Bayt Dakira planche sur la singularité du droit hébraïque dans le droit marocain
André Azoulay : La liberté n’est légitime que lorsqu’elle est partagée par tout le monde
Grande mobilisation autour du projet culturel et civilisationnel de « Bayt Dakira » auquel la récente visite Royale a insufflé une nouvelle dynamique.
Dans ce cadre, la quatrième rencontre scientifique du Centre des études et de recherches sur le droit hébraïque au Maroc a été tenue samedi dernier sous le thème « Quand le Maroc donne du sens à sa diversité : la singularité du droit hébraïque dans le droit national ».
André Azoulay, conseiller de S.M le Roi et président fondateur de l’Association Essaouira Mogador, Abdellah Ouzitane , président fondateur du Centre Abraham Zagouri des études et de recherches sur le droit hébraïque au Maroc, Farid El Bacha, président exécutif dudit Centre, Miloud Loukili, Ahmed Driouech et Anass Serghini, professeurs à l’Université Mohammed V de Rabat, Léon Buskens, professeur à l’université de Leyde aux Pays-Bas, Baudouin Dupret, professeur et directeur de recherches en sciences politiques à Bordeaux, David Ouanounou, médecin et expert en interprétation juridique du droit hébraïque et El Mustapha Aouine, professeur à l’Université de Fès, ont pris part à cette journée scientifique qui marque la transition de la phase de sensibilisation au droit hébraïque vers la phase de l’analyse et des études académiques.
En l’occasion, André Azoulay a retracé avec beaucoup d’émotion les moments et les messages forts de la visite Royale à « Bayt Dakira ». Une visite qui, selon lui, a eu un impact, couvertures médiatiques à l’appui, sans précédent dans le monde entier.
Fier de son ADN marocain, berbère, arabe et juif, il a mis en relief la réalité marocaine nourrie, fondée et portée par la singularité culturelle du Royaume.
« La liberté n’est légitime que lorsqu’elle est partagée par tout le monde » a-t-il tenu à préciser en se félicitant de la mission phare de « Bayt Dakira » comme lieu de partage, de débats, et d’écoute profonde.
« Incompréhensions et malentendus ne furent jamais que superficiels. Espérons que l’histoire fera son juste retour aux sources. Car, en grattant, on va jusqu’à découvrir de la liberté et de l’amitié », une citation de Haim Zafrani reprise par Abdellah Ouzitane lors de son allocution qui a mis en relief la dimension particulière de la quatrième rencontre scientifique du Centre qui intervient après la très significative visite Royale.
« Cette matinée scelle la forte impulsion donnée ici à Bayt Dakira par Sa Majesté le Roi il y a quelques jours. C’est un rendez-vous que l’histoire nous offre, celui où aucune sensibilité n’est exclue. Au contraire, cette réalité de diversité se nourrit d’un savoir et d’un héritage culturel extraordinaire illustrant parfaitement le sentiment d’appartenance à des valeurs communes constituant un marqueur de l’identité marocaine », a-t-il tenu à préciser.
Soulignant l'importance de la notion de droit associé aux études sur la place des juridictions rabbiniques au Maroc, il a aussi mis en avant le caractère "imprescriptible et universel" des valeurs de justice, de dignité et de liberté qui "ne connaissent ni frontières, ni religions et qui se conjuguent de la même façon et avec les mêmes exigences pour tous".
"Ce message, profondément marocain, qui est celui de l'ADN de Bayt Dakira, nous dit qu'il faut d'abord accepter le débat contradictoire et ne pas déroger à l'universalité et aux fondements de toutes ces valeurs", a soutenu le conseiller de S.M le Roi.
Il a, en outre, tenu à saluer la mise en chantier du projet de l'Institut "INSANIA", initié avec le concours du département Histoire et sociologie de l'Université de Bordeaux, affirmant que ce projet a vocation à travailler dans le cadre des travaux sur les humanités avancées en partenariat avec les réseaux européens et africains déjà actifs dans cette discipline.
Pour sa part, Farid El Bacha, président exécutif du Centre des études et de recherches sur le droit hébraïque au Maroc, a mis en avant la particularité de cette quatrième rencontre scientifique qui marque la transition du stade de sensibilisation au droit hébraïque vers la phase de l’analyse et des études académiques de cette composante juridique marocaine. Une quatrième rencontre au goût de la reconnaissance puisqu’elle rend un fervent hommage à Maxime Azoulay (Droit administratif), Abraham Zagouri (Droit hébraïque) et Haim Zefrani (Recherches sur l’histoire Islam-Judaïsme).
Le troisième moment fort de cette quatrième rencontre scientifique est incontestablement le lancement de l’Institut INSANIA pour les humanités avancées au Maroc. Un nouveau-né à Essaouira qui confirme la centralité du Maroc, et particulièrement de Mogador, comme lieu de rayonnement et de promotion des valeurs de cohabitation et de diversité.
D’après Baudouin Dupret, vice-président de l’Institut INSANIA, cette nouvelle pierre vient s’ajouter à l’édifice du projet culturel de « Bayt Dakira » qui se place au carrefour d’affluents culturels, religieux et historiques multiples et qui ambitionne de mener une politique de développement et de diffusion des sciences humaines et sociales plaçant l’humanisme et sa diversité au cœur des préoccupations.
A travers l’accueil de résidents, la mise en place de séminaires en résidence et l’organisation de journées internationales, l’Institut INSANIA a pour ambition de contribuer à l’étude et à la connaissance de l’humain dans ses dimensions culturelles et sociales, et en relation avec son environnement, dans son unité et sa pluralité.
Selon Abdellah Ouzitane, président fondateur dudit institut, cinq directions se dessinent tout particulièrement : l’anthropologie, le patrimoine, le droit, le développement, et les humanités numériques.
En déplaçant les recherches sur l’universalisme humain hors de l’Occident, INSANIA souhaite échapper aux impasses de l’ethnocentrisme tout en renouvelant la réflexion sur ce que l’humanité a en partage, qu’il s’agisse des trajectoires de son histoire et de son développement ou des dynamiques de ses normes et valeurs.