Yael Naim: le bon goût mondialisé
Alain Brunet
Petit côté jazz primitif, petit côté jazz moderne, petit côté classique français fin XIXe siècle début XXe, petit côté folk-pop-bastringue, petit gospel, petit sémitisme mélodique, petits emprunts bollywoodiens, petits arrangements de circonstance, petite voix qu'on imagine se faufiler au Jardin des plantes...
Cette perception de ténuité peut changer avec Yael Naim, résidante de Paris, de nationalité israélienne et d'origine juive tunisienne. La voix peut croître en puissance, les rythmes se muscler, les arrangements se densifier, le plexus s'emplir de courant, le coeur s'ouvrir davantage.
En quête évidente de profondeur, Yael Naim s'inscrit dans un sillon convenu du bon goût d'une pop mondialisée à l'anglaise, enfin de l'idée qu'on peut s'en faire en 2011. Le travail de David Donatien, acolyte essentiel de Yael Naim, confère un raffinement certain à ces chansons et mélodies simples qui racontent la croissance personnelle de son auteure. Encore là, la poésie anglaise de Yael Naim peut toucher une portion probante de non- anglophones, parce que facile à saisir.
En revanche, elle est assez bien écrite pour toucher les fans issus de tous les territoires anglos. Pour apprécier vraiment, certains devront se déprogrammer de l'effet publicitaire de la chanson New Soul reprise par Apple avant de faire confiance à cet art chansonnier plus substantiel qu'il n'y paraît.