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DÉCOUVRIR LE PATRIMOINE RELIGIEUX SÉPHARADE

By Elias Levy

 

Un matin du printemps 1983, le Rabbin Meir Abitbol découvrit hébété à la Bibliothèque nationale de Jérusalem “un trésor d’une richesse inouïe”: des milliers d’œuvres, de manuscrits et de traités talmudiques écrits au cours des cinq derniers siècles par d’illustres figures rabbiniques sépharades ayant vécu dans les pays du Maghreb et du bassin méditerranéen.

“Des écrits méconnus qui nous rappellent l’immense richesse du patrimoine religieux sépharade d’Afrique du Nord. Ces œuvres, d’une valeur intellectuelle inestimable, se sont éparpillées au fil du temps. Avoir pu les retrouver et les rassembler à la Bibliothèque nationale de Jérusalem, c’est indéniablement un grand miracle divin”, dit le Rabbin Meir Abitbol en entrevue.

Ces écrits de grands maîtres de la tradition religieuse sépharade ont été retrouvés parmi les milliers de livres de prières, d’oeuvres talmudiques, de manuscrits, de Sifrei Torah… raflés par les nazis dans les synagogues et les institutions communautaires juives d’Allemagne et des pays d’Europe qu’ils ont occupés durant la Seconde Guerre mondiale.

Ces livres et artefacts religieux, dont un grand nombre sont plusieurs fois centenaire, ont été restitués en 1954 par l’Autriche à l’État d’Israël, qui en a fait don à la Bibliothèque nationale de Jérusalem.

Tous ces biens appartenant à des communautés juives d’Europe avaient été regroupés et répertoriés dans une institution culturelle nazie sise en Autriche, pays annexé par l’Allemagne en 1938.

Né à Casablanca, au Maroc, le Rabbin Meir Abitbol a émigré à Montréal en 1968. Il a été l’un des principaux membres fondateurs de la Communauté sépharade du Québec, de la Synagogue Merkaz Sépharade, du Grand Rabbinat sépharade du Québec et de l’École sépharade -la première institution scolaire sépharade à avoir vu le jour au Québec.

Le Rabbin Meir Abitbol a fait son Aliya en 1981. Il a été pendant plusieurs années le directeur d’uneYéchiva sépharade établie à Bnei Brak, Ohel Moshé, qui comptait 700 élèves.

En 1983, la découverte inattendue de milliers d’œuvres et d’écrits rabbiniques sépharades à laBibliothèque nationale de Jérusalem l’encouragea à fonder l’Institut Bnei Issakhar.

Localisé à Jérusalem, cet Institut s’est fixé deux grandes missions: éditer des œuvres de grands maîtres de la tradition religieuse sépharade et assurer leur diffusion en Israël et auprès des communautés juives de la Diaspora.

Depuis sa création, l’Institut Bnei Issakhar a publié 350 livres et diffusé quelque 2000 œuvres en Israël et dans la Diaspora juive.

“Un très grand nombre de ces œuvres se trouvaient dans des maisons. Dans les communautés sépharades, particulièrement en Afrique du Nord, on avait très rarement accès à l’imprimerie. Du 16ème au 19ème siècles, les Rabbins et les érudits sépharades ont continué à écrire des œuvres très importantes, mais celles-ci demeurèrent sous la forme de manuscrits ou d’éditions imprimées dont la diffusion était très limitée. Des copistes continuèrent à réécrire ces œuvres pour leur communauté, mais la diffusion de celles-ci à l’extérieur était quasi inexistante”, explique le Rabbin Meir Abitbol.

