Sacré « homme d’Etat de l’année », Hollande reçoit un peu d’amour à New York
Alexis Buisson - FrenchMorning
L’an dernier, à peu près au même moment dans l’année, un François Hollande au plus bas dans les sondages se prêtait à un bain-de-foule comme il les aime sur Times Square et même à une photo avec les danseuses du Moulin-Rouge. Lundi soir, il était toujours aussi bas dans les sondages. Les danseuses étaient parties, mais, bonne nouvelle, ses fans new-yorkais ne l’avaient pas délaissé.
Comme Nicolas Sarkozy avant lui, le chef de l’Etat recevait le Prix d’ « homme d’Etat mondial de l’année » d’Appeal of Conscious, une fondation inter-confessionnelle dirigée par le « rabbin de l’Amérique » Arthur Schneier pour promouvoir « la tolérance, la dignité humaine et les droits de l’Homme » . La très timide réponse française à la question des réfugiés est passée sous silence pour souligner au contraire le « leadership du président français pour préserver la démocratie et la liberté » au moment des attaques de 2015 « et pour sa contribution à la stabilité mondiale et la sécurité » . Ce, en présence de quelques journalistes (priés de ne pas poser de question).
Sous les ors du Waldorf-Astoria, le rabbin Schneier a été le premier à chanter les louanges du président en évoquant notamment son action pour « protéger les lieux de culte en France » et son déplacement à Auschwitz en janvier 2015. « Vous comprenez les dommages que font le racisme, la xénophobie et l’antisémitisme à la société civile » . Henry Kissinger, lors d’un véritable cours magistral de relations internationales, a loué ses prises de positions sur la lutte anti-terroriste. « Le président Hollande ne nous a laissé aucun doute sur la position de la France sur ce sujet. Du Mali au Moyen-Orient, il a défini une position sans ambiguïté. »
Le locataire de l’Elysée était bien entouré. Tournant le dos à deux rangées de diplomates, de leaders politiques (l’ancien maire Dinkins et gouverneur de New York Pataki), religieux (Archevêque de New York Timothy Dolan…) et d’hommes d’affaires, François Hollande partageait l’affiche du soir avec deux patrons: le milliardaire mexicain Carlos Slim et le président australien de la multinationale Dow Chemical Company Andrew Liveris. Dans la salle, il pouvait aussi compter sur une coterie de Hollandistes: Jack Lang, les ministres Jean-Vincent Placé et Ségolène Royal, Bernard-Henri Lévy… et l’urgentiste Patrick Pelloux, que le président ne s’attendait visiblement pas à croiser – M. Pelloux faisait partie de la délégation présidentielle.
Devant son auditoire, François Hollande a évoqué le 11-Septembre, les conflits qui naissent « quand la communauté internationale se dérobe » , ces « populistes qui ressurgissent » alors que « ma génération pensait que la démocratie était acquise » . Tout en réfléchissant sur le rôle des « femmes et des hommes d’Etat » auxquels « les crises s’imposent » , il a déroulé son bilan: la COP 21, preuve que « rien n’est inaccessible à la communauté internationale dès lors qu’elle prend ses responsabilités » , le Mali, la Centrafrique, la lutte contre l’antisémitisme… « Avec les mesures que nous avons prises, les actes antisémites reculent, mais un serait toujours trop » .
Et il s’est même offert une petite pique à Obama sur le dossier syrien en faisant allusion au rétro-pédalage américain face à une possible intervention militaire en Syrie en 2013. « La France était décidée à prendre ses responsabilité et j’appellerai devant les Nations Unies à ce que nous puissions trouver les conditions d’une trêve« .
Volontaire
A moins d’un an de l’élection de 2017, et à la veille de son discours devant l’Assemblée générale des Nations-Unies, le président a affiché son volontarisme à l’international, croyant qu’un « chemin pour la paix entre Israël et la Palestine » est possible. « Le pire serait de se résigner (…) Un jour il nous sera reproché de pas avoir agi » .
« Ce qui fait une femme ou un homme d’Etat, a-t-il conclu, c’est de savoir prendre des décisions utiles pour son pays et la planète. Si un jour je dois rendre compte de mes actions – et ça arrivera au delà des échéances -, cela sera sur les décisions que j’ai pu prendre pour le monde et mon pays » .
« Il a eu le courage d’appeler un chat un chat en parlant de terrorisme et d’islamisme radical. Beaucoup de chefs d’Etats n’osent pas faire ça. Il a été ferme. Dans son action au Mali, il a été extraordinaire, a estimé le rabbin Mikhael Cohen, directeur du Centre culturel juif pour francophones, après la soirée. Il faut encourager les Français à accepter le type de discours qu’il a fait ce soir« . Décidément, les Etats-Unis réussissent à Hollande.