Le Hamas réactive le front israélien
Le Hamas veut absolument empêcher l'Autorité palestinienne et le gouvernement israélien de parvenir à un accord sous la pression de l'administration Obama. Le massacre d'Itamar en est la démonstration.
On efface tout et on repart vers l’inconnu. L’attentat durant lequel un couple et ses trois bébés d’origine franco-tunisienne ont été égorgés dans la nuit du 11 mars dans l’implantation d’Itamar près de Naplouse en Cisjordanie, nous ramène plusieurs mois en arrière. A l’horreur succèdera la répression car ce cycle habituel est inscrit dans les gènes du conflit israélo-palestinien. Cet attentat ne semble pas être l’œuvre d’un fou, comme son exécution semble le laisser penser, mais bien une action politique préméditée. Chaque fois que les deux parties approchent d’une solution négociée, un attentat sanglant est ordonné pour contrecarrer toute idée d’avancée politique dans la région.
La fuite des assassins a été facilitée, selon les responsables sécuritaires de la région, par la levée de nombreux points de contrôle. Il est fort probable que le gouvernement israélien réagira en imposant à nouveau l’instauration de check-points dans la région pour limiter la circulation des palestiniens entre leurs villes. La collaboration qui s’était instaurée entre services de sécurité israéliens et palestiniens souffrira. Le gouvernement est convaincu que le Hamas n’est pas étranger à cette détérioration de la situation car les islamistes voyaient avec danger se profiler des accords secrets de paix.
Les services secrets israéliens viennent de révéler qu’une conférence, financée par l’Iran, s’est tenue la semaine dernière en secret à Khartoum, réunissant les chefs de toutes les organisations islamistes liées aux Frères musulmans dans le monde arabe dont le Hamas. Un plan a été élaboré pour réactiver le front israélien par des opérations des deux côtés de la ligne verte et par le lancement de missiles depuis la bande de Gaza, afin de susciter le déclenchement d’une troisième Intifada. L’objectif consiste à mettre un terme aux négociations de paix qui semblent faire des progrès dans le secret des échanges entre Israël et l’Autorité palestinienne. Le Hamas n'entend pas permettre à Mahmoud Abbas de retrouver autorité et prestige en parvenant à un accord avec le gouvernement israélien et sous l'égide de l'administration Obama.
A l’occasion de cette conférence secrète, les Frères musulmans ont établi un plan pour faciliter les soulèvements dans les pays arabes avec pour objectif final d’y prendre le pouvoir en profitant des soulèvements et des révolutions contre les dictatures. Les israéliens révèlent que s’étaient déplacés des délégués d’Egypte, de Tunisie, de Syrie, d’Irak, de Jordanie et même de Grande-Bretagne. Mahmoud A-Zahar ministre des affaires étrangères de Gaza, conduisait la délégation du Hamas tandis que Khaled Mechaal avait fait le voyage depuis Damas pour représenter la branche syrienne.
L’attentat d’Itamar risque de sonner le glas de la bonne volonté mutuelle des palestiniens et des israéliens de trouver un terrain d’entente. La réaction du gouvernement a été immédiate puisqu’un comité ministériel, réuni quelques heures après l’annonce de l’assassinat de la famille de cinq personnes, a approuvé la construction de centaines de logements dans plusieurs implantations de Cisjordanie alors que le gel des constructions était en vigueur depuis plusieurs mois. En représailles, les chantiers pour 500 unités de logement seront immédiatement lancés dans les villes de Gush Etzion, Maale Adumim, Ariel, et Kiryat Sefer. Cette décision va raviver la tension en Cisjordanie et pourrait inciter la palestiniens à une nouvelle Intifada.
L'attentat va renforcer les nationalistes israéliens, partisans de la méthode forte, qui craignent la vulnérabilité du pays aux attaques terroristes. Ils condamnent la liberté de circulation qui a été permise entre Naplouse au nord et Hébron au sud de la Cisjordanie qui est, selon eux, à l’origine de la tragédie.
Mahmoud Abbas, qui a tenu à condamner immédiatement l’assassinat, se trouve dans une situation délicate. Il est accusé par le gouvernement israélien de pousser les chefs de son organisation Fatah à soutenir en sous-main ce genre d’opérations. Ainsi, son premier ministre Salam Fayyad s’est borné à condamner «la violence de toutes les parties».
Le chef de l’Autorité palestinienne craint que les soulèvements arabes soient exploités par ses adversaires, le Hamas en particulier, pour chercher à le renverser. Dans le même temps, sous la pression de son opinion publique le gouvernement israélien a déjà commencé à reviser sa politique sécuritaire en Cisjordanie. La police et l’armée ont été mises en état d’alerte à la fois pour s’opposer aux éventuels attentats mais aussi pour limiter les risques de représailles à l’encontre des populations palestiniennes par les habitants juifs des implantations qui veulent venger par le sang la mort de cinq des leurs.
Jacques Benillouche