Il était une fois... le Haggadah de Sarajevo
Le destin très mouvemente de "Haggadah de Sarajevo", dont les origines remontent au Moyen âge, continue comme un conte ancien. Le livre d'une valeur inestimable est un manuscrit enluminé, écrit en hébreu et représente un des plus importants témoignages de l'art juif de l'enluminure, de l'époque classique. Haggadah est actuellement conserve au Musée National de Bosnie-Herzegovine qui a récemment, fermé ses portes.
Peu exposé, seulement quatre jours par an, Haggadah, ce qui signifie "récit" en hébreu, est soumise a un régime particulier de conservation, sous une piramyde de verre. Actuellement seulement deux gardiens sont encore au Musée et les Sarajeviens se demandent, comment mieux protéger et assurer leur livre, le véritable joyau du patrimoine national et mondial.
Des oeuvres du niveau des chefs d'oeuvre d'Heinrich Aurhaym
"La Communauté juive" de Bosnie ne réagit pas, puisque Haggadah est la propriété du Musée National et en charge de l'état . Après une curieuse et particulière initiative de la part de MOMA, qui envisage de l'exposer à NYC au printemps prochain, en attendant la résolution d'une éventuelle ouverture du Musée, dont des autorités refusent chaque contact avec les médias, Haggadah de Sarajevo est encore une fois le sujet depolémiques et des discussions interminables, une particularité des Slaves du sud-est européen. Selon Elie Tauber, un des membres le plus actifs de la "Communauté juive", les autorités attendent la décision politique concernant la responsabilité du Musée. Monsieur Tauber a aussi critiqué l'attitude des responsables qui gardent le précieux récit dans une vitrine, au lieu de le montrer tous les jours au public, ce qui est devenu impossible.
Selon les récentes découvertes, le fameux codex hébraïque, connu sous le nom Haggadah de Sarajevo", ne date pas de la fin du XIV siècle et n'est pas originaire de Barcelone. Il a été fabriqué sur papier pergament en 1350, dans l'atelier de Rave Moshe Cohen, à Saragosse. Ses riches miniatures, nombreuses illustrations, margines, drapeaux, ornements zoologiques ou figures humaines sont au niveau des chefs d'oeuvre d'Heinrich Aurhaym, des ateliers du grand maître Honoré ou de Jean Pucelle. Haggadah de Sarajevo, possède une ligne particulière de développement d'illumination et suit l'avancement des arts au Moyen âge. Avec interaction entre les éléments de la période romantique et gothique, le peintre a réalisé une nouvelle espèce de l'espace, créant l' atmosphère jamais montré, auparavant.
Voyage avec des exilés
Après 1492, les Juifs chassés de l'Espagne emportent le récit avec eux. Probablement vers l'an 1510, "Haggadah" change le propriétaire, installé en Italie.Elle est proclamé amnistié en 1609 et ne sera pasbrûlé, malgré les indications de la première page, que la terre estovale! Son histoire entre cette période et 1894 n'est pas encore éclaircie. A la fin du XIX siècle elle est déjà à Sarajevo, chez la famille juive Kojen /Cohen/ qui l'a vendue à cause de raisons financières.
Venus après 1565 en ville, comme de milliers familles deSéfarades espagnols, ils ne s'expriment pas trop sur le destin du livre, qui a peut-être été élaboré, dans l'atelier de leur lointain ancêtre Rave Moshe. Le président de la Mairie juive de Sarajevo, Dr.Boris Kozemnjakin se dit, actuellement, très sensibilisé sur le sort incertain du récit, mais ne se confie pas beaucoup. Haggadah selon des Accordsde Dayton est la propriété de l'état et il doit s'occuper d'elle.
Les juifs de Sarajevo ont adressé une demande au Comité qui gère le Musée National, d'envoyer le codex à New York, mais le directeur de l'institution Adnan Busuladzic, a refusé cette possibilité par peur que "Haggadah reste aux États Unies, pour toujours".
