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La sonde Beresheet emmène sur la Lune une immense archive de connaissances de l’humanité

Par Matthieu Legouge

Vendredi dernier, la sonde spatiale israélienne Beresheet a pris son envol à bord d'une fusée Falcon 9 de SpaceX et a quitté l'orbite terrestre pour rejoindre la Lune. Outre le fait d'être la première mission spatiale israélienne ainsi que la première mission privée à destination de la Lune, Beresheet entend également sauvegarder une grande partie des connaissances et du patrimoine humains. 

Initialement conçu dans le cadre du concours Google Lunar X Prize, Beresheet est un petit atterrisseur lunaire dont près de 70 % de la masse est constitué par ses 400 kg d'ergols. Aucun gagnant ne repartira finalement avec la dotation de 20 millions de dollars prévue dans le cadre du concours parrainé par Google en raison d'un calendrier largement dépassé, mais ça n'a pas empêché SpaceIL de continuer son aventure notamment grâce à son budget de 95 millions de dollars provenant de généreux donateurs.
 

Une première pour Israël

Lancé le 22 février à bord d'une fusée Falcon 9, Beresheet (qui signifie « génèse » en hébreu) doit atteindre son site d'alunissage - la Mer de la Sérénité située dans l'hémisphère nord de la Lune - aux alentours du 10 avril prochain.

Bien que Beresheet n'emporte avec lui qu'une très légère charge utile (un magnétomètre ainsi qu'une caméra) et possède une durée de vie qui n'excède pas les quelques jours, l'engin ne sera pas pour autant inutile. En effet, il embarque également un rétro-réflecteur fourni par la NASA qui servira encore après l'arrêt des batteries de l'engin. En outre, Beresheet embarque également une cargaison assez particulière : une archive contenant plus de 30 millions de pages de connaissances humaines !

Cette étrange initiative portée par l'Arch Mission Foundation n'est cependant pas la première. La mission de cette fondation à but non lucratif est en effet de constituer un « réseau interplanétaire de sites de sauvegarde ». De petites archives de test avaient par exemple déjà été placées à bord de la Tesla Roadster rouge qu'Elon Musk a envoyée en direction de Mars. Conçue pour durer des millions d'années, cette archive comprenait notamment la trilogie Fondation d'Isaac Asimov.
 

Une copie complète de Wikipédia va se poser sur la Lune

À peu près aussi épais qu'un DVD, le disque d'archive accompagnant Beresheet sur la Lune est constitué de 25 fines couches de nickel d'une épaisseur de 40 microns, supposées résister à l'environnement hostile de notre satellite, comme les radiations et autres températures extrêmes. Les 4 premières couches du disque contiennent plus de 60 000 images analogiques d'illustrations et de documents, ou encore de photographies qui peuvent être visionnées à l'aide d'un microscope optique à grossissement x100 pour la première couche et un peu plus puissant pour les trois couches suivantes. Ces couches analogiques contiennent également « une série de documents décrivant les spécifications techniques, les formats de fichiers et les connaissances scientifiques et techniques nécessaires pour accéder, décoder et comprendre les informations numériques codées dans les couches les plus profondes de la bibliothèque ».

Mais que contiennent les couches les plus profondes de cette « Lunar Library » ? Elles regroupent des données numériques compressées à un taux très élevé, environ 200 GB de données décrivant d'innombrables concepts de science et de culture dans plusieurs langues ainsi que les informations nécessaires permettant de comprendre la grande majorité des langues humaines. La librairie lunaire contient aussi plus de 25 000 livres de sciences et d'ingénierie, mais aussi des romans et des textes religieux, ainsi qu'une copie complète de l'encyclopédie libre Wikipédia.

Si l'objectif de l'Arch Mission Foundation est de conserver une sauvegarde des connaissances humaines en cas de catastrophe, ses créateurs assument également penser à ce qu'elle puisse un jour être visionnée par d'éventuels extraterrestres. Ces derniers devraient alors être particulièrement intrigués par quelques entrées de choix sur Wikipédia : mouvement raëlien, Flat Earth Society et autre crop circles d'origine extraterrestre leur promettent de bons moments de rigolade...

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