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L’Iran, à revers du bon sens (info # 010912/15)[Analyse]

Par Jean Tsadik © MetulaNewsAgency

 

Le mois dernier, la "République" Islamique d’Iran a testé le Emad, un missile balistique de moyenne portée. L’engin est une des nombreuses déclinaisons du Shihab-3 (Météore) ; il a la particularité, outre son rayon d’action de près de 1 700 km et sa précision à l’impact de l’ordre de 500 mètres, de posséder un nouveau véhicule de rentrée dans l’atmosphère, qui a la propriété d’être orientable afin de tenter d’échapper aux missiles anti-missiles, en particulier, les Arrow (Khetz, Flèche) israéliens.

 

Si les caractéristiques publiées de l’Emad sont exactes, les Arrow de la seconde génération auraient du mal à l’intercepter, alors que les Arrow-3, qui évoluent à l’extérieur de l’atmosphère terrestre, que l’on dit capables, en outre, de détruire des satellites en orbite, et qui se trouvent en phase de mise au point avancée, devraient y parvenir, selon le collège des experts internationaux, sans rencontrer de problèmes particuliers.     

 

Au-delà de ces considérations techniques, l’Iran a l’interdiction de recourir à des essais attenants aux missiles balistiques en application d’une résolution du Conseil de Sécurité datant de 2010. Laquelle résolution demeure en vigueur jusqu’à son remplacement par la réalisation des clauses du traité signé le 14 juillet dernier entre Téhéran et les grandes puissances.

 

A partir de la mise en place des conditions du traité, les sanctions seront abolies, y compris celles concernant les missiles balistiques – ce qui nous avait vivement interloqués à Métula -, pour être remplacées par une "prière", adressée à l’Iran par les 5+1 le 20 juillet, lui demandant – mais sans dimension contractuelle ou comminatoire – de s’abstenir, pendant "une période allant jusqu’à huit ans", de tout travail sur des missiles balistiques capables d’emporter des charges nucléaires.

 

L’Administration U.S avait expliqué cette nouvelle concession par sa prétendue "volonté de ne mélanger la question du nucléaire avec aucune autre", ce qui peut sembler sibyllin, lorsqu’on remarque que les sanctions contre les tests des fusées balistiques seront remplacées par les dispositions prises l’été dernier à Vienne.

 

En octobre dernier, les Perses étaient déjà passés outre les dispositions internationales en lançant un précédent missile balistique d’essai. Les USA, la Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne avaient alors saisi le Comité (de supervision) des sanctions visant l’Iran auprès du Conseil de Sécurité en lui demandant d’agir contre l’infraction commise par la théocratie iranienne.

 

Mais aucune action n’avait été prise par le comité ad hoc ; de plus, en dépit de l’annonce faite par les Etats-Unis du tir de l’Emad en novembre, les délégations des membres du Conseil n’ont reçu aucune nouvelle notification officielle de l’incident.

 

Malgré les déclarations de l’Administration Obama, selon lesquelles les Etats-Unis entendaient que l’incident soit examiné dans sa profondeur, nous sommes certains que cette grave infraction au traité ne remettra pas les accords en question, comme cela aurait dû être le cas avec, à la Maison Blanche, un président moins débonnaire face aux transgressions iraniennes.

 

Les messages allant dans ce sens se succèdent et concernent tous les différends existant avec les ayatollahs, alors même que ces derniers semblent éprouver un malin plaisir à ridiculiser les 5+1, et singulièrement l’Amérique, à la moindre occasion.

 

A propos de l’essai de l’Emad, ils affirment ainsi que ce missile, qui peut emporter une charge utile de 1 750 kilos, n’a pas pour vocation de transporter des bombes atomiques et n’est ainsi pas concerné par les sanctions en place.

 

Autre engagement non tenu des Iraniens, celui de fournir aux enquêteurs de l’AIEA toutes les informations nécessaires pour leur permettre de déterminer si la "République" Islamique s’est livrée à une activité militaire relative à son programme nucléaire ou s’y livre encore. Selon les termes du directeur général de l’AIEA, M. Yukiya Amano, sont concernées "toutes les questions passées et présentes qui restent en suspens".

 

C’est le dossier de la "Possible Dimension Militaire", ou PMD, des activités iraniennes. Or non-contents de ne pas avoir répondu aux attentes de l’AIEA jusqu’à la date butoir du courant du mois de décembre, les Perses exigent dorénavant la fermeture de ce dossier, en faisant une condition à l’application de l’accord de Vienne.

 

C’est notamment ce qu’a fait Mohammad Zarif, le ministre iranien des Affaires Etrangères, dimanche dernier, précisant que les 5+1 s’étaient engagés à fermer ce dossier, mais "oubliant" qu’ils auraient dû, pour ce faire, avoir accès à la documentation que son pays s’était engagé à leur fournir et qu’il ne leur a évidemment pas remise.

 

Reste, qu’en dépit des conditions de travail minimalistes dans lesquelles ils ont été confinés, les inspecteurs de l’agence viennoise sont parvenus à détecter "une série d’activités liées au développement d’un engin explosif nucléaire (…) dans le cadre d’un effort coordonné [un programme. Ndlr.]", ce que les Iraniens avaient toujours nié, traitant l’ensemble des spécialistes de la planète de menteurs.

 

Yukiya Amano peut être formel : l’Iran a mené avant 2003 une série de travaux pour se doter de l’arme atomique, même si aucune indication tangible ne permet d’affirmer que ces travaux se sont poursuivis après 2009.

