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Informations exceptionnelles sur le raid de samedi en Syrie (011504/19) [Analyse]

Par Jean Tsadik © Metula News Agency

A la Ména nous sommes parvenus à documenter avec précision l’une des frappes attribuées à l’Aviation israélienne par des media étrangers dans la région de Masyaf, dans l’ouest de la Syrie.

 

L’objectif visé, parmi d’autres, était une usine de fabrication de missiles sol-sol de conception iranienne, située à 1.2km au nord de l’extrémité de la ville de Masyaf comptant environ 35 000 habitants.

 

Les missiles confectionnés dans ce complexe militaire possèdent un rayon d’action de 200km et étaient destinés à être livrés aux Pasdaran - les commandos des Gardiens de la Révolution khomeyniste, l’unité d’élite de l’Armée de la théocratie perse -, à l’Armée gouvernementale syrienne ainsi qu’à l’organisation terroriste chiite libanaise du Hezbollah.

 

Tous les missiles en passe d’être produits étaient censés être essentiellement utilisés contre des objectifs civils et militaires en Israël. Il s’agit d’engins baptisés M-600 en Syrie, qui sont des déclinaisons du Fateh [fars.: le conquérent] -110. Ils sont en principe capables d’emporter une charge utile de 400 kg d’explosifs à une vitesse de Mach 3.5.

 

A l’origine, le Fateh/M-600 était une roquette Zelzal [fars. : tremblement de terre] démunie de système de guidage. Les ingénieurs de la "République" Islamique lui ont ajouté un système de navigation hybride basé essentiellement sur l’emploi du GPS, et, accessoirement, d’un module inertiel et d’un autre, électro-optique.

 

En dépit de ces modifications, le Fateh/M-600 reste un projectile extrêmement imprécis, pouvant exploser à plusieurs kilomètres de la cible envisagée. Cette faiblesse limite largement son utilisation tactique (visant des cibles militaires) et le réduit à un rôle terroriste (visant des civils sans distinction précise d’objectifs). Si la malchance des civils s’en mêle, qu’un M-600 échappe à la fois à la Fronde de David et qu’il s’abat presque par hasard sur une zone d’habitation, sa charge explosive a la capacité de détruire un bloc entier d’immeubles.

 

A la Ména nous sommes au courant de l’existence d’un vaste programme de revalorisation du large stock de roquettes Zelzal à disposition du Hezbollah, par adjonction d’un système de guidage GPS. A l’origine, des avions cargos iraniens ont tenté d’acheminer des centaines de kits GPS par l’aéroport international de Damas et celui de Khmeimim, aux mains des Russes, à proximité de Lattaquié. L’idée était de procéder à la modification au Liban dans des ateliers souterrains. Mais la destruction d’avions de transport ainsi que de la plupart des convois terrestres entre les capitales syrienne et libanaise, de même que des centres de commandement et de transit a obligé les militaires iraniens à quitter Damas et sa périphérie pour s’installer dans la province syrienne, comme à Masyaf. Ce faisant, ils ont dû se résoudre à fabriquer ou modifier les Fateh/M-600 par eux-mêmes.

 

Dans la fabrique de M-600 de Masyaf, des soldats réguliers syriens et des miliciens du Hezbollah secondaient les Iraniens dans leur tâche de construction et dans celle de la protection du site. Sur cette seconde photo satellite plus rapprochée, l’on distingue, outre la fabrique de missiles, un camp de l’Armée d’Assad et un autre des Gardiens de la "Révolution" installés dans le même complexe.

 

Suite au retrait de l’aéroport international de Damas, l’état-major perse a eu la bonne idée d’intégrer la fabrique dans des bâtiments existants afin de ne pas attirer l’attention des Israéliens. Nous avons retrouvé dans nos archives les mêmes édifices sur des images satellitaires datant de 2017.

 

C’est donc le Renseignement hébreu qui est parvenu à localiser parfaitement l’activité qui avait lieu dans cette partie du complexe militaire ultrasecret au nord de Masyaf. Cela doit d’ailleurs immanquablement susciter de vives tensions et surtout des suspicions de trahison parmi les officiers et personnels ennemis coopérant à ces projets, étant évident que le Mossad dispose d’agents à tous les niveaux des armées syrienne et iranienne ainsi que dans la milice libanaise. Nous avons la conviction absolue qu’au lendemain de raids meurtriers comme celui de samedi matin, les reproches et accusations doivent également fuser entre les trois entités impliquées, chacune accusant les deux autres d’être responsables de la fuite des informations en direction des Israéliens.

 

Ce, d’autant plus que le Khe’l Avir a également oblitéré samedi une ancienne école de Masyaf, réquisitionnée afin qu’elle abrite les personnels iraniens, syriens et libanais qui étaient en train d’apprendre à manier et à entretenir les missiles qu’ils espéraient prochainement toucher à leur sortie de l’usine toute proche.

 

Sur cette vidéo de la chaîne de propagande gouvernementale russe RT (Russia Today), dans sa déclinaison Rusiya Al-Yaum [arab. : Russie aujourd’hui] à l’intention du public arabophone, l’on voit l’étendue des destructions infligées à ce centre d’entraînement par les chasseur-bombardiers frappés de l’étoile de David.

 

En visionnant ces images et en sachant que les dortoirs étaient occupés au moment du raid, on comprend que le bilan dégagé par le chef de la Ména libanaise, Michaël Béhé, de 40 morts et 100 blessés est en phase avec la nature et l’étendue des dégâts.

 

D’ailleurs le commentaire en arabe de RT fait état d’ "un grand nombre d’écoliers tués par l’agression israélienne", ce qui décrédibilise notamment les dépêches de l’AFP, se basant sur les estimations de l’agence de propagande gouvernementale syrienne SANA qui affirmait que l’attaque israélienne n’avait fait que trois blessés.

