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Le secret le mieux gardé de Toscane

Emmanuel Martinez - Agence QMI
 

Avec ses paysages ondulés, parsemée d’oliviers et de vignes, la campagne du sud de la Toscane est un endroit où on croise plus de moutons que de touristes. Ce coin de pays offre exactement ce qu’on s’imagine de la Toscane: tradition, calme et savoir-vivre.

Environ à mi-chemin entre Florence et Rome, et à mille lieues de la folie touristique de ces deux villes, le village de Pitigliano est l’un des joyaux de cette contrée. Montée sur un immense promontoire de tuf, Pitigliano est spectaculaire lorsqu’on l’aperçoit pour la première fois au loin. Les rues et les places du vieux Pitigliano sont compactes, mais comme le secteur est en forme de pointe, il est impossible de se perdre… à moins de tomber de la falaise!

On la surnomme «La petite Jérusalem», en raison de l’importante communauté juive qui y avait trouvé refuge à partir du 15e siècle. En déclin depuis le 19e siècle, les juifs de Pitigliano sont définitivement partis avec les persécutions du régime fasciste de Mussolini.

Une partie du «ghetto», le quartier juif, est sculptée à même le roc. Il est fascinant de visiter un ancien mikvé, un bain rituel creusé dans le roc utilisé lors des cérémonies de purification. Il est situé sous la jolie synagogue datant de 1598. Endommagée lors de la Deuxième Guerre mondiale, cette dernière a été complètement restaurée dernièrement.

La visite souterraine du ghetto permet aussi de découvrir l’emplacement d’une ancienne boucherie cachère, d’un cellier ainsi que d’un four servant à préparer le pain azyme, un pain sans levure qui est au centre des rituels de la Pâque juive.

Après votre ballade, rendez-vous sur une terrasse de la Piazza della Republica ou de la Piazza Petruccioli. Buvez un vin du pays, laissez-vous bercer par les gazouillements des hirondelles et, en fin de journée, regardez les gens du village fraterniser lors de la «passeggiata», cette tradition se perdant un peu en ville, qui consiste à faire une balade afin de saluer la famille ou des amis.

Au pays des Étrusques

Les environs de Pitigliano sont tapissés de «vie cave», de fascinants chemins taillés dans le roc par les Étrusques, un peuple qui a dominé le centre de la péninsule italienne du 9e siècle avant Jésus-Christ jusqu’à son assimilation complète par les Romains vers le 1er siècle avant Jésus-Christ.

Ces chemins, vieux d’environ 2500 ans, auraient été construits pour pouvoir se déplacer discrètement d’un village à l’autre en cas d’attaque ou pour des motifs religieux afin accéder aux sites funéraires. Les experts ne s’entendent toutefois pas à ce sujet.

De faciles randonnées pédestres dans ces sentiers sont à la fois une façon de découvrir des ruines ou des grottes de cette grande civilisation européenne, mais aussi d’enjamber des ruisseaux, de jouir de la campagne et de pique-niquer en paix. Et puisque les «vie cave» sont taillés dans le roc, parfois jusqu’à une profondeur de 15 mètres, ils sont souvent protégés du soleil, et donc de la chaleur, ce qui est parfait en été!

Le bureau d’information touristique de Pitigliano offre une carte détaillée des «vie cave» de la région qui sont tous gratuits.

Par l’un de ces sentiers, on peut se rendre au charmant village de Sovana qui se trouve à 8 km. C’est le genre d’endroit où le temps s’est figé. Les petites maisons en pierre sont blotties les unes contre les autres sur des rues de pavés dénuées de circulation automobile. Plusieurs restaurants offrent des produits régionaux typiques comme du sanglier ou des «pici», des pâtes roulées à la main ressemblant à de gros spaghettis.

À la mer!

Pour un peu d’air marin, la côte méditerranéenne se trouve à une cinquantaine de kilomètres. C’est sur le bord de la mer qu’on retrouve le parc régional de la Maremme, une des seules zones côtières intactes du littoral italien.

Le mont Dell’Uccellina est le roi de cette contrée. Il est recouvert d'arbres, dont des pins et de très vieux oliviers. Une randonnée pédestre sans ascension abrupte permet d’admirer des paysages marins magnifiques du sommet. Durant cette excursion d’environ 4 h avec pause, on peut aussi d’explorer des sites archéologiques étrusques et romains, tout comme d'autres de la période médiévale, comme l'Abbaye de San Rabano.

Des excursions à cheval sont aussi possibles. Renseignez-vous à ce sujet à l’entrée du parc à Alberese. Il y a de très belles plages à l’intérieur et au nord du Parc régional de la Maremme, ainsi qu’au sud d’Orbetello. Par contre, on ne peut s’y baigner qu’en été parce que sinon l’eau est trop froide.

