerre avait déjà eu lieu ou était censée avoir eu lieu du temps de Josué et le Talmud enseigne que les nations concernées n’existent plus, qu’elles ont été mélangées et que le commandement de les exterminer, de les asservir ou de les refuser comme prosélytes au sein de la communauté d’Israël est caduc[12]. 

Pour Amalec, c’est une autre histoire. D’abord, on ne sait pas de qui il s’agit précisément. Dans Reckless rites, un livre passionnant consacré à cette figure archétypique du mal, à la violence dans le judaïsme et à la fête de Pourim qui commémore la victoire de la reine judéo-perse Esther sur l’Amalécite Haman, l’historien Elliott Horowitz montre que l’on trouve dans le Talmud et dans la tradition rabbinique différentes stratégies face au commandement biblique relatif à Amalec. Insister sur le fait qu’il fait précisément partie des peuples qui ont disparu avec les Cananéens et les autres; sur le caractère inapplicable du commandement tant que les Juifs sont en exil; sur le fait que tout Amalec a déjà été exterminé (sic), que cette mitzva, ce commandement ne s’applique pas aux individus qui abandonneraient la voie amalécite ou encore sur le caractère allégorique de la figure et du nom d’Amalec. Ce sont peut-être des stratégies de neutralisation de la violence biblique, plus ou moins vouées au succès. Et dans les commentaires et codifications médiévales on en trouve qui mentionnent l’extermination d’Amalec comme une loi (sans toutefois identifier le peuple concerné, ce qui rend de facto cette loi impossible à appliquer), et d’autres qui ne la mentionnent pas et s’en tiennent au souvenir de ses méfaits: c'est le cas du Shoulhan Aroukh, la somme halakhique du XVIe siecle à laquelle tend à se conformer l'orthodoxie juive aujourd'hui encore.

Littéralité et interprétation

La violence qui s’est exercée contre les Palestiniens «au nom de la Torah» fait partie du judaïsme et n’en fait pas partie, un peu comme Daech fait partie de l’islam et n’en fait pas partie

La violence qui s’est exercée contre les Palestiniens «au nom de la Torah», que ce soit le martyre, il y a un an, du petit Mohammed Abu Khdeir, ou l’assassinat d’un bébé il y a quelques jours, ou encore le massacre d’Hébron par Baruch Goldstein en 1994, fait partie du judaïsme et n’en fait pas partie, un peu comme Daech fait partie de l’islam et n’en fait pas partie.

N’en fait pas partie dans la mesure où Josué n’était pas techniquement juif, et où ce type de violence exterminatrice relève de quelque chose qui n’était pas encore le judaïsme. A cela s’ajoute le fait que la tradition prophétique a davantage insisté sur l’universalisme du message divin. Le fait, aussi et comme je viens de l’exposer, que la tradition rabbinique a cherché à neutraliser la violence des sources.

De même d’ailleurs pour l’agression d’homosexuels: les attitudes du judaïsme contemporain varient grandement, y compris dans le monde orthodoxe, à l’égard de l’homosexualité. Mais si le commandement biblique de mettre à mort l’homosexuel mâle existe bel et bien, il reste, même pour les fous furieux qui voudraient le voir appliqué dans l’absolu, inapplicable du fait de l’absence d’un Sanhédrin, seul tribunal habilité à prononcer des peines capitales. Ce qui permet de dire que Yishaï Schlissel, l'extrêmiste juif qui a poignardé six personnes lors de la gay pride de Jérusalem fin juillet, a certes agi mû par l’existence de sources violentes et par un climat orthodoxe homophobe, mais que son acte même ne serait pas justifiable en tant que tel halakhiquement, fût-ce selon une conception extrême et littérale de la Halakha. 

Quant au massacre de Palestiniens, outre l’infamie morale qu’il constitue, il ne saurait se justifier du point de vue halakhique, ne serait-ce que parce que les Palestiniens ne sont pas des Cananéens ou des Amalécites! Là encore, même les sources les plus contestables du point de vue moral ne peuvent pas vraiment servir d’appui à ce genre de barbarie.

