Gad Elmaleh au Carnegie Hall devant Sarah Jessica Parker, Jessica Chastain et bien d'autres people
Les Américains sous le charme de l'humoriste français.
Le HuffPost avec AFP
CULTURE - Gad is in America. L'humoriste Gad Elmaleh a fait vibrer, en anglais, la prestigieuse salle du Carnegie Hall, samedi 11 février au soir à New York, une étape majeure après 18 mois d'aventure américaine et l'occasion d'envoyer un message de fraternité sur fond d'administration Trump.
L'humoriste n'avait pas caché que ce spectacle dans ce temple de la musique classique constituait pour lui un "aboutissement". Après avoir entamé ce nouveau défi de l'humour en anglais en septembre 2015, sillonné les Etats-Unis et écumé les petits cabarets de New York, il voulait s'attaquer à ce lieu "sacré".
Encore très peu connu du grand public américain, l'humoriste a pourtant réussi la prouesse d'attirer un parterre de célébrités que lui auraient envié la plupart des créateurs de la Fashion Week, qui a lieu ces jours-ci à New York.
Les actrices Sarah Jessica Parker, Jessica Chastain et Julianna Margulies avaient ainsi fait le déplacement, tout comme la designer Diane von Furstenberg et son époux, le magnat des médias Barry Diller. Ils ont vu un Gad Elmaleh à l'anglais transcendé par la pratique et des leçons quotidiennes s'amuser des particularités culturelles des Américains dans son spectacle "Oh My Gad".
Il n'épargne pas Trump
Les taxis, Uber, les rencontres féminines, les codes du flirt, les intonations et les expressions américaines, les anecdotes se sont enchaînées durant une heure façon stand-up. Le tout saupoudré de mimiques et de gestes, ce comique physique qui a tant fait pour son succès en France.
Celui qui a contribué à sa notoriété naissante aux Etats-Unis, l'humoriste star Jerry Seinfeld, a fait une apparition surprise de quelques secondes pour féliciter son ami. Mais les passages les plus marquants auront sans doute été ceux ajoutés récemment à la suite de l'élection présidentielle américaine et des premières mesures de l'administration Trump.
"J'ai un passeport marocain. Je ne l'utilise pas", a lancé avec un sourire l'humoriste de 45 ans, marocain de naissance, québécois d'adoption et français de coeur. "Ce n'est pas le bon moment pour arriver à l'aéroport avec un grand passeport vert qui a des lettres arabes dessus et de dire: je suis humoriste", a-t-il ajouté.
A d'autres reprises durant la représentation, Gad Elmaleh a glissé en douceur quelques messages atypiques pour celui qui n'a jamais été un humoriste politique. Evoquant une onomatopée, typique du Maroc selon lui, qui vise à dissuader son interlocuteur (le son "Rrrr"), le quadragénaire a estimé qu'il serait bon d'envoyer un Marocain à la Maison Blanche pour jouer ce rôle au côté du nouveau président.
Après un rappel, il a ponctué son spectacle au piano par une chanson et un dernier appel: "Ce soir, nous avons des gens du monde entier. C'est le moment d'être unis". Le public, très majoritairement francophone, a réagi au quart de tour à ces passages, avec des applaudissements appuyés.
Les Américains ont aimé
Les Américains, que Gad Elmaleh souhaite tant attirer à ses spectacles, s'étaient déplacés en nombre dans cette salle de 2800 places et quelques-uns l'ont découvert. "Nous avons adoré", a dit Maura Manning, une New-Yorkaise qui n'avait jamais vu Gad Elmaleh.
"En particulier la fin", a-t-elle précisé, "lorsqu'il est venu au piano et qu'il a dit que nous devrions tous être unis. Après avoir été si drôle, c'était vraiment exceptionnel." Beaucoup de ces spectateurs américains, francophiles, étaient séduits par la manière dont l'humoriste, incarnation des valeurs du multiculturalisme, avait délivré son message.
"Ce n'était pas fait de manière sournoise. C'était drôle, juste", a commenté Katia Friend, qui habite le Connecticut et est d'origine libanaise. Quant aux Français et francophones, ils rendaient hommage au défi américain de Gad Elmaleh, reparti de rien aux Etats-Unis alors qu'il jouit d'une popularité immense en France.
"On est agréablement surpris", a expliqué Simon Guez, Français venu avec sa femme Mélanie. "Il a fait un vrai show de comédien à l'américaine", a-t-il salué. "Mais il y en a tellement. Je ne sais pas s'il y a la place pour un Maurice Chevalier de l'humour", s'est-il interrogé. "En tout cas, la démarche est très impressionnante".