Hommage a Joseph Sitruk, ancien grand rabbin de France
DÉCÈS - L'ancien grand rabbin de France Joseph Sitruk, guide spirituel de la première communauté juive d'Europe pendant plus de 20 ans, est mort dimanche 25 septembre à Paris à l'âge de 71 ans.
Victime d'une attaque cérébrale en 2001 et malade depuis plusieurs années, il est décédé à l'hôpital, a-t-on appris dans l'entourage du grand rabbin de France Haïm Korsia, qui fut son collaborateur et a fait part de sa "tristesse et douleur immense".
Un office d'hommage aura lieu à 19H30 à la Grande synagogue de la Victoire à Paris.
"Tristesse" et hommages
Dès l'annonce de son décès, les réactions se sont multipliées pour saluer la mémoire de ce séfarade chaleureux, né à Tunis le 16 octobre 1944, qui a exercé les fonctions de grand rabbin de 1987 à 2008.
"Beaucoup de tristesse au moment où j'apprends la disparition du Grand Rabbin Joseph Haïm Sitruk Zats'al. Il fut un maître et un ami", a tweeté Gilles Berheim, qui lui avait succédé de 2009 à 2013.
"Que sa mémoire soit bénie", a réagi le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) dans un tweet faisant part de sa "tristesse", tout comme l'imam de Drancy, Hassen Chalghoumi, qui se souvient "de longues discussions tout au long de ces années" et des "souvenirs de Tunisie" partagés.
Côté politiques, François Hollande a salué une "figure marquante du judaïsme français". "Le Président de la République a appris avec tristesse le décès de Joseph Sitruk au terme d’une longue maladie", écrit l'Elysée dans un communiqué. "Homme de dialogue, défenseur de la laïcité, il était une figure marquante du judaïsme français", salue le chef de l'Etat.
L'ancien chef de l'État Nicolas Sarkozy a estimé dans un tweet qu'"avec la mort du grand rabbin de France Sitruk, la République perd une grande figure, ayant marqué durablement le judaïsme français".
Pour le candidat à la primaire de la droite Alain Juppé "la France perd un grand homme de dialogue"
Le chef de file des députés PS Bruno Le Roux a, lui, salué un homme "avec qui c'était toujours avec plaisir et joie que se menait l'échange".
Aussi charismatique qu'intraitable sur l'orthodoxie religieuse
Tout au long de ses trois mandats de grand rabbin, cet homme à la barbe fournie aimait à cultiver des relations nourries avec les représentants des autres cultes et les responsables politiques.
Adjoint du grand rabbin de Strasbourg à 26 ans, il devient dès 1975, à 31 ans, grand rabbin de Marseille, avant d'être élu grand rabbin de France pour un premier mandat de sept ans en 1987.
Se disant favorable à "une société ouverte, contre toute forme de ghetto", il a défendu l'intégration des juifs mais pourfendu leur assimilation, voulant "rejudaïser les juifs" en les ramenant dans les synagogues. Ce rabbin marié et père de neuf enfants a prôné une stricte observance de la loi juive, la "halakha", se montrant intransigeant sur les conversions, les mariages mixtes, le repos du shabbat ou dans la condamnation de l'homosexualité.
Il a également été critique d'une "laïcité intolérante" au risque de se heurter aux usages républicains, comme en 1994 lorsqu'il a appelé les juifs pratiquants à ne pas participer au second tour des élections cantonales, au motif qu'il coïncidait avec le premier soir de Pessah, la pâque juive.
Il avait à nouveau provoqué la polémique en juin à propos de la Gay Pride de Tel Aviv, qu'il considérait comme une "tentative d'extermination morale du peuple d'Israël".