Donald Trump, de l'amour à la haine
Le journaliste américain Ron Fournier explique dans «The Atlantic» pourquoi Donald Trump lui donne à la fois des palpitations… et des boutons.
«J’aime ce que Donald Trump fait à la politique. Je déteste sa façon de procéder.» Ron Fournier est décidément partagé. Journaliste politique pour le mensuel américain The Atlantic, il a suivi de nombreuses campagnes présidentielles et tient à expliquer dans un article ce rapport«amour-haine» qu’il entretient avec Donald Trump, un des candidats républicains favoris pour la présidentielle américaine.
Trump et les médias
Amour. Donald Trump est partout. Accessible, omniprésent, le candidat est l’invité de nombreuses émissions télévisées. Et quand il ne passe pas son temps à répondre aux présentateurs, il anime lui-même des conférences de presse. Contrairement à d’autres candidats, il dépense très peu dans ses campagnes publicitaires. Pour lui, les communicants sont des pures fraudes à prix élevé. Pour amplifier son message, Trump préfère Internet : il tweete et retweete à toute heure. Une parole constante et efficace, qui éveille ses supporteurs et met en rage ses ennemis. Un exemple pour tous les futurs candidats.
Haine. Mais le candidat républicain aime également exploiter l’obsession des médias pour le clic et les audiences. Il aime parler de lui, évoquer ce qui ne va pas dans le pays, mais à aucun moment les journalistes ne peuvent tester son courage. Chaque interview est l’occasion pour Trump de tyranniser ses opposants. Des faits vérifiés ? Très peu pour lui. Vraiment, le journaliste Ron Fournier déteste sa façon de mentir. Et puis il y a ce message de haine que Trump colporte. Selon lui, il faudrait se méfier des Mexicains, des musulmans et d’un certain président afro-américain qui ne serait pas né aux Etats-Unis. Les femmes ? Il les décrit comme des «animaux dégoûtants, des truies, des chiennes et des bonnes à rien». Et quand une journaliste ose lui citer ses propres propos, il réagit en la traitant de «bimbo».
Trump et le public
Amour. Ron Fournier est de plus fasciné par la connexion que Donald Trump a avec son public. Face à des électeurs désintéressés et désillusionnés par la politique, il offre un changement radical. Des milliers de personnes font la queue, parfois sous la pluie, pour assister à ses meetings. Beaucoup savent que Trump est un candidat et un homme imparfait, mais ils ont trouvé en lui un porte-parole. Ron Fournier appelle les supporteurs de Trump les «fou, mais». «Il est peut-être fou, mais c’est un gagnant», disent-ils. Et l’Amérique perdante, ils n’en veulent plus. «Fou, mais il ne peut pas être pire que ceux qui sont déjà là» ; «Fou, mais il punit les institutions» ; «Fou, mais il rend les médias dingues» ; «Fou, mais il dit ce que moi je ne peux pas dire», déclarent-ils. Ce que le public aime, c’est qu’il bouscule les institutions : des élites qui n’ont pas réussi à s’adapter aux changements démographiques, technologiques et économiques de ces dix dernières années. Trump, c’est le doigt majeur qui s’agite devant le pouvoir en place.
Haine. Problème, le candidat préfère exploiter la peur des gens plutôt que de faire appel à leurs aspirations. Ses discours permettent aux Américains de pouvoir se lâcher en tenant des propos vraiment limite. Ron Fournier insiste : les électeurs de Trump ne sont pas fous, ils sont juste en colère.
Le journaliste de The Atlantic le reconnaît : le modèle de rejet utilisé par Trump pourrait bénéficier aux futures générations de politiciens. Mais, pour lui, il n’est pas question que Donald Trump devienne le prochain président des Etats-Unis. Si le journaliste respecte les électeurs du candidat républicain, il déteste le personnage. Alors quand Trump aura fini d’irriter et d’agiter la classe politique, Ron Fournier espère que les Américains trouveront mieux pour incarner le changement tant espéré.