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Son patron est un juif marocain et 80% de ses 200 collègues sont "étrangers": voici le témoignage de Suzy

 

 

L'arrivée massive dans toute l'Europe de migrants venant du Moyen-Orient et de l'Afrique provoque l'inquiétude de nombreux habitants. Et, chez de nombreuses personnes, fait (re)naître ou intensifie la méfiance vis-à-vis de l'"étranger" en général, y compris de celui qui vit en Europe depuis longtemps ou même depuis toujours dans le cas de Belges d'origine étrangère. Souvent, c'est par un contact régulier avec celui-ci que la peur s'estompe, que les points communs surpassent les différences. C'est le cas de Suzy. Elle travaille dans une entreprise où les "étrangers" sont majoritaires et nous a fait parvenir son témoignage.

Le témoignage de Suzy: "Les débats aux pauses sont parfois animés mais toujours dans le respect"

"Bonjour, je voudrais témoigner de ce que je vis chaque jour.

Je suis Belge, je travaille dans une société dont le patron est un juif marocain. Mes collègues sont à 80% étrangers, toutes couleurs, religions, et nationalités confondues.

Nous apprenons tous l'un de l'autre et je peux vous dire que si la boite tourne comme ça c'est grace à nous tous et notre vécu.

On est quand même 200 personnes.

Nous avons eu des refugiés politiques orientaux, des gens qui ont appris le français en travaillant.

Notre patron nous à toujours fait confiance et laisser faire. Evidemment, les débats aux pauses sont parfois animés mais toujours dans le respect, et j'avoue que grâce à mes collègues étrangers j'ai arrêté de voir midi à ma porte et compris bien des choses concernant la politique étrangère et mondiale!

Il faut savoir aussi que les première personnes qui sont affolées par tous ces débats sont les musulmans qui sont nés et vivent ici avec leur famille. Ils sont stigmatisés deux fois, par nous les Belges et par les extrémistes de leur religion. Je peux vous dire qu'ils sont inquiets pour l'avenir de leurs enfants et le racisme montant. Je constate aussi que tous ces gens travaillent, paient des impôts, qu'ils font souvent des jobs pas gratifiants. Dans la maison de repos de ma maman (modeste) ce ne sont que des étrangers qui s'occupent de nos vieux, dans celle de Pacheco c'est un étranger qui est directeur, les taximen sont aussi des étrangers, les nettoyeurs de la stib.

Alors, c'est vrai, il y a eu une politique d'assistanat et c'était facile de profiter du système. Mais à qui la faute ? Moi aussi, si j'avais été à l'étranger j'aurais peut-être profité!

Nous n'avons pas encadré ces gens, c'est de notre faute! Maintenant que nous sommes dans le jus et mis les pieds au mur, on fait quoi? Le racisme à 2 balles c'est bon. Bien sûr qu'il y a des voyous, des profiteurs, mais chez nous aussi.

Méfions-nous des vrais méchants, je vous laisse deviner qui ils sont.

Je vais terminer mon témoignage par une anecdote. Mon plus proche collègue est marocain, il a grandit aux Marolles et quand il a acheté sa maison, son choix a été vite fait: Jette, car pour lui, il est bruxellois dans l'âme. Ses enfants étudient dans une école flamande et ils parlent français à la maison. Il aime l'humour belge et français, son frère a été pendant 40 ans cuisinier "Chez léon" à Bruxelles. Croyez-moi, le but de tous les étrangers est d'avoir un travail, une maison et une bonne éducation pour leurs enfants. En tout cas ceux que moi je fréquente ou que je connais plus amicalement. Voilà mon opinion, elle vaut ce qu'elle vaut. Je ne suis pas naïve, je sais qu'on ne vit pas au pays des bisounours."

RTL

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