L’ Institut Bnei Issakhar a publié des œuvres majeures du judaïsme nord-africain, certaines datant de 300 ou 400 ans. Des livres traduits de l’arabe à l’hébreu. Notamment, Menouhat Shalom -commentaires des Psaumes du Roi David- de Rabbi Yossef Zarka, une éminente figure rabbinique qui a vécu en Tunisie il y a 150 ans; les œuvres -en 7 volumes- de cinq géants du judaïsme tunisien,Rabbi Itzhak Lumbroso, Rabbi Rahamim Houita Hacohen, Rabbi Hacohen Itzhaki, Rabbi Chelomo Dana et Rabbi Yossef Zarka…

Le Rabbin Meir Abitbol est l’initiateur d’un projet éducatif ambitieux qui a pour but de perpétuer l’héritage spirituel sépharade plurimillénaire: la Bibliothèque sépharade mondiale.

Cette institution, qui sera établie à Jérusalem, abritera un centre d’études et de recherches comptant quelque 60000 livres et 20000 manuscrits mettant en valeur la tradition religieuse sépharade.

La Bibliothèque sépharade mondiale sera aussi dotée d’un fonds d’archives numérisées, d’un centre spécialisé dans la traduction de vieux manuscrits, d’un centre audiovisuel, de sa propre maison d’édition, d’un musée du judaïsme sépharade…

“Ce grand projet éducatif contribuera certainement à réhabiliter et à promouvoir le patrimoine spirituel, liturgique et culturel sépharade. J’espère que ce méga-projet se concrétisera dans un futur proche”, dit le Rabbin Meir Abitbol.

Ce dernier déplore que les Sépharades n’aient pas encore mis sur pied une Fondation du judaïsme sépharade dont la vocation première serait de soutenir financièrement des projets éducatifs ayant comme finalité la transmission de l’héritage spirituel et culturel sépharade.

“L’inexistence de ce type de Fondation culturelle, nombreuses depuis longtemps dans le monde ashkénaze, est l’une des grandes lacunes du monde sépharade. Les Sépharades se sont beaucoup investis dans l’édification de synagogues et de yéchivot, ce qui est très important, mais se sont moins souciés de l’éducation religieuse sépharade que nous avons le devoir de prodiguer aux jeunes Sépharades.”

Or, pour pérenniser le patrimoine spirituel sépharade, il est impératif de transmettre les diverses facettes de celui-ci aux nouvelles générations de Sépharades, estime le Rabbin Meir Abitbol.

La raison principale pour laquelle beaucoup de jeunes Sépharades, surtout d’origine marocaine, se sont éloignés du judaïsme traditionnel de leurs parents et grands-parents et ont adhéré à des mouvements ashkénazes orthodoxes, c’est parce qu’ils étaient en quête d’un judaïsme plus intellectuel et mieux structuré que celui qu’on leur proposait dans le cadre communautaire sépharade dans lequel ils ont grandi, affirme le Rabbin Meir Abitbol.

“Les leaders communautaires et les Rabbins sépharades ont laissé pendant longtemps un grand vacuum au niveau de l’enseignement religieux destiné à nos jeunes. Ce vide a été comblé par d’autres mouvements orthodoxes, majoritairement ashkénazes. C’est regrettable. Nous devons absolument être présents auprès des jeunes Sépharades et leur rappeler avec insistance qu’ils sont les légataires d’un patrimoine spirituel et culturel fabuleux que la plupart d’entre eux ne connaissent pas du tout. Les Sépharades ont perdu trop de temps. Ce travail éducatif essentiel doit être entrepris incessamment.”

L’Institut Bnei Issakhar s’évertue à montrer aux jeunes Sépharades qu’au cours des cinq derniers siècles le judaïsme de leurs ancêtres a produit une multitude d’œuvres rabbiniques et intellectuelles d’une immense originalité dont les tous les Sépharades devraient s’enorgueillir.

“Le Séphardisme n’aura aucun avenir s’il ne table pas sur l’éducation de nos jeunes. Faut-il rappeler que ces derniers sont les uniques garants de cet avenir”, conclut le Rabbin Meir Abitbol.

L’Institut Bnei Issakhar est localisé au 3 Ohaley Yossef st. P.O.Box 41241 Jérusalem. Tél.: 011972-2-5372265. E-mail: ormaarav@inter.net.il Site Web: wslibrary.com

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