Les Européens ne tirent aucune leçon de la Shoah (info # 022801/18) [Analyse]
Par Guy Millière © Metula News Agency
Hier, samedi 27 janvier, a été la journée internationale du souvenir de l’Holocauste. Même si le mot Holocauste prévaut dans le contexte américain, je lui préfère Shoah. Le 27 janvier a été choisi car il est le jour anniversaire de la libération du camp d’extermination d'Auschwitz-Birkenau par les Soviétiques en 1945.
Le mot Holocauste renvoie à l’idée d’un sacrifice.
Mais il n’y a rien eu dans la Shoah qui soit de l’ordre d’un sacrifice.
Il y a eu la volonté d’éliminer systématiquement un peuple entier de la surface de la Terre.
Le mot Shoah signifie catastrophe.
Il est insuffisant, car il ne désigne pas de coupables, mais il est plus adapté.
La Shoah est, je le redis, car il ne faut cesser de le dire, un crime qui n’a pas d’équivalent dans l’histoire.
Il y a eu d’autres génocides, mais jamais la volonté d’éliminer un peuple entier de la surface de la Terre, quelle qu’ait été l’ampleur des autres génocides. Jamais un autre génocide n’a été commis avec des moyens industriels et une organisation impliquant tous les rouages d’un gouvernement et d’un Etat développé. Jamais, de surcroît, un autre génocide n’a été commis sur le sol du continent qui affirme être le berceau de la démocratie et des droits de l’homme.
La Shoah a été une catastrophe absolue pour le peuple juif, puisqu’elle a fait six millions de morts sur les quelques 17 millions de Juifs qui peuplaient la planète à l’époque. La population juive globale actuelle – environ 14 millions d’individus - n’a toujours pas atteint la dimension qui était la sienne en 1939.
La Shoah a également été une catastrophe absolue pour l’humanité entière, car les apports du peuple juif et du judaïsme au monde sont depuis longtemps inestimables.
Or lesdits apports ont été traités de manière abjecte, car, au travers des six millions de morts, c’est tout ce que les Juifs et le judaïsme ont amené à l’humanité depuis plus de trois mille ans qui s’est trouvé nié, insulté, et confronté à une tentative d’annihilation.
La journée du 27 janvier a été proclamée journée internationale du souvenir par les Nations Unies, ce qui est un acte d’une hypocrisie sans nom, puisque les Nations Unies sont une institution qui, depuis des années, relève de l’imposture car elle ne cesse de favoriser l’antisémitisme. Cette haine odieuse qu’est l’antisémitisme fut la racine de la Shoah.
Aux Etats-Unis où je vis désormais, parce que j’ai choisi de m’éloigner de l’Europe, le souvenir de la Shoah est très présent jusqu’à ce jour. La journée du souvenir est l’objet de commémorations et de reportages à la télévision.
En Israël, l’Etat du peuple juif, le souvenir de la Shoah est très présent aussi, et pas uniquement le jour fixé par les Nations Unies. Il existe à Jérusalem, on le sait, le mémorial de Yad Vashem [une main et un nom] qui perpétue activement ce souvenir. Israël commémore également la journée de la Shoah, Yom HaShoah, le 27 du mois hébraïque de Nissan de chaque année. Pendant deux minutes ce jour-là, les sirènes retentissent et toutes les activités humaines cessent en hommage aux morts du Génocide nazi.
En Europe, le souvenir de la Shoah s’estompe, alors que c’est en Europe, le continent où la Shoah a été perpétrée, que le souvenir devrait tout particulièrement se trouver préservé, aux fins que les mots “plus jamais ça” gardent une signification.
L’Europe a, de fait, mis plus de trente ans pour parler de la Shoah, puisqu’il a fallu attendre la diffusion de documentaires sur les chaines de télévision européennes pour que des Européens sortent de leur étrange et significative amnésie collective, et se souviennent de ce qu’il s’était passé quelque chose d’abominable chez eux. Il y eut ensuite le film Shoah de Claude Lanzmann, qui précéda l’instauration dans plusieurs pays d’un “devoir de mémoire”.
Expression effroyable s’il en est, qui signifie que se souvenir de Drancy, de Theresienstadt et d’Auschwitz, en Europe, n’a pas été un choix libre ou une décision éthique des pays européens, mais un devoir imposé.
Parce que se souvenir a été un devoir, le souvenir est devenu rapidement pesant. Est venu dès lors la relativisation de la Shoah, et celle-ci s’est trouvée comparée au commerce des esclaves africains, à divers génocides, à des massacres qui, aussi terribles qu’ils aient été, ne peuvent se comparer à la Shoah ou se trouver placés sur le même plan qu’elle.
La relativisation de la Shoah a conduit au silence presque complet sur la Shoah aujourd’hui. Et en sourdine, insidieusement, au sein du silence, les accusations portées contre les Juifs israéliens et contre Israël, les falsifications de l’histoire pratiquées par les dirigeants “palestiniens”, par tous ceux qui se font leurs complices, et par les autres antisémites, se sont à nouveau mis à remplir l’atmosphère.
On reçoit maintenant en Europe des gens qui pratiqueraient volontiers une seconde Shoah s’ils en avaient les moyens ou l’opportunité.
L’antisémitisme remonte de toutes parts en Europe, et va de pair avec une diabolisation de l’Etat du peuple juif.
Il y a quelque chose de très malsain en Europe aujourd’hui, et c’est l’une des raisons pour lesquelles je me suis éloigné.
Le philosophe américain George Santayana a écrit que ceux qui ne tirent pas les leçons du passé sont condamnés à le répéter.
Tout vient indiquer peu à peu que les Européens ne tirent aucune leçon de la Shoah et seraient prêts à ce qu’elle se répète, sous une autre forme, avec des assassins qui ne seraient pas européens cette fois. Ils acceptent qu’on reçoive en Europe des gens qui seraient prêts à perpétrer le pire. Ils acceptent même que l’Europe passe des contrats avec ces gens, et les financent.
Heureusement que les Etats-Unis, eux, se souviennent de la Shoah et en tirent des leçons.
Heureusement qu’Israël se souvient de la Shoah et en tire aussi des leçons.
Heureusement que les Etats-Unis sont un allié d’Israël, et qu’Israël est un pays puissant, respecté et vigilant.