Pour changer d’atmosphère, rien de mieux que de se plonger dans la folie des grandeurs du «Giardino dei Tarocchi» (Le jardin du tarot), au sud, tout juste avant la région du Latium. Ouvert d’avril à la mi-octobre, ce parc regroupe en plein air d’immenses sculptures représentant les figures du tarot de l’artiste franco-américaine, Niki de Saint Phalle (1930-2002). Ses œuvres de couleurs vives, aux lignes arrondies, ont été fortement influencées par Gaudi. C’est le genre de lieu qui plaît à tous, même aux enfants.

Aux eaux!

Le sud de la Toscane est doté de plusieurs sources d’eau sulfureuse. Le village de Saturnia est reconnu pour ses eaux thermales. Vous pouvez vous prélasser aux «Terme di Saturnia» pour une trentaine de dollars, mais une option beaucoup plus économique, et franchement plus sympathique s’offre à vous tout près. Faites comme les résidants, et de nombreux touristes, et allez au pied d’une cascade haute de près de 10 mètres. Cette eau ayant une température constante d’environ 37 degrés a créé plusieurs vasques naturelles peu profondes où on peut s’y prélasser. Pas commercial, cet endroit est vraiment charmant.

Pour s’y rendre, il suffit d’ouvrir bien grand ses narines pour repérer cette légère odeur d’œufs pourris et d’ouvrir bien grands les yeux à la recherche d’autos stationnées le long de la route principale. Le matin ou la fin de journée sont les meilleurs moments pour plus de tranquillité. À quelques kilomètres de Saturnia, le village médiéval de Montemerano trône sur les environs. Comme ailleurs dans la région, la pierre domine et les rues sont étroites. La charmante église de San Giorgio abrite des fresques datant du 15e siècle.

De ce bourg, on domine cette magnifique campagne qui semble ne pas avoir pas changé depuis quelques centaines d’années. Le territoire est divisé en petites parcelles par des ronces ou des murets; des maisons et des étables de pierre faites à la main résistent au temps; et les troupeaux moutons nous rappellent qu’ils sont ici chez eux. Devant ce paysage que les cartes postales ne sauront jamais capter, un verre de vin «santo» dans une main et des «cantalucci» (biscuits secs aux amandes) dans l’autre, voilà la Toscane à la hauteur de sa réputation.

Choisir l'agritourisme

En parcourant le sud de la Toscane, on a l’impression que chaque ferme est un «agriturismo», un endroit où des chambres ou des appartements sont loués à des voyageurs. Ces endroits sont souvent l’une des meilleures façons de sentir — dans tous les sens du mot! — la Toscane. Le propriétaire des lieux doit absolument pratiquer l’agriculture pour utiliser l’appellation «agriturismo».Il en existe des centaines en Toscane. Certaines exigent un minimum de deux nuits, parfois cela va même jusqu’à une semaine.

Plusieurs «agriturismo» offrent des ballades à cheval, vendent de l’huile d’olive ou du vin, tandis que d’autres donnent même des cours de cuisine, de quoi mêler l’utile à l’agréable! Plusieurs sont fermées l’hiver, durant la basse saison.

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Quelques questions pratiques

Quel est le meilleur moment pour y aller?

Le printemps avec ses arbres en fleur et l’automne avec les vendanges sont les meilleures saisons pour visiter la Toscane. La température demeure très agréable. L’hébergement est moins dispendieux et il y a plus de choix.

Est-ce loin des grands centres?

En auto, le sud de la Toscane se trouve à deux heures de Rome. Florence se trouve à environ 200km au nord.

Faut-il louer une auto?

Pour voir la campagne et les villages, il faut un véhicule. La location d’une petite auto est le choix le plus judicieux. La location sera moins chère, tout comme la consommation d’essence, et la conduite plus facile dans les nombreuses petites rues.

La location d’une auto est souvent avantageuse si elle est faite avec l’achat de votre billet d’avion. Les grandes compagnies de location (Hertz, Budget, etc.) sont présentes en Italie, donc comparez les prix sur internet et avec votre agent de voyage avant de partir. On peut louer un petit véhicule pour aussi peu que 225$ pour une semaine, incluant l’assurance collision, au printemps. Les prix varient toutefois selon la saison et les compagnies.

Combien pour se nourrir?

Plusieurs restaurants offrent des pâtes (qui sont servies en entrée en Italie) pour aussi peu que 7$. Et dans certains établissements, les portions de pâtes équivalent à un plat principal.

Les plats de viande ou de poisson se détaillent à au moins 12$. Les légumes sont commandés séparément pour environ 5$ et plus.

Les délicieuses pizzas à croûte mince se vendent généralement entre 9$ et 15$ dans les restos. La bonne nouvelle, c’est que les taxes et le service sont inclus dans les prix, mais il faut souvent payer quelques dollars pour le couvert.

Et pour se loger?

On peut trouver des chambres dans des gîtes ruraux pour environ 40 $ par personne. Certaines chambres seront dotées de cuisine, ce qui vous fera économiser en repas.