 

En réalité, cela fait au moins quatre ans que le pied d’aucun écolier n’a franchi le seuil de l’école ciblée par le Khe’l Avir. Après la négation des faits, dans un premier temps, grâce à l’ "efficacité exceptionnelle des systèmes antimissiles russes", le commentateur de cette vidéo verse dans la victimisation et la diabolisation, certes quelque peu pathétique, des Hébreux.

 

Sur cette troisième photographie satellitaire, on distingue sur la photo du haut la fabrique des M-600 telle qu’elle existait jusqu’à vendredi, et sur l’image en noir et blanc du bas, ce qu’il en reste suite à l’opération israélienne, intervenue à 2h30 locales, samedi matin.

 

Afin de faciliter la localisation des bâtiments, nous les avons numérotés aux mêmes endroits sur les deux images.

 

La photo "Avant" ainsi que les deux photos précédentes de l’article font partie de la même image exploitée à des échelles différentes. La localisation géographique de l’objectif a été réalisée par la Ména sur la base de clichés pris par ISI, Imagesat International. Le cliché exceptionnel "Après" a été pris par ISI samedi après le raid.

 

On observe qu’on est en présence de frappes dites chirurgicales ; d’une part, parce que les bâtiments voisins n’ont pas été touchés, et parce que tous les bâtiments de la fabrique ont été détruits. Chacun a été spécifiquement anéanti par un ou plusieurs missiles. Cette constatation disqualifie les affirmations de SANA, reprises par l’AFP et par Sputnik [l’agence de presse et d’intoxication officielle russe qui remplace Novosti] selon lesquelles la défense aérienne syrienne serait parvenue à abattre certains des missiles israéliens. Si cela avait effectivement été le cas, certains des bâtiments constituant la fabrique de missiles auraient logiquement été épargnés.

 

Il n’est pas non plus possible qu’un ou deux missiles aient fait le "travail" à eux seuls, et ce, pour deux raison : la surface au sol sur laquelle les bâtiments de la fabrique ont été érigés mesure l’équivalent d’une longueur de terrain de football par une longueur de terrain de football. Or il n’existe pas de missiles aéroportés à disposition d’Israël capables d’éradiquer une aire aussi conséquente à l’aide d’un ou deux projectiles uniquement. Deuxièmement, une frappe non chirurgicale aurait laissé un impact au sol très différent de celui relevé par l’image d’ISI.

 

Autre observation : le raid sur la fabrique de missiles a fait des victimes, mais l’essentiel des morts et des blessés a été causé par le bombardement de l’ ""école"" et de ses occupants qui y apprenaient à assassiner des Israéliens.

 

Enfin, nous ignorons le nombre exact de cibles visées par le raid hébreu de la nuit de vendredi à samedi. Nous tenons pour absolument établi que les deux objectifs décrits dans cet article ont été visés et démolis. Il nous semble qu’une troisième cible a été touchée, probablement des nids d’armes antiaériennes, mais nous n’en avons pas encore confirmation. Non plus que pour deux autres, annoncées comme ayant fait partie du raid par des sources d’information appartenant à l’opposition syrienne.

 

Ce qui est certain est que la dépêche de l’AFP concernant l’opération attribuée à Tsahal et qui est exclusivement constituée de citations de l’agence propagande de Bashar al Assad SANA et de l’OSDH une organisation amatrice financée par le Qatar et opérant à partir de Coventry, à 3 600km de Masyaf, est exempte d’informations factuelles concernant l’évènement qu’elle est censée couvrir. En dehors du fait qu’il y a effectivement eu un raid attribué à l’Aviation israélienne, tout le contenu de cette dépêche est inepte, erroné et destiné à la désinformation et à la propagande.

 

Les consommateurs de ce type de dépêche, et partant ceux qui se nourrissent des informations tirées de la quasi-entièreté des media francophones qui effectuent des copier-coller des dépêches de l’AFP, n’ont pas accès aux informations réelles telles que celles contenues dans notre article.

 

Ils ignorent ainsi quels ont été les objectifs réellement visés, leur degré de destruction, ce qu’on y faisait, à quoi les victimes s’afféraient, pour quels objectifs ils s’entraînaient ainsi que le bilan des morts. Ils n’ont pas accès à la documentation existante, aux cartes ni aux photographies simples et comparées des cibles et de leur état après le raid.

 

Les sources israéliennes indépendantes qui ont démontré leur fiabilité à des centaines de reprises sont systématiquement ignorées par l’agence d’information officielle de l’Etat français. On peut légitimement s’interroger relativement à ce choix éditorial : l’AFP entend-elle user de sa position de quasi-monopole afin d’exagérer l’exposition du narratif des partisans des régimes syrien, iranien et du Hezbollah ? Dans quel dessein ? L’agence française se propose-t-elle d’empêcher la vraie information relative aux évènements du Proche-Orient de parvenir au public francophone ? Serait-ce pour l’empêcher de se former une opinion réaliste basée sur les considérants démontrables de ces confrontations ? Ou enfin, l’AFP et l’Etat français trouvent-ils un quelconque intérêt à dissimuler les succès militaires des forces israéliennes, de même que les mobiles spécifiques de leurs interventions ? Quoi qu’il en soit, la simple énumération des graves questions quant à ces pratiques en porte-à-faux avec l’ontologie journalistique a de quoi susciter l’inquiétude. Particulièrement pendant une période durant laquelle l’antisémitisme est en croissance incontrôlée dans l’Hexagone et que le gouvernement tricolore déclare qu’il existe une urgence à le combattre. La déclaration politique et la gestion de l’information du gouvernement français ne seraient-elles pas contradictoires ?

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