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Presse arabe : Arabes et Palestiniens doivent cesser de rejeter toute proposition de règlement du conflit avec Israël

Dans le contexte de la reconnaissance par le président américain Trump, le 25 mars 2019, de la souveraineté d’Israël sur le Golan, et du 40e anniversaire des accords de paix entre Israël et l’Égypte, la presse arabe, et notamment égyptienne, a publié des articles critiquant la gestion par les Arabes et les Palestiniens du conflit avec Israël. Ces auteurs ont souligné que l’attitude du « tout ou rien » à l’égard du conflit, qui a mené les Arabes et les Palestiniens à rejeter toute solution, a causé une érosion constante des propositions qui leur présentées, tout en permettant à Israël de consolider son contrôle des territoires occupés. Ils ont ajouté que la reconnaissance par les Etats-Unis de la souveraineté israélienne sur le Golan a prouvé la sagesse de la décision du président de l’Egypte d’alors, Anouar Sadate, de faire la paix avec Israël et de regagner ainsi le Sinaï, contrairement à la folie des opposants à la paix, dont l’obstination a laissé le Golan et Jérusalem aux mains d’Israël. Extraits :

Dans une tentative de tout obtenir, nous avons rejeté de bonnes propositions – nous devons réévaluer notre approche

Ahmad Al-Tawwab, éditorialiste du quotidien égyptien gouvernemental Al-Ahram, a critiqué les Arabes et les Palestiniens pour avoir rejeté toute proposition de solution au conflit avec Israël, abusés par la croyance qu’en campant sur leur position, ils finiraient par obtenir le meilleur accord possible. Il a écrit :

Nous devons réévaluer la croyance bizarre qui prévaut depuis de nombreuses années parmi de nombreux hommes politiques et intellectuels arabes, en particulier palestiniens. [Je parle de la croyance] que le temps joue nécessairement en notre faveur ; que, malgré la puissance d’Israël et le succès de l’entreprise sioniste, le cours naturel des événements conduira finalement à la réalisation de toutes les exigences nationales des Palestiniens, et que la fin d’Israël est une fatalité, parce qu’il est un corps étranger [dans la région], etc. Cette conception est une des raisons pour lesquelles les Palestiniens maintes fois manqué les occasions [de résoudre le conflit], sous prétexte que [les solutions proposées] ne répondaient pas à leurs aspirations, et croyant que l’avenir amènerait de meilleures opportunités, voire éliminerait entièrement le problème.

Mais même si des occasions ont été manquées et que des meilleures alternatives ne se sont pas présentées, et même si chaque solution proposée par la suite était pire que la précédente – et le contraste entre les récentes propositions et celles de la fin des années 1940 en est une [preuve] suffisante – la plupart des [Arabes] ont continué, et continuent de compter sur l’avenir, tout en attaquant quiconque pense différemment, qu’ils traitent tantôt d’« idiot », tantôt de « traître ». Cette [attitude] a fait taire ceux qui avaient mis en garde, il y a plusieurs décennies, que l’histoire [indique] que les droits ne suffisent pas à garantir la justice pour les opprimés…

Les intellectuels ont un devoir d’entreprendre une réévaluation approfondie de toute cette question, en particulier après les deux récents coups durs assénés par [le président américain Donald] Trump : le déménagement de l’ambassade des Etats-Unis à Jérusalem et la reconnaissance de l’annexion par Israël du Golan, occupé depuis 1967. En outre, nous pouvons nous attendre à des coups supplémentaires, dont certains dépasseront tout ce qu’on peut imaginer. [1]

Le membre du Fatah et ancien ministre de l’Autorité palestinienne (AP) Nabil Amr a fait des déclarations similaires dans son éditorial publié dans le quotidien saoudien basé à Londres Al-Sharq Al-Awsat. Il a écrit :

Sept décennies après le rejet par les Arabes et les Palestiniens du Plan de partition de [1947], la question est de savoir s’ils ont eu raison ou tort. Les réponses sont diverses. Ceux qui sont en faveur du « tout ou rien » pensent encore que rejeter [le plan] était la bonne décision. Mais ceux qui croient aux accords et au principe de « sauver ce qui peut être sauvé » considèrent cela comme une erreur amère, qui a entraîné des pertes et zéro gain. Le passé est passé, et en parler ne le changera pas, mais cela peut [nous] aider à prendre la bonne décision à l’avenir. La meilleure preuve que les opposants [au Plan de partition] avaient tort est qu’aujourd’hui, [les Palestiniens] demandent moins d’un quart [du territoire] qu’ils ont rejeté à l’époque, et qu’il n’y a aucune garantie qu’ils obtiennent même ce territoire restreint… [2]

La décision de Trump sur le Golan prouve que Sadate a eu raison de faire la paix

Plusieurs éditorialistes de la presse égyptienne ont écrit que la reconnaissance par Trump de la souveraineté d’Israël sur le Golan a prouvé que le président de l’Egypte d’alors, Anouar Sadate, avait eu raison de s’opposer au consensus arabe et de signer les accords de paix avec Israël. Dans le cas contraire, disent-ils, Israël aurait conservé le Sinaï et Trump aurait également reconnu sa souveraineté à son égard.

