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Deux après l'Hyper Cacher, des commerces juifs entre vigilance et "vivre avec"

 

Ce jeudi, des hommages vont être rendus aux victimes des attentats de janvier 2015 par la mairie de Paris et le gouvernement. A l'Hyper Cacher de la porte de Vincennes, là où Amédy Coulibaly a assassiné quatre hommes, la communauté juive reste "vigilante" face à la menace terroriste.

Deux ans après l'attentat meurtrier contre le supermarché Hyper Cacher, à Paris, commerçants et clients de confession juive affichent une "vigilance" au quotidien, comme leur détermination à "vivre avec" la menace terroriste sans céder à la peur.

Une série d'hommages vont être rendus ce jeudi par le gouvernement et la mairie de Paris; A l'initiative du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), une autre cérémonie "d'hommage et de recueillement" aura lieu lundi devant l'Hyper Cacher de la Porte de Vincennes, dans l'est parisien, là où Amédy Coulibaly a assassiné quatre hommes et retenu en otages 29 personnes en ce jour d'affluence avant le shabbat, le repos sacré de fin de semaine dans la religion juive.

L'attentat antisémite le plus meurtrier en France depuis plus de 30 ans - avec celle de l'école confessionnelle Ozar Hatorah à Toulouse en 2012 - a marqué les esprits. Mais deux ans plus tard, le Crif, vitrine politique de la communauté juive, forte d'un demi-million de membres), souhaite "la plus grande sobriété" pour ce "triste anniversaire".

"Avant on voyait la police, maintenant il n'y a plus rien"

Sur place, en ce calme début d'année, rien ne témoigne de l'horreur vécue en janvier 2015, pas même une présence policière ou militaire.

Barbe grise et tête recouverte d'une casquette, Meyer, un médecin qui habite en Seine-Saint-Denis et consulte dans l'Essonne, a l'habitude de passer par ce quartier limitrophe du périphérique. Ce matin, il trouve rideau baissé à l'Hyper Cacher, fermé pour inventaire. Mais à proximité, traiteur et boucher sont ouverts. "Avant on voyait la police, maintenant il n'y a plus rien", constate-t-il, relevant qu'"une présence plus visible serait peut-être un peu plus sécurisante". Lui ne croit surtout pas au risque zéro: "On n'empêche pas le mal de se manifester..."

Les pouvoirs publics ont mis en avant leurs efforts pour protéger les lieux confessionnels depuis les attentats de janvier 2015, dont la totalité des quelque 800 écoles juives, synagogues et centres communautaires en France. A l'exception des entrées et sorties de classes, les gardes statiques ont depuis fait place à des patrouilles dynamiques, sans doute moins visibles mais qui "permettent de couvrir des zones plus importantes et d'avoir une meilleure réactivité", fait valoir le ministère de la Défense sur son site internet.

"On s'est efforcé de ne rien changer à nos habitudes"

Si les commerces communautaires ne font pas l'objet de mesures spécifiques, leur sécurisation peut éventuellement s'appuyer sur ces rondes. "A l'approche des fêtes juives, la sécurisation est renforcée. Et si un commerce fait l'objet d'une menace particulière, directe ou écrite, un dispositif est mis en place", a assuré une source policière à l'AFP.

Les commerçants peuvent aussi compter sur le Service de protection de la communauté juive (SPCJ). "La communauté juive est puissamment impliquée dans la sécurité et la prévention depuis des décennies", explique Ariel Goldmann, ancien porte-parole de ce service créé en 1980, au lendemain de l'attentat de la rue Copernic à Paris, qui avait fait quatre morts.

Caroline, qui tient un petit restaurant de sushis casher dans le 17e arrondissement, se souvient des appels du SPCJ demandant, après les attentats de janvier 2015, "de signaler tout ce qui pouvait paraître étrange". "On s'est efforcé de ne rien changer à nos habitudes, mais on avait parfois la boule au ventre. Le rideau de fer, on évitait d'être seul pour le fermer", confie-t-elle.

"J'ai plus peur aux Galeries Lafayette qu'à l'Hyper Cacher"

Porte de Vincennes, le responsable d'un traiteur casher a fait réaliser un rideau verrouillable de l'intérieur. Sortant d'une boucherie à côté, Sally, une cliente, dit rester "sur le qui-vive. Mais on mange casher, on est bien obligé de s'approvisionner". Son amie Déborah acquiesce: "On vit avec. D'ailleurs, tout le monde est touché par le terrorisme. Personnellement, j'ai plus peur aux Galeries Lafayette qu'à l'Hyper Cacher".

Pour Ariel Goldmann, président du Fonds social juif unifié (FSJU), "la menace terroriste contre la communauté juive, de l'avis de tous les experts, reste très élevée". Et diffuse, ce qui ne simplifie pas la protection des nombreux commerces communautaires: "Attaquer la routine est très attractif pour maximiser l'impact de la terreur sur le grand public".

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