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SHEKHINAH, la Présence

Le terme apparaît dans les textes de l’époque tannaïque, où il désigne la présence de Dieu dans le monde.

Le mot n’apparaît jamais dans la Bible. Dans la littérature talmudique, la Aggadah et les targoums, il désigne D., lorsque celui-ci manifeste sa Présence en un certain lieu. La Shekhinah, Présence divine, se révèle comme une lumière céleste (Chab 30 a ; Ber 17 a). Les sages évoquent les “ailes de la Shekhinah” qui protègent les êtres pieux et les prosélytes, tandis que les “pieds de la Shekhinah” sont éloignés par l’orgueil et le péché (Ber 43 b ; Hag 16 a). Le terme apparaît à de nombreuses reprises pour souligner les liens étroits qui existent entre D. et Israël. Le Talmud exprime ce lien en disant que la Shekhinah part en exil avec Israël, et reviendra avec Israël en Terre sainte à la fin des temps (Ber 6 a). Une tradition ancienne veut également que lorsque prévaut une parfaite harmonie au sein du couple, la Shekhinah soit présente au foyer (Sotah 17 a).

Il n’est pas rare de trouver certains anthropomorphismes à propos de la Shekhinah dans la littérature aggadique (voir Anthropomorphisme). Un Midrach enseigne que “lorsque la Shekhinah quitta le Temple,elle enveloppa ses murs et ses colonnes qu’elle couvrit de baisers et de caresses, et cria : “Adieu,demeure de mon Aimé ! Adieu à jamais, Adieu !”” (LmR, Petihta 25).

La personnification de la Shekhinah n’est toutefois jamais accompagnée, dans la littérature rabbinique,d’une quelconque distinction entre D. et la Shekhinah. Dans la littérature midrachique, en revanche, la Shekhinah apparaît parfois parallèlement à D., ce qui a pu donner naissance à l’idée d’une séparation entre D. et sa Shekhinah ; et, de fait, cette dernière apparaît, dans la philosophie juive médiévale, comme une entité en soi, séparée de D. De Saadiah Gaon jusqu’à Maïmonide, les grands philosophes juifs ont identifié la Shekhinah à la manifestation de la gloire divine, et en ont fait la création première de D. Ainsi,Maïmonide, utilisant le terme équivalent de kavod, estime qu’il s’agit de “la lumière créée que D. fait descendre d’une manière miraculeuse dans un lieu pour le glorifier” (Guide des égarés I, 64). Toujours selon Maïmonide, c’est la Shekhinah qui est révélée aux prophètes, jamais D. lui-même (id., II, 21).

La distinction ainsi opérée entre D. et sa Shekhinah apparaît dans les textes les plus anciens de la tradition mystique juive. Tandis que les philosophes la considéraient comme une entité créée, les maîtres de la kabbale en faisaient une partie du monde divin, et l’identifiaient à la moins élevée des sefirot, ou encore à l’élément féminin de la divinité. Cette caractérisation de la Shekhinah est illustrée dans le Séfer ha - Bahir sous les espèces de la filiation et, par endroit, de la maternité. Le concept de Shekhinah comme fiancée,enfin, est central au système du Zohar, qui décrit les relations entre la Shekhinah et les sefirot sous forme de relations conjugales.

Parallèlement à l’image qui est donnée de la Shekhinah, mère aimante et attentive au sort d’Israël; une tout autre image en est également proposée, en particulier par le Zohar, d’une force obscure de destruction. Lorsque la Shekhinah est éloignée de ses partenaires, les forces du mal - le Sitra ahra - la possèdent, et en font une force démoniaque.
C’est de l’action et du comportement des hommes que dépend la victoire des forces du mal au sein de la Shekhinah. Celle-ci achève l’harmonie divine, lorsqu’elle s’unit aux sefirot qui lui sont supérieures. Cette unité est toutefois souvent remise en cause par les péchés des hommes qui l’”empêchent” de rejoindre ce vers quoi elle tend. Les passages du Talmud qui évoquent l’attachement de la Shekhinah au peuple juif, et’exil où elle l’accompagne, doivent être compris comme un exil intérieur à l’”Esprit” divin. La réparationd’une telle situation dépend pleinement du libre arbitre des hommes et de leurs choix. Par leurs actions, ilsbrisent ou, au contraire, contribuent à l’union de la Shekhinah et des autres sefirot. L’idée de la rédemption de la Shekhinah en exil, et de son union avec les sefirot supérieures grâce à l’accomplissement des commandements de la Torah par Israël, joue un rôle central dans la tradition kabbalistique léguée par l’école d’Isaac Louria et, plus tard, dans le hassidisme.

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