Arrêtez de vous excuser d’être juif auprès de la gauche comme de la droite
La communauté juive américaine devrait accorder bien plus d’attention à ce qui se dit sur les juifs à l’occasion de la campagne électorale américaine écrit dans Forward Noam Neusner, expert en communication et ancienne plume à la Maison Blanche de George Bush. Forward est un célèbre journal juif américain fondé en 1897 comme quotidien socialiste en yiddish. Il est aujourd’hui un hebdomadaire influent publié en yiddish et surtout en anglais.
Pour Noam Neusner, les juifs sont devenus aux Etats-Unis, comme ailleurs dans le monde depuis quelque années, une cible à la fois de l’extrême gauche et de l’extrême droite. «Pour la gauche radicale, les juifs sont trop puissants, trop privilégiés, trop blancs pour mériter qu’on les défende contre l’intolérance, les attaques personnelles et les comportements ouvertement racistes… De la droite alternative de Trump viennent des propos assimilant les juifs à des parasites qui se sont infiltrés dans la société américaine pour la gangréner et sont de faux-blancs…».
Comme le résume l’écrivain Jeffrey Goldberg, il s’agit d’une situation symétrique de haine raciale. «Dans les campus, (où la gauche radicale est très présente) l’antisémitisme est nié parce que les juifs sont blancs et pour certains partisans de Trump les juifs sont des ennemis de la race blanche».
Mais ce n’est pas seulement une question raciale, c’est aussi une question de statut et sur ce point l’extrême gauche et l’extrême droite se rejoignent souligne Noam Neusner. Ils sont d’accord sur le fait que les juifs sont trop puissants, trop privilégiés et finalement n’ont rien à faire dans l’Amérique dont ils rêvent les uns et les autres. Une attitude contre laquelle Noam Neusner appelle à se battre.
«Pour faire court, nous sommes revenus dans la situation où nous sommes accusés d’être un peuple avec la capacité de Raspoutine d’hypnotiser ceux qui ont le pouvoir et de mener ainsi l’Etat selon nos intérêts. Et c’est là que se trouve le problème. Face à ce néo-antisémitisme nous répondons avec prudence et répugnance. Sur les campus, nous avons déjà vu la naissance d’une génération de juifs de gauche dont l’idéologie est celle de leur grand-mère: la culpabilité. Ils se sentent trop gâtés par leur éducation et leur soi-disant privilèges. Et ils se sentent aussi honteux et responsables des choix politiques et militaires que fait Israël. C’est ridicule. Si Israël n’était pas associé au peuple juif, cet Etat serait considéré comme un des plus grands succès de l’histoire récente. Un peuple revenant en haillons sur sa terre d'origine et construisant en dépit de menaces et d’attaques ininterrompues une démocratie moderne, prospère, multi-ethnique et multiraciale.
Nous ne méritons pas la culpabilité et la honte. Regardez nos campus, nos hôpitaux, nos musées, nos librairies, nos écoles, nos sociétés, nos institutions et nos soldats. Nous sommes arrivés dans ce pays à sa périphérie et nous avons avancé en son centre. Si quelqu’un est gêné par cette réussite, notre réponse ne doit pas être la culpabilité ou la peur, mais une ferme résolution. Nous sommes autant des Américains que les autres et nous avons à nous excuser de rien».