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Mes hommes

 

 

  Regard de braise, œil de velours, regard azur pers ou jade, timides ou sûrs  de vous,

Je vous aime.

Je t’aime enfant plein de rêves et de candeur, les yeux qui brillent, les poings qui serrent trois noyaux d’abricots, la main qui s’ouvre pour offrir à la plus belle, à maman, des fleurs de jasmin.

Je t’aime enfant appliqué, front buté, avide de savoir, penché sur tes livres.

Je t’aime au sortir de l’adolescence, dans la confusion totale, découvrant les plaisirs d’un sexe raide et te raidissant désespérément les cheveux, brushing, brushing, brushing.

Je t’aime, slow collé-serré, très collant, très maladroit.

Je t’aime dans tes combats, le rabbin, le curé, le mufti te parlent de péchés et tu ne rêves que de plaisirs.

Je t’aime regardant la mer, cet horizon ouvert, cet ailleurs, cette liberté et ta mère qui s’accroche et ta mère qui ne veut pas te lâcher.

Une mer liberté, une mère prison, tu vas apprendre à naviguer à vue, apprendre à tricher, à mentir ; l’innocence s’envole, le vent t’aide il souffle si fort, elle part avec lui.

Hâbleurs et frimeurs, démarche un rien insolente, sourires éclatants, bouches gourmande, je vous aime mes hommes.

Je vous aime mes fragiles au cœur dur, mes inquiets désinvoltes, mes outranciers au cœur tendre.

Je t’aime le Berbère à la peau claire, l’Arabe au goût de caramel, le juif qui porte dans ses yeux toute la tristesse et la joie du monde.

Je t’aime, toi, le jeune homme dont le cœur palpite si fort en faisant glisser une innocente bretelle. 

Je t’aime toi, le fellah au teint buriné, orgueilleux et fier, riche d’une miche de pain et de ton hospitalité princière.

Je t’aime, toi, l’homme expérimenté, sûr de lui, dominateur mais si souvent effarouché.

J’aime vos ires brusques et imprévisibles.

J’aime vos excès, vos mensonges démesurés et vos fanfaronnades.

J’aime vos peurs ancestrales, vos paniques irraisonnées, vos faiblesses.

J’aime vos mains caressantes, baladeuses et curieuses.

Je t’aime, le vendredi, tourné vers ta foi, te prosternant devant Lui, Lui auquel je ne crois pas.

Je t’aime, le shabbat, ton regard millénaire, et tes prières venues du fond des temps. J’aime ta croyance à laquelle je ne crois pas.

Je t’aime le dimanche, missel à la main, parfum d’encens, péchés et pénitences.

Et puis… j’aime, j’aime tant vous être infidèle, aller explorer d’autres  rivages  goûter d’autres peaux mais…c’est pour mieux vous revenir, revenir, revenir. 

 

 

  

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