Un phénomène inédit

On peut donc parler d’un phénomène étrange, peut-être inédit dans l’histoire juive. Du retour, au sein du monde religieux, d’une mythologie biblique que je pourrais même qualifier de pré-juive. Ce retour constitue plutôt une rupture avec le fil de la tradition, qu’une continuation. 

Les colons sauvages qui s'en prennent violemment aux Palestiniens sont plus près du mythique Josué, ou d’ailleurs de ses meilleurs ennemis cananéens –ou des mystérieux Amalécites– que du monde des écoles de Talmud traditionnelles. 

Mais attention, cela ne veut pas dire que le judaïsme ne serait pas en cause: il l’est en partie. Comme toute religion, comme toute culture ou civilisation, le judaïsme est divers, on y trouve des imaginaires et des systèmes de valeurs hétérogènes.

L'influence des rabbins

En même temps, ce qui se passe en ce moment peut aussi, dans certains cas, être vu, non pas comme une dérive «bibliste» mais bien comme celle d’un certain normativisme rabbinique. 

Parmi les inspirateurs du crime commis à Duma, il y a des rabbins, Yitzhak Ginzburg par exemple, qui dirige une yeshiva et prône les pires horreurs en se fondant sur le Talmud qu’il ne cite pas plus inexactement qu’aucun autre. Il y a Dov Lior, Grand Rabbin d’Hébron et de Qiryat Arba, qui, n’étant pas à une monstruosité près, affirmait pendant la guerre contre le Hamas que la Loi permettait de tuer tous les Palestiniens de Gaza si c’était nécessaire

L’influence de ces gens est limitée aux cercles extrêmes du sionisme-religieux, peut-être à quelques centaines de personnes, mais elle est réelle et lorsque, afin d’être interrogé sur ses liens avec l’auteur d’un livre de Halakha aux accents particulièrement violents, Lior fut arrêté après des années passées sans être inquiété malgré son fanatisme assumé, des rabbins qui n’étaient pas de son bord, le Grand Rabbin séfarade d’Israël parmi eux,s’émurent du traitement réservé par la police laïque à ce digne «sage».

La responsabilité des rabbins extrémistes est incontestable

Et pourtant, oui, la responsabilité des rabbins extrémistes est incontestable. Rares sont ceux qui versent directement le sang, mais leur appel à la double logique du kitsch biblique et du juridisme talmudique, a pu avoir des conséquences désastreuses. Avant l’assassinat de Yitzakh Rabin, certains d'entre eux le désignaient par exemple sous le nom de rodef, «assaillant», ce qui déclencha fatalement la réaction suivante: si Rabin est un rodef, il convient de l’empêcher de nuire. 

Le rodef est une notion halakhique bien précise, et non un mot qu’on prononce à la légère. Principe de légitime défense intelligemment codifié par le Talmud. Bien sûr, Rabin n’était pas techniquement un rodef mais avec un peu d’imagination, il était facile de le faire admettre à des esprits simples. La rencontre de trois choses a dès lors permis son assassinat: un imaginaire biblique grandiloquent, une logique talmudique poussée à l’absurde, et pas mal de folie. Ygal Amir est fou au sens où il croit que Dieu lui parle et surtout au sens où il prétend vivre en accord parfait avec des textes qui furent écrits il y a trois mille ans, mais, à n’en pas douter, il connaît bien les sources qui ont motivé son acte.

