Les moutons de l’Aïd à Aubervilliers : une fable moderne
Tribune. Comment le mouton, animal doux et innocent, est-il associé aujourd’hui dans l’imaginaire collectif des Français, à l’islam et aux inquiétudes qu’il suscite ? L’affaire des « moutons d’Aubervilliers » qui a fait récemment le buzz sur internet est révélatrice, non seulement des préoccupations profondes de beaucoup de nos concitoyens, confrontés à la présence toujours plus voyante de l’islam, mais aussi de la manière dont beaucoup de médias prétendent délégitimer toute interrogation sur ce sujet, en frappant d’interdit les réactions les plus naturelles.
La vidéo est très vite devenue virale sur internet. On y voit un troupeau de moutons déambulant dans une rue d’Aubervilliers, sous le regard amusé d’un habitant local en djellaba, tandis qu’une voix-off commente, moitié sérieuse, moitié ironique : « Des moutons pour l’Aïd… ».
Ces images frappantes ont été reprises par de multiples sites Internet qui leur ont donné une interprétation politique. Quelques jours plus tard, Le Parisien révélait qu’il ne s’agissait pas de moutons destinés à la consommation rituelle lors des fêtes de l’Aïd, mais plus prosaïquement d’une « transhumance des moutons des Bergers urbains » une association qui « pose un nouveau regard sur la ville en mettant en place une agriculture urbaine dynamique, généreuse et abondante ».
Le Parisien a dénoncé à cette occasion la « fake-news des Moutons de l’Aïd », « instrumentalisée par l’extrême-droite » sur les réseaux sociaux, tandis que le site communautaire musulman Oumma.com enfonçait le clou, en affirmant que « la fachosphère se ridiculisait en islamisant une initiative locale… ».
Cette histoire de moutons ressemble à une fable d’Esope moderne. Mais au-delà des commentaires bien-pensants sur la « fake-news » et sur l’interprétation hâtive et fausse donnée à ce troupeau de moutons insolite, cette vidéo nous interroge sur la manière dont les sujets véritables sont passés sous silence par des médias et des commentateurs faisant preuve d’un conformisme idéologique inébranlable.
Au lieu de brocarder ceux qui sont tombés dans le piège, en attribuant à ces moutons innocents une signification religieuse et politique qu’ils n’avaient pas, il serait plus opportun de s’interroger sur la raison pour laquelle tant de gens, pas forcément hostiles à l’islam ni partisans de la théorie du Grand Remplacement, ont immédiatement connoté les moutons avec l’islam. Comment cet animal doux et inoffensif est-il devenu le symbole de l’islam et des inquiétudes qu’il véhicule, au point que le spectacle, plutôt sympathique et amusant, d’un troupeau de moutons déambulant dans les rues d’une banlieue parisienne a immédiatement suscité une vague de protestations inquiètes sur le internet ?
En réalité, c’est précisément parce que le sujet de l’islamisation de la France est tabou qu’il en devient tellement prégnant, au point d’obscurcir les consciences et de susciter des interprétations erronées.
Plus les défenseurs de la bien-pensance idéologique dénonceront comme « islamophobes » ceux qui s’interrogent sur l’avenir de la France et sur les mutations qu’elle subit, avec la montée en puissance de l’islam sur son territoire, plus ces derniers seront enclins à suspecter chaque mouton d’être destiné à être abattu selon les règles hallal, au lieu d’y voir une simple « transhumance urbaine ». Ajoutons que la « transhumance urbaine » relève d’une initiative d’agriculture urbaine d’apparence certes sympathique, mais qui n’est pas idéologiquement neutre.
Devant le spectacle des moutons sympas des bobos-écolos, qui veulent « créer du lien entre ruraux et urbains », et de celui - moins sympa – des moutons destinés à l’abattage rituel, beaucoup de Français assistent impuissants à la transformation de leur pays et s’interrogent sur son avenir et sur son identité. Mais, entre ceux qui ont dénoncé hâtivement les « moutons de l’Aïd » dans les rues d’Aubervilliers, et ceux qui les tournent en ridicule, en faisant comme si la France était le pays de l’Île aux enfants, qui sont réellement les moutons de Panurge ?