 

Pour se prononcer sur cet aspect des choses, il faudrait pouvoir envoyer les commissaires sur les sites sur lesquels ils soupçonnent que ce sont déroulées des opérations liées au programme militaire perse. Mais les 5+1, et en particulier Messieurs Kerry et Obama, en acceptant, lors des négociations, des termes qui rendent pratiquement impossibles ces visites d’inspecteurs, empêchent l’AIEA de faire une réponse plus complète, une réponse "en noir ou blanc", comme l’aurait souhaité M. Amano. Mais il a d’ores et déjà annoncé qu’il ne serait pas en mesure de faire un compte-rendu aussi tranché.

 

Le diplomate japonais a précisé que l’agence qu’il dirige possède, après une longue et délicate enquête, "une meilleure compréhension des activités passées de l’Iran", mais il n’est pas en mesure, dans les limites qui lui ont été imposées, de répondre à toutes les questions que se posent les gouverneurs de l’AIEA.

 

Le dossier des PMD sera examiné mardi prochain par les gouverneurs, en application de la feuille de route adoptée avec l’Iran en marge de l’accord de juillet. Les participants auront la tâche ardue de déterminer si les conditions pour la fermeture du dossier sont réunies – et on sait déjà qu’elles ne le sont pas -, ou s’il y a lieu de faire pression sur Téhéran afin qu’il réalise ses engagements. En principe, si les gouverneurs de l’AIEA refusaient de donner leur feu vert, la levée des sanctions frappant les ayatollahs devrait être bloquée.

 

Mais les dés sont pipés, l’Administration Obama ayant déjà fait savoir que les conclusions sur les PMD n’entraveraient pas la levée des sanctions. Dans ces conditions, on se demande à Métula pourquoi on va faire perdre leur temps aux gouverneurs et pourquoi on avait convenu en juillet des conditions déjà très laxistes de réalisation du traité, dont on renonce à exiger l’application en décembre.

 

La prochaine étape, censée intervenir ces prochaines semaines ou ces prochains mois, consistera à la remise par l’AIEA d’un autre rapport, concernant le respect par l’Iran de ses engagements préliminaires à l’application de l’accord nucléaire. Ce rapport, s’il est positif, devrait coïncider avec le début de la levée graduelle des sanctions économiques frappant Téhéran.   

 

Comble de l’arrogance, ce sont les Iraniens qui exigent désormais la fermeture du dossier des PMD comme préalable à l’arrêt d’une partie des centrifugeuses toujours en activité, de l’exportation des stocks d’uranium enrichi et du début des travaux visant à rendre inoffensif le réacteur à eau lourde d’Arak.

 

Ils auraient tort de se gêner, puisque le chef d’orchestre de la planète Terre, Barack Obama, a décidé d’annoncer la mise en œuvre du traité à quasiment n’importe quel prix, au risque, de plus en plus matériel, de libérer les prêtres chiites de la plupart de leurs engagements – au présent et dans le futur – tout en poursuivant vers la levée des sanctions qui les brident.

 

Il faut dire aussi que des milliers d’entreprise et d’Etats n’ont pas attendu les réunions d’experts à Vienne pour assaillir Téhéran afin d’y négocier des contrats faramineux. On trouve tous les capitaines d’industries dans la capitale de la "République" Islamique ; des constructeurs de voitures et de camions européens et asiatiques, aux fournisseurs d’avions civils, en passant par les géants des industries pharmaceutique et médicale, sans oublier les producteurs de matériels de pompage, de transport, de raffinage et de chargement du brut.

 

Bien plus inquiétant, on sait que la Russie de Vladimir Poutine a signé un contrat pour la fourniture d’un système sophistiqué de défense antiaérien et antimissiles S-300 ou S-400. On est également au courant de juteux accords d’achat d’armement avec des fournisseurs d’Extrême-Orient.

 

Devant ces activités qui se chiffrent en dizaines de milliards de dollars dans le bazar de Téhéran, les tirs de missiles balistiques passent presque inaperçus, autant que la quête des informations relatives aux activités nucléaires militaires de la junte aux affaires en Iran.

 

Ce ne sont pas ces infractions, observées avant même la mise en œuvre du traité de Vienne, qui vont freiner le business. Ce, même si l’Emad fait entrer l’Iran dans la famille des propriétaires de missiles IRBM, c’est-à-dire de portée intermédiaire, et le fait progresser à grands pas vers le cercle encore plus fermé des détenteurs de LRBM (Long Range Ballistic Missiles), les missiles balistiques de longue portée, qui leur permettront de menacer New-York.  

 

Les Pasdaran sont déployés en Syrie et au Yémen, en Irak et au Liban ; dans ces deux derniers pays, aucune décision politique ne se prend plus sans obtenir l’approbation préalable des mollahs perses.

 

Les Occidentaux sont tombés sur la tête : ils mènent une guerre d’anéantissement contre DAESH, un organisme fossile de 100 000 miliciens, dont les armes les plus modernes sont des mitrailleuses des années soixante, pendant qu’ils exonèrent un Etat voyou de 78 millions d’habitants, doté d’une armée de deux millions et demi de soldats (y compris les réservistes, environ pour moitié), et de 2 000 chars d’assaut. Un régime autocrate et sanguinaire, qui possède effectivement un projet nucléaire militaire ainsi qu’un programme de missiles de plus en plus affinés pour vous les envoyer sur la figure.   

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