Mais il faut se souvenir à l'inverse qu'il peut y avoir un judaïsme traditionnel, observant, orthodoxe, qui soit en même temps conscient du caractère problématique de ses sources. D’éminentes figures du judaïsme le plus strict ont ainsi dénoncé la violence commise au nom du judaïsme ou même par l’Etat d’Israël– et ce, en partant des sources elles-mêmes. Yeshayahou Leibowitz, qui était à la fois sioniste et profondément religieux, n’hésitait pas à traiter certains de «Juifs nazis», ce qui lui valut l’ire de Rabin lui-même. Il dénonçait la torture et lui qui s’était battu pour la création de l’Etat juif estimait que l’occupation des territoires palestiniens était immorale et corrompait l’âme des occupants comme celle des victimes de cette occupation. Plus récemment, le rabbin Froman, lui aussi sioniste et vivant même «derrière la ligne verte» (c’est le fameux Orient compliqué…), s’illustra par son inlassable, presque folle quête de paix, et alla jusqu’à rencontrer en personne des dirigeants du Hamas. Alors oui, cela peut entrer en contradiction avec le sens littéral de certains versets bibliques ou de certaines sections talmudiques, mais le choix de voir la révélation comme un processus continu plutôt qu’un fait s’étant produit une fois pour toutes au Sinaï n’est pas une nouveauté dans le judaïsme. Certaines pratiques permises par la Bible, telles que la polygamie, furent interdites ensuite. Protéger les civils ne fait pas explicitement partie des prescriptions bibliques mais on peut l’envisager comme s’inscrivant dans un tel processus de développement moral et intellectuel.

Ambivalence de la Loi juive

Ce qui est heureux, et triste à la fois parce qu’on semble parfois l’oublier, est le caractère profondément dialectique et évolutif de la Halakha. Le fait que le Talmud mentionne une foule d’avis contradictoires. Que les rabbins aient fait beaucoup d’efforts pour neutraliser la violence de la tradition, et ce, dès l’époque la plus reculée. J’ai mentionné l’exemple d’Amalec mais on pourrait évoquer celui de la peine capitale: alors que la Torah en use un peu à tort et à travers, ils la rendent pour ainsi dire inapplicable. La Mishna –recueil de la Loi orale juive mis par écrit vers la fin du deuxième siècle de notre ère, dont le commentaire est contenu dans le Talmud– enseigne ceci: 

«Un Sanhédrin qui exécute ne serait-ce qu’une fois en sept ans est appelé destructeur. […] Rabbi Tarfon et Rabbi Akiva disent: Si nous siégions au Sanhédrin, nul homme ne serait jamais exécuté.»

Ainsi l’on voit que la belle idée du rabbin Delphine Horvilleur de faire violence aux textes pour ne pas faire violence aux hommes existe. A tout le moins jouer avec le texte, tricher s’il le faut. Le traitement d’Amalec et la peine de mort sont des exemples parmi d’autres.

1 — Evangile de Matthieu, 5: 38-39. Retourner à l'article

2 — Evangile de Marc, 12: 31 Retourner à l'article

3 — Evangile de Matthieu, 5: 43-44 Retourner à l'article

4 — La Bible juive, qui correspond grosso modo à l’Ancien Testament des chrétiens (en dehors de quelques livres apocryphes qui ne font pas partie du canon juif, et bien sûr sans compter le Nouveau Testament), se compose de la Torah ou Pentateuque, première source de la loi juive mais aussi chronique des tribulations du peuple hébreu, des Neviim ou Prophètes et des Ketouvim ou Hagiographes. Pour désigner la Bible, on parle en hébreu de Tanakh: c’est l’acronyme de ces trois parties. Retourner à l'article

5 — Exode, 23: 4-5. Retourner à l'article

6 — Lévitique, 19: 18 Retourner à l'article

7 — Lévitique, 19: 34. Retourner à l'article

8 — Lamentations, 3: 30. Retourner à l'article

9 — Deutéronome, 7: 16. Retourner à l'article

10 — C’est notamment la thèse, de plus en plus admise, d’Israel Finkelstein, professeur à l’Université de Tel Aviv Retourner à l'article

11 — Deutéronome, 25: 17-19. Retourner à l'article

12 — Par exemple dans le traité Yoma, 54 Retourner à l'article

David Isaac Haziza

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