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Cataclysmes au Japon, signes de l’apocalypse ?

Cataclysmes au Japon, signes de l'apocalypse ?  

Propos recueillis par Matthieu Mégevand

"Apocalypse". Le terme est désormais lâché pour décrire les catastrophes en chaîne qui touchent le Japon. Tremblement de terre, tsunami, accident nucléaire, autant de calamités qui peuvent être interprétées par certains fondamentalistes comme des signes annonciateurs de la fin des temps. Mais que disent réellement les textes, et en particulier la Bible, sur le sujet? Comment les autres cultures abordent-elles le problème de la fin du monde? Questions à Frédéric Lenoir.

La ville de Watari, au Japon, après le séisme et le tsunami dévastateur du vendredi 11 mars. © JIJI PRESS / AFP

Quels sont les textes dans le Nouveau Testament qui évoquent la fin des temps?

Il y a d’une part les Evangiles synopstiques de Marc, Matthieu et Luc, dans lesquels Jésus évoque la fin du monde, en disant qu’il reviendra sur terre après sa mort et sa Résurrection et que cette venue sera précédée par toute une série de catastrophes. Et puis il y a le livre de l’Apocalypse, attribué à Jean, et qui lui aussi annonce une suite d’événements catastrophiques avant le retour de Jésus.

Quels signes particuliers annoncent l’Apocalypse?

On peut regrouper ces signes selon trois grands types de calamités: d’une part des cataclysmes naturels, d’autre part des guerres entre les nations, et enfin des maladies mortelles qui se répandent sur toute la terre. Evidemment, depuis toujours, chaque catastrophe naturelle ou chaque événement faisant penser aux éléments de la Bible ont été interprétés par certains comme autant de signes annonciateurs. Aujourd’hui, des fondamentalistes chrétiens considèrent par exemple le sida comme une des épidémies décrite dans l’Apocalypse. Pourtant, dès le Ve siècle, Saint Augustin, qui en avait assez d’entendre les gens prédire la fin du monde après chaque catastrophe naturelle, avait expliqué que lorsque Jésus reviendrait, les signes seraient autrement plus importants que ce à quoi on a l’habitude, et qu’il ne fallait plus interpréter le moindre événement hors du commun comme un signe de la fin des temps.

Que signifie la fin des temps selon la théologie chrétienne?

Du point de vue chrétien - et d’ailleurs également du point de vue juif et musulman -, Dieu a créé le monde à un moment donné, ex-nihilo, et le temps a débuté avec cette création. L’espace et le temps sont donc deux catégories liées. Et puis, à un moment donné, Dieu décidera d’arrêter le temps. De la même manière que sa volonté a voulu la création, de même elle souhaitera la fin des temps. La spécificité des Evangiles réside dans le retour de Jésus à la fin du monde comme juge des vivants et des morts. Et c’est juste avant ce retour qu’apparaitront les cataclysmes évoqués, entre autre, dans l’Apocalypse.

Comment les autres cultures ou religions abordent-elles ce problème de la fin du monde?

En fait, on peut différencier deux types de fins : il y a la fin selon les trois monothéistes, qui est linéaire, Dieu créé le monde et à un certain moment il décide de le détruire ou de le transformer radicalement. Et puis il y a la fin telle qu’elle est abordée par toutes les autres cultures ou presque (bouddhisme, hindouisme, chamanisme, mayas) et qui ne relient pas la fin du monde à la volonté d’un Dieu créateur, mais qui la considèrent plutôt comme quelque chose de cyclique. Selon cette idée, le monde est constitué d’une suite de cycles qui se renouvellent en permanence, et la fin du monde correspond seulement à la fin d’un cycle qui laissera sa place au suivant. C’est en fait à chaque fois une suite de développements, de croissance, d’apothéose, de dégénérescence et de destruction. Les Hindous, par exemple, considèrent que l’on passe de l’âge de bronze à l’âge d’argent, puis à l’âge d’or avant de retomber à l’âge de fer, le Kali Yuga (qui coïncide avec une société uniquement préoccupée par l’argent, le matériel, loin de tout désir spirituel). Il y a dans les deux visions la même idée de cataclysmes qui précèdent une fin, avec des catastrophes naturelles, des guerres. Simplement, les religions monothéistes considèrent cette fin comme définitive tandis que les autres cultures la voient comme la dernière étape d’un cycle avant la naissance d’un autre cycle.

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