En 1941, les troupes allemandes sont entrés à Sarajevo.Un an après, un certain professeur de l'Université Leipzig, en compagnie de général Johan Hans Fortner, voulait prendre déjà célèbre codex. Mais le directeur du Musée, archéologue dr.Jozo Petrovic un catholique, revenu de Belgrade à Sarajevo et musulman Dervis M.Korkut, le commissaire de l'époque, l'ont déjà caché sous le seuil de mosquée d' un village de Bjelasnica, la montagne voisine.
Selon la légende, Haggadah a passé la guerre dans le salon d'imam du village, qui l'a incorporé sous son plancher. Président de la Communauté juive de Sarajevo, Jakob Finci /Jacob Finzi/, raconte une version moins grotesque et plus réelle: "Haggadah est resté dans la Bibliothèque du Musée avec des milliers d'autres livres. Les Allemands ne détruisaient pas les trésors ni les biens. Ils les prenaient. LaBibliothèque était très volumineuse et riche. L'occupateur est venu avec l'idée de rester.Alors ils ont eu du temps. Le précieux livre a été intentionnellement relié dans un carton et avait une apparence très modeste..."
Et en 1994 à Sarajevo courait une rumeur persistante :"Haggadah a été vendue pour acheter les armes, et défendre la ville".Embargo ne permettait pas aux citoyens d'agir et la ville était assiégé depuis longuesmois. Le conseiller du Conseil central de Sarajevo, Ismir Jusko Svabo se rappelle :"Nous étions obligés de l'authencier Haggadah, à la Synagogue. Le livre était gardé dans la Banque centrale et son vol était annoncé. Je l'ai porté avec un homme de la "Communauté juive" dans une caisse.
Nous en étions attachés tous les deux, avec des menottes"!
Une fois les nazis chassés ou pendus, la Haggadah a refait surface pour rejoindre le Musée national
Aujourd'hui se sont les Accords de Dayton, qui menacent le rare et presque unique livre. Les responsables du Musée National ont peur de l'envoyer à New York. Ils ont, encore, refusé la demande de Madrid en 1992, quand la capitale espagnole organisait "Séfarade 92", manifestation qui marquait les 400 ans d'exil des Juifs. La "Communauté juive" de Bosnie ne comprend pas pourquoi et toute la ville suit avec intérêt, l'évolution des événements. Certains proposent de trouver un riche mécène qui achètera le livre, dont la valeur est inestimable, et l'offre aux Juifs locaux. D'autres essaient de deviner les raisons qui ont poussé les responsables du Métropolitain Museum, d'exposer maintenant la Haggada de Sarajevo. Ils ne l'ont jamais demandé, auparavant.
Un professeur de Sarajevo, Emir Imamovic envisage d'éditer le livre sur Haggadah, car il a aussi participé à sa sauvegarde, durant le siège de 1400 jours. Américaine Geraldine Brooks a déjà publié "Le livre de Hanna" sorti en France chez "Belford" et traduit par Anne Rabinovitch, intitulé en anglais "People of the book", souvent confondus avec les "gens du livre", car dans le Coran les Juifs sont désignés comme tels.
Le personnage principal est une bien étrange restauratrice de manuscrits anciens venue d'Australie, a qui fut confié à cause de la guerre fratricide en Bosnie-Herzégovine, une vieille relique, miraculesement sauvé de la Bibliothèque en feu.
Elle l'examine et dans son imagination, rencontre les "gens du livre". Dans "Sarajevo Omnibus" sorti en français chez "Gallimard", l'écrivain bosnien Velibor Colic, citoyen de Bretagne depuis longtemps a raconté l'histoire de son grand père Nikola Barbaric.Celui-ci a vu les Allemands, maltraiter Daud Cohen, supposé de savoir ou se trouve le récit. Cet ancêtre a conclu son histoire, largement imaginaire, avec une phrase discutable :"Les nazis ne s'emparèrent pas de la Haggadah. Prudent, le rabbi l'avait confié a son ami l'imam Korkut, qui la cacha sous le seuil de la Grande Mosquée de Sarajevo.Une fois les nazis chassés ou pendus, la Haggadah refit surface pour rejoindre le Musée national".
À Lévi et Finci, mes amis du Deuxième lycée de Sarajevo.
Djenana Mujadzic
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