L’auteur et journaliste égyptien Salah Montasser a écrit dans son éditorial du quotidien gouvernemental Al-Ahram : Lorsque Anouar Sadate a senti, fin 1977, que les effets de la guerre de [1973] se dissipaient, il a initié l’accord de paix avec Israël. Avant d’effectuer sa visite historique à Jérusalem, il s’est rendu à Damas et a proposé au président [d’alors] Hafez Assad de se joindre à lui pour faire la paix, tout comme il s’était joint à lui pour faire la guerre. Mais Hafez Assad, tout comme le [président irakien] Saddam [Hussein], [le chef de l’OLP Yasser] Arafat, et le [président libyen Mouammar [Qaddafi] ont attaqué l’initiative de Sadate, et il a dû choisir entre apaiser les réfractaires arabes ou poursuivre seul. A l’époque, l’Égypte était accusée de s’exclure du conflit arabo-israélien, et ces accusations sont entendues jusqu’à ce jour… comme si les Arabes étaient condamnés à mener une guerre sans fin, et qu’ils ne pouvaient saisir l’occasion [d’y mettre fin], [occasion apparue] avant qu’Israël ne construise des colonies dans les territoires occupés et ne réalise tous les changements survenus [par la suite].

Nous ne pouvons qu’imaginer ce qui serait arrivé si l’Égypte ne s’était pas exclue du conflit israélo-arabe et si le Sinaï était demeuré aux mains d’Israël. [Dans ce cas], l’Égypte aurait été à la merci d’Israël et des Etats-Unis, qui auraient pu transférer certaines parties [de celle-ci] aux Palestiniens, et peut-être Trump aurait-il accordé à Israël la souveraineté sur [le Sinaï]… [3]

Dr Gamal Abd Al-Gawwad, chercheur au Centre Al-Ahram d’études politiques et stratégiques et maître de conférences en sciences politiques à l’université du Caire, a écrit dans Al-Ahram :

Défendant cette décision inhabituelle [de reconnaître la souveraineté d’Israël sur le Golan, Trump] a déclaré qu’il n’avait fait que ratifier la réalité existante, en référence au fait que le Golan était occupé par Israël depuis plus de 50 ans… Il y a moins de deux ans, le président américain avait invoqué une réalité similaire pour déclarer la Jérusalem occupée capitale d’Israël. Le destin du Sinaï égyptien aurait pu être similaire à celui de Jérusalem et du Golan, si l’Égypte avait négligé de le libérer par une combinaison de guerre et de paix – la guerre d’Octobre 1973 et les accords de paix Égypte-Israël, dont nous célébrons l’anniversaire ces jours-ci…

Sadate devait saisir l’occasion et profiter des résultats de la guerre d’Octobre pour libérer tout le Sinaï, et c’est pourquoi il a initié le [processus de paix] dès novembre 1979… L’occupation du Sinaï en 1967 était un coup dur pour l’Égypte, de même que la réconciliation avec son ennemi historique en 1979. Les Egyptiens étaient tiraillés entre le désir de libérer le pays [d’une part] et leur solidarité envers les Palestiniens et le reste du monde arabe et leur réticence à se réconcilier avec ceux qui avaient occupé la terre et versé du sang [de l’autre]…

Le conflit israélo-arabe est le conflit le plus complexe de notre époque. Il est chargé émotionnellement et idéologiquement, et porte les deux parties à considérer la paix comme non moins humiliante et honteuse que la défaite militaire. C’est pourquoi le Moyen-Orient reste depuis longtemps dans un état de ni guerre ni paix. Béni soit le président Sadate, qui a eu le courage de sauver l’Égypte du destin malheureux dans lequel d’autres pays de la région sont encore piégés. [4]

Nashwa Al-Hofi, éditorialiste du quotidien égyptien Al-Watan, a écrit :

Sadate… a remporté une victoire pour mon pays qui lui a rendu [son] honneur, humilié Israël et mis fin à son arrogance… Il a repris le Sinaï, alors que les autres territoires arabes que nous réclamons actuellement n’ont pas été récupérés. Il a récupéré ce territoire grâce à son intelligence… Il a triomphé des gratte-papier qui ne font qu’être assis dans leurs bureaux à air conditionné et rejeter [chaque proposition] par ignorance, narcissisme ou manque de vision. Il a combattu avec calme et patience, en insistant pour que le drapeau de l’Égypte flotte sur tout son territoire…

[Aujourd’hui], nous marquons l’anniversaire de l’accord par lequel nous avons brandi le slogan de la paix avec [Israël], dont nous savons qu’il était un ennemi et qu’il restera un ennemi, alors que le Golan est toujours occupé par les armes et les colonies [de l’ennemi]… [5]

[1] Al-Ahram (Égypte), 25 mars 2019.

[2] Al-Sharq Al-Awsat (Londres), 30 mars 2019.

[3] Al-Ahram (Égypte), 1er avril 2019.

[4] Al-Ahram (Égypte), 28 mars 2019.

[5] Al-Watan (Égypte), 24 mars 2019.

 

MEMRI

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