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“TUNISIE-ALGÉRIE-MAROC, LA COLÈRE DES PEUPLES” DE MARTINE GOZLAN

L’histoire immédiate par le journalisme

Par : Outoudert Abrous

Un livre écrit à vif, une somme de reportages effectués par une spécialiste du monde arabe. Vivant avec des flashs d’ambiance, il pèche par ce manque de recul qui aurait permis une autre perception du pouls des populations qu’elle ausculte.

La difficulté première d’un journaliste à vouloir écrire l’histoire est celle de l’accès à l’information, et à recouper ses sources. C’est à cet écueil que s’est heurtée notre consœur  Martine Gozlan, rédactrice en chef à  Marianne, et spécialisée dans le monde arabe.
Elle a voulu réagir à vif aux révoltes qui ont secoué les pays du Maghreb dont une a accouché d’une révolution, celle du Jasmin, qui n’est pas encore achevée.
L’auteure ouvre justement et à juste titre son avant-propos par cette phrase du poète tunisien Abou Kacem Chebbi : “Quand le peuple voudra, le destin s’inclinera.”
Pour la Tunisie, elle relève que la classe moyenne qui exerce dans les professions libérales, l’enseignement et la recherche n’arrivaient plus à supporter la charge de plomb politique et idéologique du presque parti unique, le RCD et les exactions à ciel ouvert exercées sur elle par le clan Trabelsi qui a mis le pays à sac.
Pour l’Algérie, elle y voit “une toile de fond d’un islamisme vaincu militairement mais vainqueur dans les mœurs”. (p 11). L’arrivée du président Bouteflika, et la concorde civile initiée par ses soins ne semble pas avoir donné les résultats attendus par la population qui espérait un mieux vivre et une sortie du tunnel, dans le domaine social. Mais, “la vérité, c’est qu’avec Bouteflika on attendait Gorbatchev, et on a eu Brejnev.”
Quant au Maroc, l’arrivée au trône de Mohammed VI saluée comme un changement radical du règne de son père despote, au fil du temps, il s’est avéré que la situation n’a pas changé sinon que ce sont les œuvres caritatives du roi et de son épouse qui suppléent un État défaillant. “C’est qu’au Maroc les associations ne viennent pas en complément du système : elles se substituent à lui, remplissent son vide”.
Tunisie Algérie- Maroc, la colère des peuples reste un livre écrit à vif, somme de reportages effectués par la spécialiste du monde arabe au sein de l’hebdomadaire Marianne. Vivant avec des flashs d’ambiance, digest mais le livre pèche par ce manque de recul qui aurait permis une autre perception du pouls des populations qu’elle ausculte.
Elle rapporte certes, des balbutiements et des colères des personnes qu’elle a eu à rencontrer durant ses séjours, au gré des délivrances de visas d’entrée, mais trop brefs pour construire une approche objective, ou suffisants pour saisir et analyser le mal profond.
Encore une fois, ce livre reste à lire pour les sentiments déclarés des citoyens de ces pays du Maghreb qui osent lever la tête et braver ses dirigeants et c’est un témoignage de cette histoire en marche.