Marine Le pen, Israël et la recherche d'un hypothétique vote juif
Dominique Vidal, dans un article où il étudiait les extrêmes droites européennes rappelait récemment qu’en décembre 2010, une trentaine de dirigeants d’extrême droite européens de tous pays s'étaient rendus en israël. En revanche, aucun représentant de Front national ne participait au voyage.
Le FN se désinteresse-t-il de l'Etat hébreu ? L'idée d'un voyage prochain de la présidente frontiste en Israël, anoncé par le journal Atlantico, a été vivement démenti par le parti. En revanche, voilà une semaine, Marine Le Pen était l'invitée, pendant une heure, de la radio israélienne 90FM. Elle en a profité pour qualifier l'antisémitisme "d'idéologie nauséabonde", et pour prendre ses distances avec une personnalité frontiste comme Christian Bouchet, nationaliste révolutionnaire violemment "antisioniste" et admirateur de Mahmoud Ahmadinejad.
Louis Aliot, l'un des caciques du FN considère que l’antisémitisme comme le principal « verrou de la diabolisation » ? Est-ce pour casser ce verrou que le Pen a choisi de s'adresser ainsi à un public israélien ? Ou est-ce la première étape d’une volonté sincère de tourner le dos au passé antisémite du Front national, et d'abandonner définitivement la doxa post-faciste ? Es-ce révélateur, enfin, d'un attrait pour un pays considéré, dans le cadre d'un hypothétique "Choc des civilisations", comme un rempart de l'Occident au sein du Proche-Orient ? Car si l’on accorde quelque crédit à la très huntigtonienne théorie du clash civilisationnel, on suppose implicitement qu’il faut rechercher des « alliés objectifs », pour combattre un seul et même ennemi...
Peut être enfin la patronne frontiste, bien loin de chercher à séduire un public israélien fort lointain, cherche-t-elle à s’attirer avant tout les bonnes grâces d’un électorat français d’origine juive, en accréditant la thèse du sociologue Daniel Lindenberg, selon lequel « the jews turn right ». Si tel était le cas, il serait en effet tentant pour la Marine Le Pen de chercher à mobiliser une « communauté juive » supposée droitisée, contre une autre « communauté », la musulmane.
Marine Le Pen, franchement républicaine ou banalement communautariste ?