Simone Veil au Pantheon
Rescapée de la Shoah, elle fut l’une des rares femmes engagées en politique dans les années 1970, qui la virent œuvrer à la légalisation de l’avortement en France. Membre du Conseil constitutionnel puis de l’Académie française, Simone Veil a inspiré le respect de la classe politique, jusque chez ses adversaires.
En hommage, voici le texte ou elle parle de sa Judaite.
« Née et élevée au sein d’une famille française de longue date, j’étais française sans avoir à me poser de question.
Mais être Juive, qu’est-ce que cela signifie pour moi comme pour mes parents, dès lors qu’agnostique – comme l’étaient déjà mes grands parents – la religion était totalement absente de notre foyer familial ?
De mon père, j’ai surtout retenu que son appartenance à la Judéité était liée au savoir et à la culture que les Juifs ont acquis au fil des siècles en des temps où fort peu y avaient accès. Ils étaient demeurés le peuple du Livre, quelles que soient les persécutions, la misère et l’errance.
Pour ma mère, il s’agissait d’avantage d’un attachement aux valeurs pour lesquelles, au long de leur longue et tragique histoire, les Juifs n’avaient cessé de lutter : la tolérance, le respect des droits de chacun et de toutes les identités, la solidarité.
Tous deux sont morts en déportation, me laissant pour seul héritage ces valeurs humanistes que pour eux le Judaïsme incarnait.
De cet héritage, il ne m’est pas possible de dissocier le souvenir sans cesse présent, obsédant même, des six millions de Juifs exterminés pour la seule raison qu’ils étaient Juifs. Six millions dont furent mes parents, mon frère et nombre de mes proches. Je ne peux me séparer d’eux.
Cela suffit pour que jusqu’à ma mort, ma Judéité soit imprescriptible.
Le kaddish sera dit sur ma tombe.”
Je suis Juive. »
Simone VEIL